Michel Malvy est un ingénieur mécanicien qui a développé un savoir-faire exceptionnel dans le domaine des matériaux composites. J’ai eu la chance de le rencontrer en 1990 sur les bancs de Challenge Plus, le programme de création d’entreprises d’HEC Management animé par Etienne Krieger. J’ai toujours gardé contact avec lui et suivi les travaux avant-gardistes. Cette tribune, issue de multiples échanges avec l’expert, vise à mettre en lumière une technologie développée après dix années de recherche : le composite de bambou. Le bambou est une graminée à croissance extrêmement rapide. Il dispose naturellement de propriétés mécaniques exceptionnelles. Il est capable de survivre dans des environnements très hostiles et sa composition le rend 30 % plus résistant que le chêne à l’état naturel. Il est baptisé « l’acier vert » en Asie. Bien que très léger, le bambou offre une très grande résistance en compression et en flexion à l’état naturel. Pour obtenir un matériau léger et résistant dans toutes les positions, Michel Malvy propose de « ciseler les fibres », de les associer. Son alliage combiné avec son propre carbone donne un résultat proche de la dureté du diamant, résistant à de nombreuses plages de fréquences thermiques et vibratoires. Bref, le bambou hybride est le bio-matériau du futur. Après dix ans de R&D et la création d’une usine en Thaïlande, Michel Malvy a développé un procédé complexe et unique au monde permettant d’extraire la fibre de bambou. Cette technologie permet d’atteindre des granulométries extrêmement fines (de l’ordre des nanoparticules), de produire une fibre de qualité constante, qui peut se décliner en une large palette, propre à couvrir de nombreux usages (fibre courte, fibre longue, mate). Différentes granulométries (G1 à G8 < à 15 microns) sont possibles avec ce procédé d’extraction, qui repose sur des procédés mécaniques tangentiels à très haute fréquence. Le procédé d’extraction mécanique, sans produits chimiques, restitue et augmente fortement toutes les propriétés naturelles du bambou, permettant à la fois d’améliorer la performance des produits et de recycler la production industrielle en fin de vie. Michel Malvy détient une expertise unique pour les secteurs où la légèreté et la performance structurelle des matériaux sont primordiales comme le secteur des transports : l’aéronautique, le spatial, l’automobile, le ferroviaire, le nautisme mais aussi la plasturgie et le bâtiment. Les propriétés des matériaux associés au bambou sont multipliées par 300 % à 500 % pour les polymères thermoplastiques renforcés en fonction de leur taux de pourcentage de fibres.Michel Malvy vient d’obtenir un diplôme Award, une compétition de start-up sur les nouveaux matériaux en Chine face à 1 200 start-up Innovantes. Il termine dans les 10 premiers de cette compétition mondiale.Le bambou, qui est souvent considéré comme du bois dans les statistiques alors que c’est une herbe (graminée), pousse naturellement en abondance sans engrais ni pesticides sur l’ensemble de la ceinture tropicale et subtropicale (soit une surface de 22 à 36 millions d’hectares, selon les sources académiques), ce qui la positionne comme la ressource la plus abondante et donc la plus fiable sur le marché des fibres naturelles, après le coton. Le bambou se renouvelle grâce à ses rhizomes traçants dans le sol ; il ne nécessite donc pas d’être ressemé, arrosé, traité aux engrais et aux pesticides. Il est très souvent valorisé sur des terrains pentus n’ayant aucune vocation de culture. Sa vitesse de croissance est spectaculaire, telle que « 25 % des plants d’une forêt ou d’une plantation de bambous peuvent être coupés sans diminuer la taille de la plantation ou du nombre de plants par hectare ». Il y a une opportunité pour lancer une filière autour de cette matière première universelle incluant la culture de forêts de bambous dans l’Hexagone et sur les territoires français d’outre-mer.

Daniel Bô (H.84)

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