Ex-PDG de L’Oréal et diplômé de la Grande École en 1978, Jean-Paul Agon a été nommé président du conseil d’administration d’HEC Paris le 7 avril dernier. Rencontre avec un alumni visionnaire.

Quels souvenirs gardez-vous de vos années sur le campus ?

Jean-Paul Agon : C’était une très belle époque de ma vie. Après des années de prépa très denses, j’avais un sentiment d’euphorie et de libération. Comme je travaillais à mi-temps dans une agence de publicité, je ne vivais pas sur le campus. Les enseignements, très concrets, m’ont réellement préparé à ma vie professionnelle. J’avais choisi l’option finance car c’était la plus prestigieuse, et ça faisait plaisir à mes parents. Heureusement que mon professeur de finance m’a conseillé de m’orienter vers le marketing. C’est bien ce pour quoi j’étais fait. En entrant chez L’Oréal au marketing, j’ai effectivement trouvé le métier de ma vie. Celui qui correspondait exactement à mes talents. En 1975, HEC venait de créer l’option entrepreneur, que j’ai choisie, car elle préparait vraiment les étudiants à réfléchir aux opportunités, à avoir de l’audace, à savoir apprécier la prise de risque et surtout à apprendre à oser. J’aime beaucoup cette définition de l’entreprise où il faut oser en permanence.

Quels sentiments vous inspirent cette nouvelle responsabilité à HEC ?

Jean-Paul Agon : Quand j’ai été nommé président d’HEC Paris, j’ai ressenti de l’enthousiasme, de la joie et une grande fierté. Je ne me serais jamais imaginé devenir président quand j’étais sur les bancs de l’École ! J’ai une affection particulière pour HEC et je suis très heureux de pouvoir contribuer au développement, au rayonnement et à la transformation de l’école, auprès d’Éloïc Peyrache, d’Olivier Sevillia (MBA.90), le président de la Fondation HEC, de Daniel Bernard (H.69), son président d’honneur, d’Adrien Couret (H.07), le président d’HEC Alumni, et de Dominique Restino (E.97), le président de la CCI de Paris Ile-de-France. Le monde change tellement qu’il y a énormément de choses à mettre en place pour adapter l’école.

Quels sont vos objectifs et vos envies pour les années à venir à HEC ?

Jean-Paul Agon : L’École HEC doit être pionnière à l’international dans plusieurs domaines. Un peu comme j’ai tenté de le faire chez L’Oréal, lors de mes quinze années de direction générale, une entreprise leader et exemplaire dans son secteur. Je pense que HEC doit avoir la même ambition. Je vais faire le tour de tous les acteurs de l’école – professeurs, responsables des programmes d’éducation, acteurs clés du campus, et étudiants – pour définir avec eux les différents objectifs. Nous sommes à un moment charnière du monde, et l’école doit être à la pointe. Préparer un jeune au monde d’aujourd’hui et à celui de demain, c’est être en avance sur les sujets sociétaux comme l’environnement, la diversité, l’inclusion. En parallèle, il faut penser à une manière hybride de transmettre l’éducation. Le Covid et le saut technologique font cohabiter présentiel et distanciel, voire virtuel. Et je crois aussi beaucoup aux doubles formations, à l’instar d’Hi ! Paris, un centre interdisciplinaire créé par HEC et l’Institut polytechnique de Paris. Le monde a changé et il reste énormément de choses à inventer pour demain. Comme on dit en anglais, « You should leave no stone unturned » [,NDLR : il ne faut négliger aucune possibilité]. Pour imaginer le monde de demain, il faut tout réinventer en s’appuyant sur les grandes forces d’HEC. Avec Éloïc Peyrache, nous avons énormément d’idées pour transformer l’école.

Vous dites que le rôle de l’École est de précéder l’évolution du monde.

Jean-Paul Agon : Absolument ! Il faut que l’école soit le phare qui éclaire la transformation du monde. On doit éclairer les chemins. La bourse HEC Imagine Fellows, créée grâce à l’engagement d’Adrien Nussenbaum (H.01) avec la Fondation HEC, va tout à fait dans ce sens : elle finance les études à HEC Paris d’étudiants issus de pays en conflit. C’est une idée remarquable et, malheureusement, d’actualité. Cette initiative est emblématique du nouvel HEC, de cette école ancrée dans le monde à travers des sujets sociaux et sociétaux. Ce genre d’audace solidaire peut être imaginée dans beaucoup de domaines.

Y a-t-il des alumni qui ont éclairé votre chemin professionnel ?

Jean-Paul Agon : Ce qui est formidable, c’est qu’il y a des HEC dans la finance bien sûr mais aussi dans la culture, la politique, la religion ou le sport. Cette communauté forte de 68 000 personnes est très éclectique. Une des forces de cette école est d’attirer des profils très différents sans les cloner ni les formater. J’ai rencontré de très nombreux alumni au cours de ma vie professionnelle mais si je devais en retenir un en particulier, ce serait Pierre Bellon (H.54), le fondateur de Sodexo, que j’ai très bien connu [Pierre Bellon est décédé cette année en janvier, NDLR].

 

 

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