En 1995, notre camarade Jacques Risacher (H.55), consultant installé à Abidjan, choqué par les conditions de détention dans la prison de sa ville (surpopulation, défauts d’hygiène et d’alimentation, absence de soins aux malades…) est parvenu à convaincre quelques-unes de ses relations de se joindre à lui pour apporter un peu d’humanité aux détenus, avec l’accord des autorités. C’est ainsi que naissait l’association Prisonniers Sans Frontières, présente aujourd’hui dans sept pays d’Afrique francophones, avec plus de 400 visiteurs bénévoles, qui interviennent dans 83 prisons et auprès de 30 000 détenus. Leurs missions sont les suivantes : apporter un soutien moral et matériel aux détenus de toutes nationalités, ethnies et confessions ; améliorer les conditions de vie en prison, préparer leurs sorties ; faire progresser la démocratie grâce à la présence de la société civile au sein du monde carcéral.

Déjà invité par des amis à me joindre aux donateurs, je connaissais cette initiative. Ayant cessé en 2007 mes activités professionnelles, j’étais disponible pour apporter à cette cause, bénévolement bien sûr, les savoir-faire acquis durant une vie professionnelle de publicitaire et de consultant en management. J’ai ainsi occupé pendant plusieurs années le poste de président de l’association.Travailler l’animation des équipes en France comme en Afrique, développer les financements auprès des particuliers, des entreprises et des institutions, améliorer la communication interne et externe, gérer un ou deux salariés : voilà matière à rendre passionnante la retraite d’un consultant !La découverte, l’apprentissage, les différences entre le monde de l’entreprise et le monde associatif sont pour moi un enrichissement permanent.

Le projet de l’association est bien le ciment qui lie l’engagement des bénévoles, la fidélité des donateurs, l’adhésion des salariés. Toutefois un engagement exagéré chez les bénévoles peut conduire au militantisme, il faut parfois introduire une part de modération !En entreprise, on peut reprocher à un salarié de mal faire son boulot, et le menacer de sanctions. Mais comment agir vis-à-vis d’un bénévole ?Bénévoles et salariés ont un engagement commun, mais des « concurrences » peuvent apparaître entre eux et brouiller l’ambiance. Souvent l’affectif prend le pas sur l’efficacité de l’action.De même, on constate souvent que les personnes les plus impliquées ont parfois du mal à accepter de déléguer ou de passer la main en transmettant leurs connaissances et leurs pratiques.Dans une association la parole est libre, et les choix importants sont parfois (très) largement débattus. Une forme de démocratie directe, peut-être ? Bref, cette expérience d’une dizaine d’années de bénévolat m’a énormément appris sur un volet particulier du management.

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