Comme tous ses amis, une tristesse immense nous a frappés au décès de Jacques Rauffet (H.53), à 90 ans, au mauvais retour d’une méchante maladie.Nous perdons à l’âge d’être grand-père, un jeune homme d’esprit vif, souvent un mentor, surtout un savant chercheur, avec sa fine intelligence qui semblait diffuse et s’avérait concentrée. Il a élevé nos connaissances ; il a créé notre admiration. La perte est cruelle d’un excellent ami.Dans les multiples régions de son abondante vie, avec Jacques, que de souvenirs intenses, par sa joie de vivre, son extrême vitalité, sa bonté élégante et son charisme, ses appétits, sa candeur parfois, son absence de méchanceté et son humour !Il suivait de près l’actualité et certains caractères avec le même puissant intérêt qu’à étudier l’histoire, après avoir si longtemps travaillé pour la géographie. Travaillant pendant des décennies dans l’édition, pour le Reader’s Digest à réaliser les guides touristiques de la France, il orchestra les compétences. Combien sa rigueur exigeante, à tout organiser et planifier, y fut nécessaire avant l’informatique, avec des dizaines de journalistes, dessinateurs, photographes, secrétaires !

Il était ou fut tout cela également : le mieux classé pour entrer à HEC, licencié en droit, doctorant méconnu ; poly-glotte (pour seulement… 5 langues !) ; assidu lecteur de Jung (en allemand) ; lieutenant de vaisseau, spécialiste du chiffre… Notamment aux États-Unis, pendant la guerre d’Algérie ; Londonien ; pianiste et mélomane – abonné à Aix et Bayreuth – porté sur Bach et Mozart ; proche de Gabriel Dussurget, fondateur du festival d’Aix ; ennemi irréductible de la musique russe et des cantatrices hurleuses ; ami de Jacques Brosse, l’un des premiers écologues, historien, philosophe, éveilleur spirituel ; et de Simonne Jacquemard, poétesse, danseuse, historienne de la danse ; élève de Swami Devatamanda en bouddhisme et yoga ; homéopathe, fin connaisseur d’Edward Bach ; infatigable arpenteur des ciels, pour son-der les destinées personnelles par les caractères avec ses méthodologies rigoureuses ; héritier de Marie-Louise Herboulet et de Jacques Reverchon ; enseignant, avec vigueur, les directions primaires ; très porté sur les systèmes d’Alfred Witte (École de Hambourg) et apprenant de Giuseppe Bezza ; relecteur méticuleux de Denis Labouré, astrologue-alchimiste et ésotériste chrétien ; formidablement généreux (récompenses proustiennes) ou, au restaurant, face au personnel malveillant terrifié, possible incarnation d’un tonnerre wagnérien.Homme brillant, extraordinairement cultivé qui ne raisonnait pas à l’économie, Jacques toucha longuement notre âme et, toujours, il reste présent en nos esprits et nos cœurs.

Patrick Parthenay

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