Jean-Daniel Pick (H.81), président du club HEC Commerce et Distribution, fondateur de l’activité Stratégie chez EY-Parthenon, coach et investisseur à l’incubateur HEC

Il est bien évident que les mesures de confinement profitent à Amazon. Lors du premier confinement, la multinationale a vu son chiffre d’affaires bondir de 40 %, ses bénéfices ont été multipliés par deux et plus de 175 000 emplois ont été créés. Ces chiffres s’inscrivent d’ailleurs une dynamique de croissance globale du e-commerce : en France, les ventes ont augmenté de 46 % entre avril et juin pour les produits grand public. Les effets du deuxième confinement devraient être sensiblement les mêmes, compte tenu de la fermeture des commerces de proximité et des rayons « non essentiels » des grandes surfaces.

En ce moment, un montage photographique circule sur internet, qui représente Jean Castex en dessous du logo Amazon avec l’inscription « Employee of the Month ». Ça résume bien la situation : les décisions du gouvernement profitent au géant américain. Mais de là à imaginer qu’Amazon a intercédé pour favoriser la fermeture des commerces, ce serait absurde, même si cette situation lui est profitable. Les dirigeants de l’entreprise de Seattle ont même fait preuve d’élégance, en proposant aux petits commerçants de vendre sur leur marketplace à des conditions privilégiées. Certains diront que d’un point de vue commercial, c’est finement joué de leur part, mais rien ne les y obligeait.

Quant aux tentatives pour compenser l’injustice envers le commerce physique, comme les appels au boycott d’Amazon ou l’idée de suspendre les promotions du Black Friday, elles ne me paraissent pas pertinentes. Pourquoi faudrait-il interdire d’acheter moins cher ou punir les consommateurs français ? Si le gouvernement décide de fermer les commerces de proximité, il doit en assumer les conséquences jusqu’au bout.

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