L’ancien président des États-Unis était à Paris le 13 mars pour inaugurer le Powr Earth Summit : trois jours d’échanges avec des acteurs majeurs de la transition et des énergies renouvelables. De son action pour le climat à la Maison-Blanche au match Terre versus Mars, en passant par le rôle de la jeune génération, Barack Obama a livré une parole optimiste et convaincante.

 

Chefs d’entreprise, élus, acteurs de l’énergie renouvelable ou simples curieux tout de même prêts à débourser une certaine somme pour en être, au total 1200 personnes étaient rassemblées dans l’arène du CNIT Paris La Défense. C’est dans une cette salle chauffée comme pour un avant-match de NBA avec l’équipe des Chicago Bulls dont Mr. Obama est un grand fan, qu’il fait son entrée. La sécurité quadrille les lieux, l’assemblée retient son souffle, pourtant l’atmosphère est chaleureuse dès l’arrivée sur scène de Barack Obama pour une heure de questions-réponses.

 

Croissance et transition

Un temps président précurseur de la transition énergétique, Barack Obama revient sur les actions menées pour répondre à la crise de 2007-2008. « Il fallait commencer par réparer un système qui aurait pu nous conduire à une grande dépression. Les mesures à court terme pour aider les gens qui en avait besoin ne suffisaient pas, il fallait aussi reconstruire les infrastructures, notamment celles liées l’énergie. À cette époque, le solaire, l’éolien commençaient tout juste à décoller aux États-Unis. Avec la dépression, nous risquions potentiellement de perdre toute cette industrie. Le charbon représentait 46% de la consommation énergétique du pays. Quand j’en ai quitté la présidence, cette part avait été divisée par deux », indique celui qui a clôturé son second mandat en 2017.

 

« N’attendons pas d’être parfaits pour agir »

Cheveux gris et silhouette amincie, l’ancien chef d’État parle avec douceur mais son message est ferme. « N’attendons pas d’être parfaits pour agir. Ce sera compliqué, ce sera désordonné, mais si au moins nous améliorions un peu la situation, en réduisant le réchauffement ne serait-ce que d’un degré, si nous faisons en sorte que la montée des océans ne soit que de 50 centimètres au lieu de deux mètres – et les technologies actuelles, même imparfaites, nous permettent de le faire –, alors faisons-le ! », lance-t-il face à un public conquis. « Son message d’ensemble était : “Passez à l’action”, commente Adrien Couret (H.03), directeur général chez Aéma Groupe et président d’HEC Alumni. Même lui, tout Barack Obama qu’il était, il a fallu qu’il se batte pour obtenir la signature des accords de Paris. », En effet, le président est revenu sur le déroulement étonnant de la COP21 qui s’est tenue à Paris, en 2015. « Le premier ministre chinois et celui de l’Inde me fuyaient, on m’a dit qu’ils étaient partis pour l’aéroport. Je les ai cherchés et trouvés et ils ont signé. Les Européens étaient déçus de voir que les objectifs n’étaient pas contraignants, mais le fait que la Chine et l’Inde signent était essentiel du fait de l’importance de leur population. Cet accord a posé les fondations les six années suivantes de négociations, avec le président Xi Jinping », explique l’ancien président.

 

©Yann Arthus-Bertrand

 

« Nous sommes conçus pour cette Terre »

La mission spatiale de la NASA Perseverance, les projets d’Elon Musk qui promet, avec SpaceX, d’envoyer 1 million de personnes sur Mars d’ici à 2025 ou même l’envoi de la sonde chinoise Tianwen-3 : le monde entier semble miser sur la planète rouge pour assurer l’avenir de l’humanité. Un programme de colonisation martienne qui ne convainc pas Barack Obama. « Nous allons dans l’espace pour découvrir et mieux comprendre notre univers, pas parce que nous allons créer une meilleure situation là-bas. Nous avons été conçus pour cet endroit-ci et ce serait bien que nous le préservions, de façon à ce qu’il reste vivable. Je préférerais que nous investissions dans le soin apporté à cette planète ici-bas », assène-t-il.

 

La solution gen Z

En 2017, après avoir laissé les clés de la Maison-Blanche à Donald Trump, Barack Obama s’est consacré à sa Fondation créée quelques années plus tôt avec sa femme Michelle. Un projet ambitieux qui soutient les changemakers, ces jeunes entrepreneurs à travers le monde, décidés à faire évoluer la société en accentuant leur impact. « Nous aurions pu travailler sur la santé, le climat, le développement économique des pays pauvres, mais nous avons décidé que la meilleure façon d’apporter notre contribution était d’épauler des jeunes qui deviendraient des leaders », dit-il. Avant de rappeler :  « Ce n’est pas avec mon nom, Barack Hussein Obama, ni avec ma couleur de peau ni avec l’argent que je n’avais pas que j’ai réussi ma première campagne présidentielle, mais parce que nous avions une armée de jeunes qui ont convaincu des gens ordinaires de faire quelque chose d’extraordinaire, car l’occasion leur en était donnée. »  Pour ce père de deux filles d’une vingtaine d’années, aucun doute, notre salut viendrait de la jeune génération.

 

Barack Obama a donc ouvert ce premier Powr Earth Summit initié par Bruno et Douglas Benchetrit, Henri Landes et Fanny Oursel (E.21), laissant la place à deux jours de tables rondes aux angles novateurs. De la place des énergies renouvelables dans les politiques publiques à leurs effets sur la biodiversité, an passant par les principes de l’agrivoltaïque, les débats de cette première édition ont placé la barre très haut, avec une centaine d’intervenants spécialistes du climat, experts de l’énergie, industriels ou décideurs politiques – parmi lesquels Adrien Couret et François Gemenne, professeur à HEC et membre du GIEC. Quid de l’après-Barack …. quel sera l’invité d’honneur de ce sommet en 2025 ?

 

©Yann Arthus Bertrand

 

 

 

 

Published by