Club Culture : Faut-il être fou pour entreprendre dans la culture ?
Faut-il être fou pour entreprendre dans la culture ?
Près de 80 % des diplômés sondés par le club Culture sur l’entrepreneuriat dans les industries culturelles et créatives estiment que le principal frein pour se lancer est la difficulté à devenir rentable (sondage non représentatif auprès des membres du club HEC Culture et des étudiants et jeunes diplômés de la MAC HEC – 133 répondants). Les étudiants et jeunes diplômés de la majeure Médias Art Création placent également ce frein très largement en tête. Quant à l’innovation numérique, c’est une chance pour 68 % des jeunes MAC et 50 % des alumnis, la dépendance vis-à-vis des Gafa étant jugé comme la principale menace, suivie par le risque de banalisation de la création. Aussi le titre du débat organisé le 12 février à l’Assemblée nationale par le club Culture n’était-il pas aussi provocateur qu’il pouvait le paraître. Il réunissait cinq start-up lancées par des HEC dans le monde de la culture (cf. la liste des intervenants dans l’encadré ci-dessous) autour de Pierre-Yves Bournazel, député de la 18e circonscription de Paris et vice-président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale. Celui-ci a évoqué le rôle-clé de facilitateur qu’ont, ou devraient avoir, les pouvoirs publics vis-à-vis des jeunes entreprises du secteur culturel, et a surtout souligné le besoin de stabilité dans les réglementations pour permettre aux créateurs d’entreprise de se lancer dans la confiance.
L’équité d’accès plutôt que des subventions
Au-delà du partage d’expérience de diplômés aux profils très différents ayant sauté le pas de l’entrepreneuriat culturel, l’objectif de ces échanges était de refléter les problématiques propres à cet univers mais aussi les attentes des « jeunes pousses » à l’égard des pouvoirs publics. Celles-ci ont porté sur la clarification des circuits de soutien aux entrepreneurs culturels et des critères d’homologation des nouveaux services, sur la prise en compte des innovations d’usage à côté des innovations technologiques, sur la facilitation de l’accès des PME culturelles aux appels d’offres publics, lourds et coûteux, ou encore sur les moyens de retenir les artistes français en France. De manière révélatrice, les subventions publiques nationales ou locales arrivaient en queue des attentes dans le sondage réalisé. Sans doute parce que les HEC ont l’habitude de se prendre en main… Une capacité qui a son revers : il est lassant, quand on est HEC, de se voir toujours taxé d’intérêts mercantiles, y compris dans la culture, comme le rappelait Claire Hazart (H.90), coprésidente du club Culture.
En réalité, ce tiraillement entre l’idée que l’art ne doit pas être soumis au diktat de l’argent et le fait que celui-ci est une nécessité vitale est aussi présent dans notre communauté. Laurent Storch (H.85) rappelait fort à-propos que, pour un album de musique qui gagne de l’argent, 99 en perdent… Est-ce une raison pour renoncer ? En définitive, si la passion est souvent à l’origine de la folie d’entreprendre dans la culture, les HEC disposent sans doute d’un « savoir-gérer » qui leur sert de garde-fou pour atténuer les risques et s’assurer les conditions de leur liberté.
Les start-up intervenantes
Sonarium (Sophie Kimmel – H.12) : expérience immersive permettant de présenter un album dans un lieu original et avec une qualité de son optimale.
TheWaysBeyond (Nikki Wang – M.10) : concept-store en ligne d’activités culturelles à Paris pour valoriser « l’esprit d’Excellence » pratiqué en France.
Culture First (Waheb (Lekhal – H.88) : site de billetterie premium proposant des packages spectacles-expos ainsi que des invitations à des événements culturels.
Delight (Éric de Rugy – H.75) : activité BtoB proposant une suite d’outils de marketing digital pour le spectacle vivant.
Digital Art (Bernard Demiaux – H.74) : artiste et expert en art digital, ce pionnier de l’art numérique se partage entre Paris et Berkeley.
Published by Dédé