BIOMUNEX PHARMACEUTICALS découvre et développe des traitements innovants contre le cancer grâce à une immunothérapie de pointe. Dans cet entretien, Pierre-Emmanuel Gérard (H.95) PDG et fondateur de Biomunex, nous en dit plus sur cette entreprise en pleine expansion.

Dans la lutte contre le cancer, les géants pharmaceutiques capitalisent sur l’appui de sociétés de biotechnologies comme Biomunex. Rappelez-nous votre positionnement.

Basée à Paris avec une filiale US basée à Cambridge, BIOMUNEX invente et développe des traitements innovants pour de nombreux cancers différents, tumeurs solides ou hémopathies malignes.Aujourd’hui, Biomunex est devenu une cible de partenariat pour l’industrie pharmaceutique ; nous avons par exemple signé l’année dernière un accord de licence avec le Groupe Sanofi pour la découverte et le développement d’anticorps bi- et multi-spécifiques sur la base de notre technologie BiXAb®, qui nous a permis de recevoir un upfront significatif et d’être éligible pour des milestones cliniques, règlementaires et commerciaux. De surcroit, ce deal a permis la validation de la technologie BiXAb® et de tout le travail de développement réalisé au cours des dernières années.Dans le domaine des bispécifiques, trois anticorps bispécifiques ont été lancés sur le marché à ce jour, notamment le Blincyto d’Amgen, qui a apporté une forte valeur ajoutée par rapport aux traitements existants dans certaines formes de leucémie aigüe rare ; un autre bispécifique de Roche, Hemlibra, lancé plus récemment, est attendu à plusieurs milliards d’euros de ventes dans peu de temps. De très nombreux sont en développement clinique en cancérologie, mais aussi dans d’autres pathologies comme les maladies auto-immunes et inflammatoires, ou encore les maladies infectieuses. Dans la Covid par exemple nous avons nous-mêmes des réflexions avancées pour créer des traitements particulièrement innovants apportant une vraie amélioration du service médical rendu.

En quoi votre technologie BiXAb®représente une véritable rupture dans la lutte contre le cancer ?

Nous avons développé et breveté la technologie BiXAb®, propriété de BIOMUNEX, unique au monde par sa capacité à générer de nouveaux anticorps bi- et multi-spécifiques, de façon facile, rapide et coût-efficace, une technologie clairement supérieure à la plupart des autres technologies bi- et multi-spécifiques disponibles ou en développement aujourd’hui au niveau mondial.Nos traitements basés sur l’immunothérapie possèdent une grande activité antitumorale et ont de surcroit d’excellentes propriétés médicamenteuses. Nous avons plusieurs anticorps en développement précoce, d’abord un 1er anticorps qui a montré une vraie supériorité chez l’animal comparé au traitement de référence sur la taille de la tumeur et la survie, basée sur une vraie activité synergique ; il devrait entrer en collaboration avec une société pharmaceutique dans le traitement de lusieurs tumeurs solides.Notre 2e anticorps cible un récepteur tumoral (CD38), mais aussi un inhibiteur d’« immune checkpoint » (PD -L1), et pourrait apporter une vraie avancée thérapeutique, notamment dans le traitement du myélome multiple, mais aussi dans le traitement de plusieurs tumeurs solides ; il devrait être évalué chez l’homme dans un peu plus d’un an.Il faut se rappeler que ce sont d’abord les anticorps monoclonaux qui ont bouleversé le traitement du cancer il y a plus de 20 ans. Cette approche a abouti au prix Nobel de Médecine en 2018, pour la découverte des « Immune checkpoint » qu’il faut débloquer pour activer le système immunitaire. Ces découvertes ont permis de développer une nouvelle stratégie de lutte contre le cancer, qui consiste à stimuler le système immunitaire du patient pour que celui-ci se débarrasse des cellules tumorales.

Quels sont les enjeux de votre implantation aux USA ?

L’ouverture de notre filiale américaine nous permet de nous positionner au cœur du plus gros centre mondial de R&D biotech (Cambridge, USA), avec plusieurs objectifs : l’accès à de la recherche en collaboration du plus haut niveau, le contact étroit et direct avec de grands leaders d’opinion et des scientifiques de renom, mais aussi avec les entités R&D biotech et les départements business development des plus grands groupes, un rapprochement auprès des investisseurs américains, et enfin d’acquérir une culture business et financière nécessaire si un jour nous visons une IPO au Nasdaq.

