Lors du dernier DiversiTALKS HEC, le politologue et militant LGBTIQ+ Rémy Bonny a dénoncé la situation  » dramatique  » des millions de réfugiés ukrainiens qui ont afflué en Europe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Son organisation estime que pas moins de 100 000 d’entre eux sont des réfugiés LGBTIQ+. Lors d’un vaste échange avec les étudiants, le Belge a exposé les principaux défis auxquels sa communauté continue de faire face au-delà du conflit ukrainien.

Absence de médicaments contre le VIH, obligation pour les transsexuels féminins de prendre les armes, aggravation des préjugés et des abus. Ce ne sont là que quelques-unes des attaques spécifiques auxquelles la communauté LGBTIQ+ d’Ukraine est confrontée depuis que l’invasion russe du 24 février a provoqué un exode massif de sa population civile. C’est la dernière en date d’une litanie d’attaques et d’abus des droits de l’homme dont Rémy Bonny a fait la chronique en Europe de l’Est et en Asie occidentale ces dernières années.

Au cours d’une présentation détaillée, le jeune homme de 26 ans brosse un tableau sombre de la situation de sa communauté au cours des cinq dernières années. « Il y a eu un fort retour de bâton depuis 2017 avec la montée des gouvernements populistes et ultraconservateurs dans ces régions », confie-t-il après une présentation de 90 minutes en mars devant un public en direct et en ligne. « La Hongrie, par exemple, a interdit le mariage homosexuel, la reconnaissance légale du genre, l’adoption par des personnes de même sexe, la couverture médiatique neutre. Les législateurs ont même introduit l’année dernière une loi anti-propagande interdisant toute promotion des personnes LGBTIQ+. En fait, il s’agit d’une copie conforme de la loi russe sur la « propagande gay », qui n’est pas sans rappeler l’article 28 de la loi britannique. » (Cependant, lors du référendum du 3 avril qui demandait aux écoles de limiter les discussions sur les sujets LGBTIQ+, le président sortant n’a pas réussi à attirer suffisamment d’électeurs pour rendre le projet de loi juridiquement contraignant, ndlr).

Ces attaques ont renforcé la légitimité de l’ASBL internationale que Bonny a cofondée en 2020 et qui bénéficie du soutien de la Fondation Roi Baudouin. L’organisation soutient toutes les personnes LGBTIQ+ victimes de toutes formes de discrimination et d’exclusion « afin que leur orientation sexuelle ne soit plus une contrainte ». Bonny date son plongeon dans le militantisme à juin 2019, lorsqu’il s’est envolé pour Tbilissi, la capitale géorgienne, afin de suivre la toute première marche des fiertés homosexuelles du pays. « Cela a dégénéré en une manifestation très, très violente, mettant littéralement ma vie en danger. J’ai dû fuir en utilisant des taxis et des escortes policières pour quitter le pays. S’il y a un incident qui m’a fait passer du monde universitaire à celui de la défense des droits, c’est bien celui-là. Je me suis dit : « Je vis une situation extrêmement privilégiée, je suis un type qui a fait des études universitaires, je viens d’une famille de la classe moyenne supérieure… J’ai tellement d’opportunités dans notre société, c’est à moi de les utiliser maintenant au service des autres. »

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