La loi Grenelle II de 2010 oblige les entreprises de plus de 500 personnes à réaliser tous les quatre ans un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais les sociétés aux effectifs plus modestes peuvent s’engager dans cette démarche de manière volontaire. Nicolas Reboud, fondateur de la start-up Shine, raconte son expérience.

Réfléchissez à vos motivations

Si vous souhaitez réduire les émissions de CO2 de votre entreprise et l’engager dans la lutte contre la crise climatique, le bilan carbone constitue une première étape incontournable. Pour rappel, les accords de Paris ont fixé pour objectif de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, puis d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, pour limiter la hausse des températures.

Consacrez-y les moyens nécessaires

Le bilan carbone de Shine nous a coûté 10 000 euros et un peu plus d’une semaine-homme de travail, sachant que nous n’avons qu’une seule activité, qu’un bureau et qu’une cinquantaine d’employés. C’est un coût non négligeable, mais pas astronomique. Le projet a duré trois mois, de la sélection de l’agence à la communication du bilan, en passant par les rendez-vous de préparation et la collecte des données. C’est aussi une belle occasion d’impliquer les salariés : ce sont les premiers acteurs à même de réduire les émissions.

Identifiez les principales sources d’émission

À l’issue du bilan carbone, vous saurez combien de tonnes de CO2 sont générées par l’activité de votre entreprise, avec le détail des différentes sources. Et vous risquez d’être surpris… Par exemple, Shine a été responsable de l’émission de 125 tonnes d’équivalent CO2 en 2018. À titre de comparaison, un Français en émet environ 11 par an. Nous pensions que la consommation électrique de nos serveurs était la principale source d’émission, or nous nous trompions. La première cause, qui représente 50 % du total, correspond à l’impact carbone du partenaire bancaire qui gère nos opérations. Viennent ensuite les déplacements professionnels, dont un séminaire à l’étranger et un aller-retour aux États-Unis pour une conférence, et enfin la nourriture. En effet, les repas des employés avec les tickets resto comptent dans le bilan. Pour en évaluer l’impact, nous avons réalisé un sondage en interne sur la part des repas végétariens.

Comparez les résultats à ceux de vos concurrents

Regardez comment vous vous situez par rapport à d’autres entreprises du même secteur, notamment pour identifier des axes d’amélioration. Au passage, réaliser votre bilan carbone pourrait inciter vos concurrents et partenaires à faire de même.

Prenez des mesures correctrices

Une fois identifiées les principales sources d’émissions de CO2, il ne vous reste plus qu’à mettre en place des mesures pour les réduire. N’attendez pas ! D’une part il y a urgence climatique et, d’autre part, plus tôt vous agirez, plus simple ce sera pour votre entreprise. Il est plus facile de changer lorsque vous avez une petite équipe et relativement peu de processus établis.

Nicolas Reboud (H.08)
Il est le cofondateur de la start-up Shine, qui a conçu une application mobile bancaire dédiée aux indépendants. En 2018, la société a levé 8 millions d’euros. Auparavant, Nicolas avait créé Mayoz, une galerie photo en ligne (revendue en 2013), et Printic, une solution d’impression de photos sur mobile (rachetée par le groupe M6 en 2014).

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