En charge depuis six mois des relations de l’État avec BpiFrance à la direction générale du Trésor, je ne m’imaginais certainement pas vivre une telle période professionnelle au début de l’année 2020. Nous travaillions à des dispositifs d’avances de trésorerie pour les secteurs touchés par l’arrêt de certaines routes commerciales, notamment asiatiques, mais rien de comparable à ce qui allait venir…Les choses se sont accélérées les 12 et 13 mars quand a germé dans notre service dit « du financement de l’économie » l’idée d’un prêt garanti par l’État (PGE). Les responsables du service, qui avaient tous connu la crise financière de 2008, ont fait preuve d’un sang-froid remarquable. Le brainstorming s’est poursuivi tout le week-end suivant, je l’ai suivi depuis mon village des Alpes.

Le lundi 16 mars, le président de la République annonçait au journal télévisé « une garantie d’État à hauteur de 300 milliards d’euros » pour soutenir la trésorerie des entreprises. Avec ce feu vert, notre équipe s’est donc mise en branle pour mener de front les différents chantiers pour lancer le dispositif le plus rapidement possible : obtenir une autorisation de la Commission européenne, traduire en droit français le cadre applicable aux PGE, superviser le lancement d’un site unique de demande de PGE et, surtout, s’assurer que l’ensemble des réseaux bancaires s’approprient le produit en quelques jours. En moins d’une semaine, c’était fait. Fin juin, trois mois après le lance-ment du PGE, plus de 90 milliards d’euros de prêts avaient été accordés. En fin d’année, le volume atteignait 120 milliards d’euros. Ce dispositif de soutien en trésorerie a été extrêmement salutaire, en particulier pour les très petites entreprises et petites entreprises (94 % des bénéficiaires en 2020, 75 % des montants accordés). Le taux de recours a été particulièrement important dans certains secteurs, comme le commerce de détail ou l’hébergement-restauration. Malgré tout, nous savons pertinemment que les entreprises ressortent plutôt endettées de cette période très particulière. L’effort doit maintenant porter sur le renforcement de leur structure financière et beaucoup, à commencer par les entrepreneurs et les épargnants, peuvent y contribuer.

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