Marina Lugova, CFO du groupe SYNBIAS PHARMA et membre du conseil d’administration, revient pour nous sur la crise sanitaire et son impact sur le secteur pharmaceutique. Elle nous explique aussi comment Synbias a fait face à la pandémie.

Quel a été l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur le secteur de l’industrie pharmaceutique ?

La pandémie de la Covid-19 est inédite, elle a frappé l’économie mondiale de plein fouet. Au-delà des effets négatifs qu’elle a engendrés sur l’humanité tout entière, je dirais que cette crise a, dans le même temps, donné une impulsion jamais vue auparavant à l’industrie pharmaceutique. Cette dernière n’a eu d’autre choix que de travailler sans relâche pour développer des solutions afin de combattre le virus. Cela a contribué à générer beaucoup d’innovation dans tout le secteur. Et l’avantage, c’est que ce bond en avant relatif aux processus d’innovation est là pour durer bien au-delà de la crise sanitaire actuelle. Du côté de la fabrication des médicaments, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement ont mis en évidence la nécessité de mettre en place une plus grande intégration en amont des principales substances et une amélioration des processus de fabrication. En fin de compte, cette période nous a rappelé l’importance d’établir et de renforcer les partenariats entre les laboratoires pharmaceutiques, les milieux académiques, les gouvernements et les organisations non gouvernementales.

Comment jugez-vous le soutien qu’ont apporté, respectivement, l’Union Européenne et le gouvernement français au secteur pharmaceutique ?

J’estime que l’Union Européenne a plutôt bien géré la crise sanitaire et beaucoup soutenu notre secteur. En effet, cette dernière a débloqué plus de 10 milliards d’euros pour la santé dans sa nouvelle proposition budgétaire. De mon point de vue, cela montre que la coopération européenne dans le domaine de la santé est non seulement bien réelle, mais, surtout, qu’elle est solide. Cependant, la création et la mise en place d’un écosystème industriel ne sont toujours pas eectives.Quant au gouvernement français, il a été très réactif et e‹cace sur ce point. Ce dernier a mis en place un plan d’action dans le but d’accroître la compétitivité des sites de production pharmaceutique en réduisant la fiscalité imposée aux investisseurs et les taxes de la production.

De quelle manière Synbias Pharma s’est-elle adaptée à la crise, et cela s’est-il avéré efficace ?

Dès mars 2020, Synbias Pharma a plutôt très bien résisté à la première vague de la crise du coronavirus, en réagissant avec habileté et intelligence au bouleversement des chaînes d’approvisionnement, et en intégrant les changements nécessaires relatifs à ses processus opérationnels. En effet, dès l’été 2020, nous avons renforcé notre capital actionnaire, ouvert un site de production Gemini PharmChem à Mannheim, en Allemagne, lancé la fabrication commerciale dans une usine de production moderne certifiée GMP dédiée à la fabrication des HPAPIs (Highly- potent Active Pharmaceutical Ingredients) anticancéreux. Nous avons pour projet d’élargir le portefeuille de produits de Gemini en lançant la production d’autres HPAPIs l’année prochaine. Actuellement, le groupe Synbias Pharma développe, fabrique et vend des produits, et nous élargissons notre modèle économique dans le but de fournir des services aux innovateurs liés au développement, entre autres, des HPAPIs, du développement de lots précliniques à la production commerciale. Grâce à notre solide expérience et à nos capacités relatives au développement et à la fabrication de produits HPAPI très complexes, nous restons un partenaire de confiance pour de nombreuses entreprises pharmaceutiques à travers le monde entier. Les produits HPAPI représentent une nouvelle façon d’utiliser de petites molécules pour fournir des thérapies innovantes aux patients, incorporant souvent des mécanismes d’administration plus précis. Le passage progressif à l’utilisation des HPAPIs a conduit à l’émergence d’une filière de médicaments plus e†caces, avec des besoins en termes de dosage potentiellement plus faibles et moins d’e‡ets secondaires.

Quelles sont les raisons qui poussent Synbias à développer et à se spécialiser dans la fabrication de molécules HPAPIs ?

Chez Synbias, notre intérêt pour les molécules très puissantes est principalement motivé par la recherche relative à la lutte contre le cancer et par le développement de thérapies plus ciblées et adaptées à un certain nombre d’indications. À l’heure actuelle, plus de 1Ž000 petites molécules extrêmement puissantes sont en cours de développement, 30 % d’entre elles ciblant les cancers, 20 % ciblant les di‡érents types de diabète existants, et 20 % d’entre elles ciblant les maladies auto immunes. Le reste de ces molécules est utilisé pour d’autres traitements. La croissance du marché des HPAPIs est aujourd’hui deux fois plus rapide que celle des APIs. Ce phénomène est dû principalement au fait que d’une part les HPAPIs représentent un très large éventail d’utilisations potentielles, et que d’autre part, leur utilisation comporte énormément d’avantages pour les patients.

Pour Synbias, quels ont été les principaux objectifs pour faire face à la pandémie mondiale ? De quelle manière Synbias est-elle parvenue à assurer les processus de production de médicaments essentiels malgré la crise ?

Chez Synbias, nous avions deux objectifs clairs et simples à atteindre pour traverser la pandémie mondiale de la Covid-19Ž: le premier consistait à protéger la santé et la sécurité de nos employés et de leur familleŽ; le second, à remplir notre rôle de fournisseur-clé de médicaments vitaux pour les patients dans le monde entier. Nos mesures étaient strictes et ont obtenu le succès attendu. Et, bien entendu, ces dernières s’appliquent encore aujourd’hui.Un des principaux enseignements que nous avons retenu de la pandémie, c’est que celle-ci accélère la numérisation et le travail à distance. Et ce, à tel point, que même les réunions des clients et les négociations de nouveaux contrats, les audits clients et les due diligences peuvent désormais être réalisés à distance. De plus, le personnel administratif peut désormais travailler à domicile. Tout cela conduit à améliorer l’e†fficacité et la productivité de tous.Avant même que la pandémie de la Covid-19 ne touche l’économie mondiale de plein fouet, l’optimisation et la continuité des processus de production ont toujours fait partie intégrante de la stratégie de Synbias Pharma. Depuis l’apparition de la pandémie, nous avons lancé une initiative visant à nous concentrer sur l’établissement de sources secondaires relatives aux matières premières, à mettre en place un équilibre entre les fournisseurs mondiaux et locaux. Le groupe continue d’investir et d’innover, de planifier une continuité d’activité solide, et de nous garantir un plan flexible et pertinent. Parce que désormais, comme jamais auparavant, nous n’avons d’autre choix que de nous adapter à des événements absolument inédits.

Marina Lugova, est diplômée de l’ESSEC et a un MBA de l’INSEAD. Ancienne consultante au Stein-beis Center of Management and Technology a Stuttgart, elle a rejoint Synbias Pharma AG en tant que vice-présidente du business development en 2014. Depuis 2018, elle est CFO du groupe Synbias Pharma et membre du conseil d’administration.

SYNBIAS PHARMA AG est une société privée qui a été créée en Suisse en 2012 pour développer, produire et vendre des produits pharmaceutiques hautement puissants utilisés dans les thérapies anticancéreuses, mais aussi pour atténuer la pénurie mondiale de plusieurs catégories de médicaments essentiels. En 2020, Synbias vend des HPAPIs dans le monde entier avec une part de 30 à 50 % sur ses marchés de niche.

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