HEC célèbre 50 ans de mixité hommes-femmes : ce que vous avez raté
Le 29 novembre dernier, HEC Alumni et HEC We&Men accueillaient 340 personnes au Pavillon Dauphine pour célébrer les 50 ans de l’ouverture du concours de l’École aux femmes. Trois membres du gouvernement se sont exprimés. Découvrez les moments forts de cette soirée.
Les portes du Pavillon Dauphine se sont ouvertes un peu avant 19 heures pour accueillir des membres de la communauté HEC, hommes et femmes, venus célébrer la mixité, tant sur le campus qu’en entreprise. Animée par Hélène Bourbouloux (H.95), présidente du club HEC We&Men (anciennement HEC au Féminin), la soirée était aussi l’occasion d’une réflexion et d’un engagement pour l’égalité hommes-femmes.
Un cocktail précédait l’événement. L’assemblée, qui mêlait plusieurs générations, bruissait des souvenirs et opinions échangés autour d’une flûte de champagne. Ce soir-là, 50 femmes alumni, une par année de promotion, étaient mises à l’honneur, autant de rôles modèles issues de tous les horizons. Dans la foule, on aperçoit Nathalie Becquart (H.92), première femme nommée au Synode des évêques du Vatican par le Pape, se pencher avec curiosité sur la fresque murale des cinquante portraits de diplômées.
Toutes les générations réunies
Patrick Lissague (H.78), président du comité des sages d’HEC Alumni, se rappelle ses premiers engagements, dans les années 1990, auprès du club Banque Bourse Finance. « Beaucoup de femmes avaient du mal à briser le plafond de verre, explique-t-il. J’avais réuni quelques personnes du groupement pour y réfléchir et nous avions, pour la première fois, élu un bureau à parité ainsi qu’une présidente, Michèle Jardin (H.78). »
Plus loin, Anne-Fleur Goll (H.22), qui avait fait sensation avec un vibrant discours sur l’environnement lors de la cérémonie de remise des diplômes 2022, s’étonne que « cela ne fasse que cinquante ans » que les femmes peuvent s’inscrire à HEC mais salue une école « plutôt exemplaire sur la mise en avant de l’équipe de rugby féminine ».
La jeune femme fait partie des 50 femmes issues de tous les horizons mises à l’honneur ce soir-là. 50 rôles modèles, 50 trajectoires inspirantes visant à servir d’exemple pour les prochaines générations. La cérémonie du gala s’est ouverte avec le visionnage d’une vidéo retraçant l’histoire de la mixité à HEC, depuis la création de HEC Jeunes Filles jusqu’aux parcours exceptionnels de diplômées.
Un demi-siècle d’avancées
« Merci de venir vous joindre à cet anniversaire qui n’a pas que pour objet de se féliciter de ces 50 dernières années, mais aussi de s’encourager pour les 50 ans prochaines, annonce Hélène Bourbouloux en préambule. Tout l’écosystème HEC est engagé sur ce sujet de l’égalité hommes-femmes dans la droite ligne de notre raison d’être, qui est d’avoir un impact sur le business et la société », indique-t-elle avant de laisser le micro à Hélène de Saint Front (H.10), qui se prête alors à un exercice de projection devant l’assemblée, incarnant Nora, une femme entrepreneure fictive qui se réveille en 2073, où les rôles se sont inversés.
Cette soirée fut aussi celle des chiffres. Ceux que l’on met en avant pour mesurer le chemin parcouru, et ceux que l’on rappelle pour ne pas oublier le travail qu’il reste à faire. « Depuis deux ans, nous avons plus de femmes recrutées en tant professeurs à HEC que d’hommes, mais nous ne sommes pas encore à la parité, reconnaît Éloïc Peyrache. Nous avons tout un ensemble de personnes qui travaillent sur les stéréotypes, les aspirations des leaders, et sur les biais qui existent. » Il rappelle aussi l’enthousiasme autour de l’entrepreneuriat, avec 42 % de femmes parmi les fondateurs des 350 start-up de l’Incubateur HEC.
350, c’est aussi le nombre de personnes accompagnées par le programme Stand Up, supporté par la Fondation HEC, qui permet à des femmes « parfois discriminées, isolées, mais possédant une créativité, une énergie et une envie absolument dingues » d’avoir accès au monde du business et à la création d’entreprise. Le Dean a saisi l’occasion pour évoquer aussi le nouvel accord avec la Laidlaw Foundation pour accorder 10 bourses destinées aux femmes du programme MBA de HEC.
« Dans notre communauté de 73 000 diplômés, il y a 32 % de femmes », a précisé pour sa part Adrien Couret, président d’HEC Alumni, s’adressant aux invités. « – Combien de femmes y avait-il la première année ? – 27 ! », lui répond la promo 1973, première cohorte mixte d’HEC. Mettant en lumière l’engagement d’anciens présidents tels que Maurice de Kervénoaël (H.60) ou encore Jean-Luc Allavena (H.86) pour la création du club HEC Au Féminin ou l’aide à l’émergence du Women Forum, il a cité les étonnants chiffres du collectif Sista : c’est 28 000 milliards de dollars qui « seraient naturellement générés si l’égalité hommes-femmes se mettait en place. »
Ce que disent les ministres
Le point d’orgue de la soirée fut certainement la présence de trois ministres du gouvernement Macron : Roland Lescure, ministre de l’Industrie, Bérangère Couillard, ministre de l’Égalité Hommes-Femmes, et Agnès Pannier-Runacher (H.95), en charge de la Transition écologique. Ils ont répondu aux questions de la journaliste Hedwige Chevrillon (MBA.84), rédactrice en chef chez BFM Business.
