Au cours de sa carrière, chacun peut être amené à changer de poste et d’entreprise, de manière volontaire ou involontaire. Le réseautage, ou «networking», est une compétence clé qui peut ouvrir de nouvelles opportunités mais qui se travaille et requiert de la méthode. Daniel Porot explique pourquoi la mise en réseau ne fonctionne pas toujours, quelles sont les erreurs à ne pas commettre et surtout comment s’y prendre pour être efficace.

Réseautez avec la bonne approche

La notion de réseau est souvent mal interprétée. Les candidats abordent le réseautage avec une double intention qui ne fonctionne pas. D’une part, ils cherchent à rassembler des informations sur les postes de travail, les recruteurs, les entreprises qui les intéressent. De l’autre, ils sont dans l’action, recherchent des pistes d’emploi concrètes, des rendez-vous avec les DRH. Cette double approche est inefficace, voire catastrophique. Le réseautage doit absolument se limiter à une seule approche : la collecte d’informations. Pourquoi ? Parce que si un candidat cible tout de suite un emploi, une piste ou une recommandation, son contact se limitera le plus souvent à lui demander un CV qu’il mettra au bout de quelques jours à la poubelle ou diffusera de manière anarchique, sans grand résultat. En revanche, en se restreignant à ne demander que des informations à son interlocuteur, le candidat le mettra en confiance sans pression, lui permettant de s’ouvrir et de donner des renseignements de premier ordre.

Définissez bien vos cibles

Une cible clairement définie permet de savoir quels sont les entreprises à approcher, les postes qui pourraient convenir, des détails sur certains recruteurs et décideurs. Pour identifier une cible, même si cela paraît contre-nature, il n’est pas judicieux de prendre rendez-vous avec la personne la plus « remarquable » ou la plus « haut placée » dès le début, en pensant gagner du temps et réduire le nombre d’entretiens. Au contraire, il est important d’y aller progressivement et de commencer par une cible modeste. C’est au bout du troisième ou du quatrième entretien qu’un candidat est à l’aise, qu’il maîtrise la technique d’entretien d’information et pose des questions stratégiquement pertinentes. Il est recommandé de ne pas contacter une personne ayant un niveau beaucoup plus élevé que celui recherché. Enfin, pour peu que l’on s’y prenne bien, les gens sont souvent heureux de partager leur expérience et de montrer qu’ils ont des choses à transmettre.

Préparez votre entretien

Dans un entretien d’embauche, c’est le recruteur qui pose les questions. Mais dans un entretien d’information, c’est le candidat qui pose des questions. Une grande majorité de personnes se rendent aux entretiens d’information sans les avoir préparés, en pensant ainsi être « naturelles ». Grave erreur, les questions posées sont alors basiques et plates, entraînant des réponses basiques et plates. Il est donc essentiel de consacrer du temps à se renseigner via Internet et les réseaux sociaux pour mieux cerner son interlocuteur, son environnement mais aussi son jargon, ses mots-clés. Obtenir des informations n’est possible que si l’on dispose d’un langage commun. Autre réflexe : le candidat sera interrogé aussi, mais il doit s’entraîner à répondre avec concision pour ne pas accaparer le temps de parole. C’est la personne « ressource » contactée qui doit s’exprimer. Cette attitude permet d’en apprendre plus sur le métier et le secteur recherchés qu’en parlant de soi, surtout si l’entretien est court. Enfin, il est important de prévoir des questions qui impliquent son interlocuteur et lui donnent envie de répondre, telles que : « Comment avez-vous réussi à occuper votre emploi actuel, qu’est-ce qui vous plaît le plus, qu’est-ce que vous aimez le moins ? »

Sécurisez votre interlocuteur

Lorsqu’un candidat contacte une personne recommandée par un tiers, la délicatesse est de mise. Il est bienvenu de contextualiser et de préciser ses intentions : qui est le contact intermédiaire faisant la mise en relation, quelles sont les attentes, expliquer que l’entretien sera court et ne dépassera pas une vingtaine de minutes. Une personne au chômage ne doit pas paraître aux abois, mais rester positive. Si on lui demande quelle est sa situation, elle peut préciser qu’elle est dans une démarche de validation d’un objectif professionnel et qu’elle envisage une carrière similaire à celle de son interlocuteur. À la fin de l’entretien d’information, l’objectif du « réseautage » est d’obtenir de son interlocuteur deux ou trois contacts de personnes qui exercent un métier identique dans une autre entreprise. C’est souvent une phase délicate qui suscite beaucoup d’appréhensions. En fonction du « feeling » perçu pendant l’échange, soit il est possible de poser la question directement, soit il est plus élégant de la formuler indirectement en demandant comment approfondir ses investigations. En tout état de cause, la démarche doit être graduelle. Si une personne accepte de donner des noms, le candidat se renseigne alors pour savoir s’il peut les noter, s’il peut éventuellement les contacter et surtout, s’il peut se recommander de son interlocuteur.

Ouvrez vos horizons

Il n’y a pas un seul endroit ou un seul chemin pour se constituer un réseau. Beaucoup redoutent le réseautage et pensent qu’il n’est possible de le mettre en pratique que dans un cadre professionnel, un cocktail, un événement social. Cette vision, trop limitée, occulte de nombreux autres cercles, comme les amis, les relations, les associations d’anciens, le café du coin, le club de sport, le square des enfants, les salles d’attente, les événements culturels. Tous les lieux « publics » du quotidien permettent d’élargir son réseau. Même attitude d’ouverture à adopter quand on perd un emploi auquel on s’est identifié parfois pendant quinze ou vingt ans. Une autre vie est possible après, même si l’on se sent déboussolé et dépersonnalisé. Mais il est fondamental de mobiliser toutes ses ressources pour aller rencontrer des personnes qui ont longtemps occupé le même poste avant de le perdre et qui ont réussi à rebondir après, même si leur domaine d’activité n’a rien à voir avec celui recherché. Elles permettent de partager une expérience de vie et de trouver la force d’aborder ce tournant avec résilience.

Et n’oubliez pas de remercier

Remercier après un entretien est également un outil de recherche puissant. Pas seulement un « merci » lancé au moment de quitter son interlocuteur, mais écrire un e-mail, un SMS, une lettre manuscrite, permet de valoriser une potentielle candidature et de se démarquer. Dans cette perspective, il est primordial de ne pas envoyer de message « plat » mais de construire ses remerciements en soulevant les points importants abordés et les axes de réflexion proposés. Cerise sur le gâteau, partager un article pertinent et tenir ensuite au courant de son évolution permettront un véritable échange bénéfique pour chacun. Alors, enfin prêt pour réseauter ?

Daniel Porot

Considéré comme le pionnier de la gestion de carrière et de la recherche d’emploi en Europe, Daniel Porot est l’auteur d’une méthode qui porte son nom et qui est devenue la référence. Il enseigne dans des écoles et des universités en Europe et aux États-Unis. Son équipe anime des ateliers, séminaires et conférences dans le monde entier.

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