Le taxi moto file à toute vitesse sur la N118, au travers de la visière des paysages familiers défilent, la vallée de Chevreuse s’étend au loin, et si Velizy 2 s’est renommé Westfield, pour le reste on serait tenté de dire que rien n’a changé. Plus de 20 ans déjà que j’ai quitté le campus et chaque occasion d’y retourner me procure le même pincement au cœur, mélange de souvenirs, de jeunesse passée et joie d’un temps retrouvé, l’espace d’une parenthèse sur fond de toile de Jouy immuable.

Rien ne change et pourtant tout se transforme à vitesse Grand V sous l’impulsion d’Eloïc Peyrache, de son équipe et grâce à l’immense générosité d’alumni HEC qui savent ce qu’ils doivent à HEC mais bien plus encore ce qu’HEC peut faire pour la société française et même au-delà de ses frontières. Cette générosité elle est essentielle et malheureusement encore trop limitée à la fois en nombre et en montants.

En cette fin de matinée ensoleillée de novembre ce n’est, une fois n’est pas coutume, non pas sur le campus que je me rends, mais au Château, comme on dit maintenant. À mon époque le château c’était le CRC, un bâtiment qu’on apercevait au loin depuis les terrains de foot et de rugby, où des cadres venaient se ressourcer. Aujourd’hui le château a rejoint la famille de l’Executive Education.

Au moment de pénétrer dans ces murs, j’ai le cœur qui bat de plus en plus fort, comme dans l’ultime attente d’un événement tant attendu. L’école a organisé un déjeuner avec les premiers étudiants boursiers du programme HEC Imagine Fellows que j’ai eu la chance d’initier avec la fondation et l’école. Ils viennent d’Afghanistan, de Syrie, d’Ukraine, ils ont connu la guerre, la peur, la fuite, la séparation, ils sont tous brillants, plein d’espoir, d’envie, et ils ont choisi HEC pour faire d’eux des citoyens emplis de sens et prêts à avoir de l’impact.

Leur présence est un tournant pour notre école, le signe tangible d’une ouverture sur le monde, d’une volonté d’être toujours plus inclusif mais plus encore la reconnaissance que notre Grande École peut jouer un rôle encore plus grand en œuvrant pour la paix dans le monde. Un rêve fou diront certains, mais tous les rêves naissent d’un désir.

Le nôtre s’affiche déjà sur le campus par la présence de ces étudiants formidables qui pour certains ont bravé de grands dangers pour rejoindre HEC. Il s’affiche aussi par la générosité des alumni qui par leurs dons ont offert des trimestres de scolarité. Il s’affiche par la mobilisation sans précédent de la fondation, du corps enseignant qui lance les cours sur le thème « Business & Peace » mais aussi de la vie associative. A peine lancée par des jeunes étudiants aux ambitions sans limites, Anna, Arthur, Nicolas et Kenzi, l’association HEC Imagine compte déjà plus de 30 membres actifs et dès février 2023 un premier événement marquera l’empreinte qu’HEC Imagine entend avoir au-delà du campus.

Le repas s’achève, nous avons échangé, ri, partagé nos espérances, formulé des engagements, il est temps de repartir. La moto taxi laisse derrière elle les plaines encore verdoyantes, déjà La Défense se dresse au loin. J’ignore cette réalité qui me rattrape, mes pensées sont pleines de ces rencontres, de l’espoir d’un monde meilleur, né le temps d’un déjeuner au château.

 

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