La réglementation environnementale des bâtiments neufs entrera en vigueur au 1er janvier 2023. Mais le secteur du bâtiment, dont l’impact carbone est colossal, dispose-t-il aujourd’hui des ressources et des moyens nécessaires à une révolution bas carbone ?

En vigueur à partir de janvier2023, la norme RE2020 sera applicable pour les bâtiments neufs, en remplacement de réglementation thermique RT2012. Ce nouveau texte tient compte de la performance énergétique et de l’empreinte environnementale du bâtiment, ainsi que de sa capacité à générer de l’énergie. «Pour le moment, les règles qui seront applicables aux logements sont connues. Mais les dispositions concernant les bâtiments tertiaires ne seront précisées qu’en fin d’année 2021. D’autres textes, comme le dispositif éco-énergie tertiaire (DEET), posent cependant des objectifs déjà ambitieux de réduction de consommation énergétique pour les immeubles existants de plus de 1 000m²», précise Sabine Brunel-Nevers (H.04), directrice adjointe en charge du bâtiment décarboné et de l’international de l’Observatoire de l’immeuble durable (OID). Les contraintes réglementaires pesant sur le secteur devraient encore se renforcer : plafond carbone, intégration des émissions de gaz à effet de serre dans les diagnostics de performance énergétique, objectif de quasi-neutralité carbone du secteur d’ici à 2050… Autant d’injonctions qui plaident en faveur de l’usage de matériaux de construction biosourcés, tel que le bois. Mais la production de ces matériaux est aujourd’hui peu développée.

Injonctions et réalités

«La nouvelle norme RE 2020 adopte la méthode dite de l’analyse du cycle de vie (ACV), qui permet de pondérer les émissions de gaz à effet de serre, lorsqu’on utilise par exemple des matériaux à faible impact carbone. Mais le véritable enjeu est la structuration de ces filières : sur certains matériaux bio-sourcés, les producteurs ne seront pas immédiatement en mesure de répondre à la demande croissante», commente Sabine Brunel-Nevers. Aujourd’hui, le bâtiment détient le triste record de «secteur le plus mauvais en termes d’impact sur l’environnement, si l’on prend en compte sa construction et ses usages», estime Hélène Chartier, directrice du développement urbain zéro carbone chez C40, un réseau de métropoles mondiales, qui rassemble 94 grandes villes réparties dans 49 pays. En France, il pèse près de 45% de la consommation d’énergie finale et génère plus de 25% des émissions de gaz à effets de serre, selon l’Observatoire de l’immobilier durable. Mais pour Matthias Navarro, cofondateur de Redman, promoteur engagé pour la ville bas carbone, le contexte économique, associé aux dispositifs fiscaux et aux normes actuelles, condamne la ville bas carbone à n’exister que dans les zones urbaines les plus riches. « Le défi auquel notre industrie est confrontée est de sortir le bas carbone de Paris et des quartiers huppés de quelques métropoles régionales au marché immobilier florissant. »

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