Je suis parti en volontariat international bénévole en territoires palestiniens fin 2019 pour enseigner les life skills (connaissance de soi, communication non violente, conduite de projets, etc.) et le français au séminaire du diocèse catholique de Jérusalem situé à Beit Jala, à côté de Bethléem. Engagé dans le dialogue interconvictionnel avec les croyants des différentes religions et les personnes sans confession, j’ai organisé le 6 septembre 2020 à Jérusalem un forum interconvictionnel sur le thème : « Israéliens, Palestiniens, les autres : comment réinventer la paix ensemble ? ». Y participaient une vingtaine d’organisations différentes, palestiniennes et israéliennes, juives, musulmanes, chrétiennes et non religieuses. Un mécène, l’association l’Islam au XXIe siècle fondée par Michel de Rosen (H.72), a permis de réaliser un film disponible sur YouTube (https://youtu.be/NXSqyCBeNm8). Celui-ci ne cache pas les difficultés (l’occupation, la colonisation, l’insécurité), mais donne aussi la parole à des acteurs qui se battent et gardent l’espérance. Certains estimaient qu’un forum réunissant une telle diversité d’acteurs n’avait pas eu lieu depuis la seconde intifada, c’est-à-dire depuis vingt ans.

Le Forum, qui a cherché une approche équilibrée entre les deux parties, s’est appuyé sur deux invités principaux : Mustafa Abu Sway, professeur de philosophie et d’études islamiques à l’université Al Quds et à la mosquée Al Aqsa, et Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University of Israel.De nombreuses initiatives de dialogue israélo-palestinien existent depuis de nombreuses années, même si elles sont rarement sous les projecteurs des médias. Plusieurs étaient présentes lors du forum. C’était le cas notamment du Cercle des familles endeuillées qui ont perdu un enfant pendant le conflit, des Combattants pour la paix, qui rassemblent d’anciens militaires ou activistes des deux camps qui ont décidé d’abandonner leurs armes et de passer à la non-violence ; et de Women Wage Peace, association de femmes pour la paix très active, qui a organisé une importante manifestation avec des Israéliennes et des Palestiniennes. Si la création d’un État palestinien apparaît encore bien lointaine, les décideurs politiques pourraient avancer rapidement sur la question des droits, s’ils en avaient la volonté : le droit des Palestiniens à la mobilité (vers Jérusalem, Israël, la mer, le reste du monde), droit à la terre et à la propriété privée, et le droit des Israéliens à la paix, sans attentat.

Le conflit israélo-palestinien qui fait rage sur un territoire originel de trois religions monothéistes, prend une dimension globale. Les Palestiniens, ainsi que de nombreux Israéliens qui réalisent que le face-à-face n’a pas permis de résoudre les problèmes, appellent de leurs vœux une médiation internationale. La France et l’Europe peuvent jouer un rôle, elles sont attendues. Le Forum s’est conclu par un concert à l’unisson, avec des musiciens palestiniens et juifs jouant et chantant ensemble : un beau symbole d’espoir et d’harmonie, malgré toutes les difficultés. Comme le disait le rabbin Melchior lors du forum : « Israéliens et les Palestiniens ne sont pas condamnés à vivre ensemble, c’est pour eux une chance d’avoir à vivre ensemble. » Un prochain forum sera organisé à Jérusalem le 11 juillet prochain, n’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations, pour assister, relayer ou soutenir cet événement. La route est encore longue pour une paix dans la justice, l’égalité, la liberté et une certaine laïcité à inventer !

Marc Lebret (H.88)

Published by