J’ai rencontré deux fois Stéphane Pavie : une première fois en juin 1965 dans son appartement du boulevard Malesherbes, avec quelques camarades de ma promo 65, et une seconde fois en 2013, accompagné d’Hubert Cloix (doyen du Club Histoire et Mémoire), à son nouveau domicile dans le 16e arrondissement, non loin de la rue Singer. La première fois, en juin 1965, c’était dans le cadre du parrainage de la promo 65 par la promo 40 (dont Stéphane était le délégué). En effet, il était d’usage alors que chaque nouvelle promo soit parrainée par une promo sortie vingt-cinq ans plus tôt. La seconde fois, en 2013, c’était pour recueillir le témoignage d’un camarade au parcours peu commun. Stéphane Pavie est né en 1920, dans une famille d’hommes de robe. Il intègre HEC en juin 1938. La scolarité dure alors deux ans. Après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne début septembre, la Chambre de Commerce de Paris décide de décentraliser un certain nombre de ses écoles, dont HEC. Le lieu choisi pour HEC est Caen. C’est ainsi que la première année de la promo 41 (148 élèves) et la seconde année de la promo 40 (88 élèves) rejoignent la ville de Caen, début octobre 1939. Les élèves n’habitant pas Caen, soit le plus grand nombre, sont logés dans des hôtels de la ville. Les cours magistraux sont donnés dans la salle à manger et le salon du plus grand hôtel de la ville. L’ambiance est plutôt décontractée, bien éloignée de la situation des jeunes soldats français, en situation d’attente statique aux frontières du pays. Mi-mai 1940, l’Allemagne envahit la France. C’est alors la débandade à l’École : les examens de fin d’année sont passés dans la précipitation. Pratiquement tous les élèves de la promo 40 auront leur diplôme… Rendu à la vie « civile », Stéphane rejoint un cabinet d’avocats. Il n’avait pas pu être mobilisé en septembre 1939, malgré son souhait de combattre. Il s’engage par contre dans la 2e Division Blindée dès la fin de l’Occupation (fin été 1944). Il est chef de char, sans doute un char Sherman, vu que la 2e DB était équipée de matériel américain. Rendu à la vie civile, il retrouve ses activités juridiques, créant plus tard son propre cabinet d’avocats. Il fait partie des rares camarades HEC délégués de promo depuis sa sortie de l’École (1940) jusqu’à son décès au milieu des années 2010. Soit un bail de 75 ans ! Qui dit mieux ? Peut-être sera-t-il rejoint par Paul Dini (H.60) ancien président de l’Association, délégué de sa promo depuis bientôt soixante ans !

Jean-Pierre Lombard (H.65)

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