Telle est la question que le Club HEC Finance d’Entreprise, en partenariat avec le club Baci (Banque d’affaires et capital-investissement), se posait le 22 septembre dernier.Pour y répondre, trois experts venus d’horizons différents, Cécile Lévi (H.87), Head of Private Debt chez Tikehau Capital, Pedro Novo, en charge des PGE à la BPI, et Pascal Quiry (H.84), professeur à HEC et coauteur du Vernimmen, ont débattu lors d’une table ronde animée par Thomas Salvadori (H.01), devant près de 200 participants connectés sur Zoom.À son déclenchement, la crise du Covid-19 a provoqué des tensions sur la liquidité de nombreuses entreprises. Au-delà de la liquidité, elle a également eu un impact sur leur solvabilité. Pascal Quiry, toujours pédagogue, a rappelé que liquidité et solvabilité sont deux choses différentes, mais qu’il existe un lien entre les deux : la dette. D’un côté, la dette apporte de la liquidité, de l’autre elle dégrade la solvabilité.Pedro Novo, fort de l’expérience de la BPI, s’est montré optimiste. Certes 615 000 entreprises avaient à mi-septembre bénéficié d’un PGE (prêt garanti par l’État), mais 70 % d’entre elles n’avaient pas utilisé les fonds mis à leur disposition. Plus de la moitié avait l’intention de le rembourser dès 2021 en totalité ou en partie. Pas de raison, à ce stade, de redouter un « mur de dettes » à l’échéance ! Le PGE, solution d’urgence, a constitué, avec les reports de charges, un avantage concurrentiel énorme pour les entreprises françaises par rapport aux autres pays d’Europe.Pour Cécile Lévi, la crise du Covid-19 a agi comme un catalyseur pour démontrer qu’il existe une grande variété de manières de se financer.

On a une image désuète du financement comme étant un « parcours du combattant » : le PGE a démontré qu’un financement par dette peut être rapide et simple. Et il existe de nombreux financements intermédiaires entre dettes et fonds propres : par exemple les financements « unitranche » combinant une dette « mezzanine » et une dette « senior », qui sont très flexibles et peuvent couvrir des besoins divers.Et la suite ? Comment sortir de cette masse d’endettement mise en place ? Les entreprises vont revoir leur bilan pour l’adapter à leur nouveau business plan. L’ouverture du capital a longtemps été un tabou français, mais la crise a souligné l’importance des capitaux propres : c’est la clé de la résilience. Avoir trop de dettes dans une période de volatilité ne permet pas de se développer, il faut d’autres outils : des capitaux propres, des quasi-fonds propres (dette subordonnée, prêts participatifs), une dette plus longue… Merci à Cécile, Pedro et Pascal de nous avoir montré, au-delà des discours alarmistes, les solutions que les entreprises peuvent trouver face à la crise, dans la durée.

Thomas Salvadori (H.01), Nicolas Orfanidis (E.11) et Armand Kpenou (MBA.97)

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