Le 23 novembre 2020, le Club Management et Ressources humaines recevait Fabien de Geuser, Charles-Henri Besseyre des Horts et Olivier Truong, coauteurs du Manage-ment par la confiance, paru récemment aux éditions Eyrolles. Le 23 novembre dernier, nous étions une quarantaine de participants à nous retrouver en ligne autour d’un thème intrigant : « Sortir du syndrome de Kaa pour manager par la confiance ». En ces temps troublés où la confiance est abordée sous tous les angles, j’avais personnellement des attentes fortes quant à l’originalité du point de vue des intervenants. Que pouvaient-ils ajouter à ce thème tant rebattu ? Fabien de Geuser, Charles-Henri Besseyre des Horts et Olivier Truong sont les auteurs du Management par la confiance, publié par les éditions Eyrolles. Ils nous proposent comme point de départ le serpent Kaa, personnage du dessin animé Le Livre de la jungle de Walt Disney. Envoûtant, sifflant, persistant, il hypnotise le jeune héros Mowgli en répétant « Aie confiance… Aie confiance ! ». Plus cette litanie se répète, plus la défiance monte. N’est-ce pas ce que nous expérimentons dans nos entreprises et nos pays ? Derrière le serpent Kaa, n’y aurait-il pas comme… un loup ? Nos élites et nos dirigeants ne nous convainquent pas pour plusieurs raisons : parce que nous n’oublions pas l’histoire, les précédents, les promesses non tenues ; parce que leur discours d’invulnérabilité sonne faux ; parce que l’on sent la faible « opérationnalité » et la déconnexion du réel de leurs propos… Nous savons bien que notre sort ne dépend pas de prétendus super-héros.

Créer les conditions d’une collaboration constructive

Pour retrouver un climat de confiance, il faut donc travailler les trois piliers de la confiance : pas seulement celui d’inspirer confiance ( being trustworthy), qui découlera plutôt des deux autres : avoir confiance en l’autre (trusting) – c’est la question de la délégation – et avoir confiance en soi (confidence). Outre ces trois piliers, le manager devra veiller aux facteurs de destruction de la confiance, car c’est en les réduisant que la confiance pourra se construire. Ces facteurs sont notamment les injonctions contradictoires, l’écart entre le discours et les actes, le changement pour le changement… Ou encore les organisations « incapacitantes », dans lesquelles l’individu qui souhaite faire positivement avancer les choses en est empêché par le manque de moyens et la lourdeur des structures.Après cet exposé clair et synthétique, l’échange avec la « salle » a été passionnant. Dans un sondage en temps réel, le décalage entre les discours et les actes est en effet cité par les participants à 69 % comme élément destructeur de confiance (vient ensuite le manque de vision : 13 %). Autre chiffre éclairant : 95 % des décisions managériales sur l’équilibre contribution-rétribution sont jugées inéquitables, d’où la nécessité pour les managers de mettre en place un processus fondé sur la subsidiarité (ce qui est décidé au niveau n ne doit pas remonter au niveau n+1) et la clarté des territoires. D’autres thématiques tels le reporting (créer de la confiance « avec et malgré » cet outil souvent mal vécu) ou la confiance dans un contexte international (différentes cultures impliquant différents rapports à la confiance, selon la place de la hiérarchie et la tolérance à l’incertitude, par exemple) nous montrent toute la richesse et la complexité du sujet. La singularité de l’ouvrage Le Management par la confiance tient aussi au fait que l’exposé didactique s’accompagne de fiches pratiques et d’outils concrets pour aider les managers dans la mise en œuvre. Alors, le management par la confiance est un marronnier, peut-être, mais que l’on a tout intérêt à cultiver !

Caroline Sommervogel (H.97)

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