La R&D et les technologies disruptives sont au cœur de votre ADN. Quels sont les sujets qui vous mobilisent pour l’avenir ?

Nous avons plusieurs programmes en découverte et développement précoce qui sont véritablement disruptifs, notamment un programme de recherche en collaboration académique sur une cible originale de redirection de lymphocytes T, qui adresse une sous-population particulière de ces cellules. Cette approche potentiellement universelle d’immunothérapie, qui est une alternative supérieure à une approche classique qui a le vent en poupe (impliquant une cible dite CD3), pourrait s’appliquer à de très nombreuses cibles différentes impliquées dans le cancer et à de très nombreuses indications, tumeurs solides ou hémopathies malignes. BIOMUNEX développe aussi la technologie BiXAb® vers de nouvelles évolutions innovantes, notamment la Trispécificité. Par ailleurs, la technologie BiXAb® est aujourd’hui appliquée en immuno-oncologie mais pourrait également être utilisée pour la génération d’anticorps bispécifiques innovants dans d’autres domaines thérapeutiques, notamment la Covid.

“Biomunex est devenu une cible de partenariat pour l’industrie pharmaceutique.”

Avec le recul, que vous a apporté HEC ? Quels conseils donneriez-vous aux jeunes étudiants et diplômés qui voudraient s’orienter vers ce domaine ?

Au-delà de mon diplôme initial de médecin et de ma thèse en recherche fondamentale sur les syndromes d’insulino-résistance extrême à Cambridge (UK), mon MBA à HEC m’a permis d’acquérir des compétences clés et des bases solides qui m’ont permis d’être sollicité par le groupe Servier en 1995 pour m’occuper de l’évaluation du marché générique, de rédiger les business plans, pour aboutir à la création d’une filiale, et d’en définir le positionnement (alors que j’étais eune diplômé). Cette formation à HEC m’a clairement donné les bases essentielles pour comprendre la création d’entreprise. Ce projet formidable a abouti à la création de Biogaran, aujourd’hui leader du marché français du générique et des biosimilaires … outre la création d’une filiale successful de Servier, cela m’a permis de travailler pendant trois ans au sein de la direction générale du Groupe, côtoyant les grands patrons, et de pouvoir inscrire sur mon CV la création d’une société qui fait aujourd’hui des ventes supérieures au Milliard d’euros (et d’en acquérir l’expérience). En 2014, grâce à mes expériences accumulées dans l’industrie pharmaceutique et biotech, j’ai créé Biomunex après avoir identifié une technologie unique du CNRS, qui m’a permis de fonder une vraie pépite de la biotech française, avant de devenir une licorne un jour je l’espère ! Mon diplôme de médecin, seul, ne m’aurait sans doute jamais permis cela… Si je devais donner quelques conseils, je dirais que ce secteur biotech et pharmaceutique permet non seulement d’apporter son écot à la création de médicaments qui révolutionneront peut-être les traitements de demain, mais aussi d’être dans un secteur innovant et défensif qui, quand tout va mal, continue d’avancer, et le dramatique contexte de la Covid le montre bien. Il y a de très nombreuses opportunités pour des étudiants HEC ou MBA ou Master qui veulent de l’innovation, que celle-ci soit thérapeutique ou de support comme dans tout ce qui est e-health. Donc allez-y et même sans formation médicale ou scientifique, il y a de la place pour les jeunes dirigeants volontaires de demain, mais apprêtez-vous à beaucoup travailler, on ne s’improvise pas spécialiste du secteur.

Pierre-Emmanuel Gérard (H.95) est Médecin MBA HEC ; il a débuté chez Servier en créant Biogaran en 1996 puis passé 13 ans dans l’industrie pharmaceutique et biotech, à des postes de management international, notamment en business development. Il est devenu Partner dans le conseil en stratégie, puis a fondé Biomunex en 2014, dont il est aujourd’hui le Président.

BIOMUNEX est une société biopharmaceutique qui développe de nouveaux médicaments de rupture contre le cancer, permettant une immunothérapie de pointe grâce à la découverte et au développement d’anti-corps bi- et multi-spécifiques innovants, des anticorps thérapeutiques complexes de nouvelle génération.

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