« Dans ma famille, on a beaucoup misé sur les études, explique Agnès Pannier-Runacher. Ma grande-tante a fait HEC JF. Mais avec trois générations de garçons, je suis la seule à ne pas avoir suivi des études d’ingénieure et à ne pas avoir fait maths sup’, ce qui montre que, même dans des familles très ouvertes, il peut y avoir un frein micro-culturel. » Elle rappelle cependant que la véritable injustice, c’est que « 70 % des personnes pauvres en France sont des femmes. » Habituée des publics féminins, Bérangère Couillard remercie, elle, « les hommes d’être venus ce soir » et lance un appel aux alumni de la salle : « Si nous n’avons pas la capacité de faire en sorte d’avoir des femmes et des talents dans les métiers d’avenir, nous ne serons pas compétitifs ! »
Le ministre Roland Lescure est venu parler du collectif IndustriELLES, mis en place par le gouvernement pour la promotion des femmes dans les filières industrielles. « Au début des années 1980, André Blondeau reconnaissait l’équivalence du diplôme HEC et HEC Jeunes Filles. À la même époque, en 1983, l’Assemblée nationale française votait une loi pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, compare-t-il. Aujourd’hui, on n’y est toujours pas ! ».
Après le débat, Hedwige Chevrillon se livre en aparté à un débrief. « C’était intéressant de voir un peu comment ils réagissaient par rapport à la mixité et ce qu’ils mettaient en place, commente la journaliste. Même sur mon plateau, c’est très difficile de trouver des femmes ! »
La parité, source de performance
Pour le dîner dans le salon du Pavillon Dauphine, les tables portaient les noms de femmes françaises ayant marqué l’histoire, d’Agnès Varda à Camille Claudel. Particularité de ce gala, les 50 rôles modèles mises à l’honneur étaient disséminées parmi les tables, seule ou à plusieurs. Ce plan de table a permis un mélange inédit et des conversations riches entre femmes et hommes parfois issus de secteurs très différents.
« Cet événement permet aussi de rencontrer d’autres femmes et de networker au féminin. Avec le networking au masculin, nous n’avons pas les mêmes accès que les hommes », ajoute Donatella Ponziani (E.18), rôle modèle, docteur en ingénierie mécanique et dirigeante à l’Agence spatiale européenne (ESA), qui s’est trouvée à la même table que Rachel Picard (H.88), ex-DG de SNCF Voyages et présidente du CA de Criteo, également mise à l’honneur.
À table, on retient du discours d’Éric Lombard (H.81), patron de la Caisse des dépôts, un engagement à changer les modes de nomination des grands dirigeants, avec un travail sur les biais lors des entretiens d’embauche. « La Caisse des dépôts a décidé de faire de l’année 2024 l’année des parités », a-t-il déclaré, rappelant que son Comex est entièrement paritaire. « Et je peux vous dire que ça, c’est six ans de boulot ! »
Les participants au gala ont été également sensibilisés aux enjeux de la mixité durant le repas. Un quizz, extrait d’un outil pédagogique qui sera déployé par HEC en 2024, a testé leurs connaissances sur l’éducation, le monde économique et la place des femmes dans les médias et en tant que leaders.
La présidente du directoire de KPMG France Marie Guillemot a affirmé sa croyance en un « leadership mix » avant de mettre en avant une nouvelle promotion d’associés à parité, et la mise en place d’un baromètre de la diversité et de l’inclusion au sein du groupe. La dirigeante a également fait une annonce : la participation d’Éloïc Peyrache au comité de mission de KPMG France, passé entreprise à mission en 2022.
Valérie Baudson (H.95), dirigeante d’Amundi, a pris le temps de remercier publiquement ses propres rôles modèles ; Mercedes Erra (H.81), Sophie Javary (H.80), et Nathalie Rachou (H.78), rappelant que « la diversité en général, et la mixité en particulier, sont une source de performance pour les entreprises. Chez Amundi, où nous gérons à peu près 2 000 milliards d’euros dans le monde, nous votons systématiquement contre les renouvellements des conseils d’administration dans les sociétés qui ne prônent pas la mixité. »
De quoi être confiants pour les cinquante prochaines années. Au moment de se dire au revoir, Éloïc Peyrache a apprécié la belle mixité du public, tandis qu’Hélène Bourbouloux saluait « l’engagement des ministres et de l’équipe pour le futur et une volonté collective. Tout seul, on ne fait pas grand-chose, mais tous ensemble, on va changer le monde ! »
L’organisation de cet événement a été rendue possible grâce à la contribution des entreprises partenaires ci-dessous.
Published by Estel Plagué