1966 – Hommage à Marc Bourgery, un grand seigneur venu de Chine
Marc Bourgery (H.66) est décédé en mars 2019. Lors de ses obsèques, connaissant les liens personnels forts qu’il entretenait avec Marc, Olivier Devergne demanda à Philippe Ginestié de préparer un hommage à notre ami. L’histoire personnelle exceptionnelle de Marc et de sa famille ainsi que sa grande aventure professionnelle imposaient un témoignage riche et bien documenté. À l’initiative de Philippe, nous préparâmes ce long témoignage avec son épouse Chantal, qui plongea dans les archives familiales pour nous faire revivre l’épopée de la présence Française en Chine, le retour en France de Marc, ses études, sa carrière et sa personnalité hors du commun, illustrés de quelques photos.
Merci à Chantal pour ce témoignage personnel si précieux et riche.
« Marc a les gènes d’un carnet de voyage. Le 8 mai 1941, il naît en Chine, au cœur de la concession française de Tien Tsin (aujourd’hui Tianjin), grand port fluvial aux portes de Pékin. C’est là, en 1900, que se rencontrent son arrière-grand-père chinois, Li Tin Chu, et son grand-père français, Clément Bourgery. Li Tin Chu est un mandarin lettré, attaché à la cour de l’impératrice Tseu Hi. Il va enseigner le chinois à un père jésuite qui, en retour, lui apprend le latin, le français et l’anglais. Poursuivi pour s’être converti au catholicisme, Li Tin Chu se réfugie au consulat de la concession française de Tien Tsin. Il y jouera un rôle influent d’interprète et de diplomate. Fils aîné d’un ingénieur, Clément Bourgery naît en novembre 1872 à Beaucaire dans le Gard. On le dit forte tête. Il s’engage dans le corps expéditionnaire français. Embarqué sur le croiseur D’Entrecastreaux en tant qu’ingénieur en mécanique, il participe à la défense des légations françaises et européennes de Pékin en 1900, contre les Boxers. Dans sa marche vers Pékin, l’Alliance Européenne se sert de la ville de Tien Tsin comme zone de transit. Clément Bourgery reviendra s’y installer dès la fin des hostilités. L’amitié et la confiance entre les deux hommes auront un effet exponentiel. L’un met sa connaissance des rouages de la Chine et ses ressources au service du second, qui apportera sa science et l’audace de sa détermination. Clément Bourgery crée la Compagnie de l’Énergie Électrique. En produisant la lumière électrique de Tien Tsin, il en devient un homme clef. Il sera ensuite à l’origine de nombreux grands ouvrages dont une usine hydroélectrique au Vietnam et le Grand Hôtel de Pékin. Li Tin Chu a deux filles. Clément Bourgery épouse les deux. Anna l’aînée lui donnera 6 enfants, dont le premier en 1907 est Edmond, le père de Marc Avec Thérèse, la cadette, viendront 3 autres enfants. Envoyé à Paris pour ses études et diplômé de Supélec, Edmond Bourgery, de retour à Tien Tsin, prend la direction de l’usine familiale. Il rencontre Marjorie Phyllis Pearson, une jeune fille anglaise née à Shanghai en 1911. La maman de Marjorie est chinoise née à Canton, et son père, James Henry Pearson est né en 1858 à Fermoy en Irlande du Sud. Ni leur mariage, ni leurs sept enfants n’auront la reconnaissance de la famille Pearson qui disparaît à jamais de l’écran familial. Edmond et Marjorie se marient et c’est ainsi qu’Huguette, sa sœur aînée, et Marc vont naître en Chine, avec deux grands-mères chinoises, un grand-père anglais et un grand-père français. Marc est scolarisé chez les Maristes. Il y retrouve des collégiens de toutes nationalités. Son enfance bourgeoise est extraordinairement ouverte sur d’autres cultures. Tien Tsin est une métropole cosmopolite prospère où les élites chinoises et les puissances étrangères présentes, à la fois partenaires et concurrentes, mènent une vie sociale bouillonnante. La seule langue sociale et familiale parlée est l’anglais. De sa petite enfance, Marc garde le souvenir prégnant d’un cocon bourré d’énergie. Le cocon est l’empreinte tissée par sa mère dont l’amour très attentif est cependant sans complaisance. Ses mots ne louvoient jamais. Marc lui ressemble beaucoup. Comme elle, la duplicité aura le don rare de le mettre hors de lui. L’énergie prolifique est la marque indélébile de Tien Tsin, de ses alliages et de son foisonnement. Grâce à elle, rien d’inconnu ne semblera jamais étranger ni inquiétant à Marc et toute différence lui semblera à jamais irrésistible.
Le Grand Retournement.
En 1949, le Parti Communiste chinois décrète que les entrepreneurs et les commerçants européens sont des capitalistes. En conséquence, leurs biens doivent être saisis et redistribués aux chinois. Dès 1950, Edmond Bourgery est, chaque matin, assigné à son usine et prié de rester assis, silencieux, derrière son bureau jusqu’au soir. Toute intervention lui est interdite. En 1951, Marjorie, Huguette et Marc ont l’autorisation d’embarquer pour la France afin de prendre des vacances de Noël en famille. En 1952, Edmond Bourgery est autorisé à quitter Tien Tsin, « les mains dans les poches », pour aller rechercher son épouse et ses enfants. La famille s’installe à Nice, rue Verdi. En septembre 1952, Marc entre en 6e à l’institution Sainte Marie, chez les pères Maristes, à la Seyne sur Mer. Il y est interne, il ne parle pas un mot de français. Marc retournera à Tien Tsin en 1991 pour la première fois, avec moi. Tous deux, ensemble, nous y fêterons ses 50 ans. Le quotidien d’un pensionnaire, en France dans les années cinquante, n’est pas fait pour les mauviettes. Marc vit sa rentrée en pension avec l’impression d’être envoyé dans une prison d’avant-guerre. De ses grandes frustrations de confort, il va développer une addiction fanatique pour les très longs bains très chauds et un talent instinctif pour une cuisine quotidienne super créative. L’esprit de l’enseignement des Maristes, « ces hommes carrés dans un corps rond », tels que l’on aime illustrer leurs valeurs d’exigence et de bienveillance, est familière à Marc. Mais en français, c’est une nouvelle histoire. Alors, avec le soutien pivot de sa professeure de français, qui va le faire travailler chaque soir après l’étude, il est bilingue à Noël. De la 6e à la 1re, il sera tête de classe et excellent compétiteur en natation et en judo. Il sort de l’enseignement des Maristes, non pratiquant mais pas anticlérical non plus. Il dira y avoir appris la solidarité. Et l’empathie sera à jamais sa marque de fabrique. Il quitte La Seyne sur mer avec soulagement et Nice sans nostalgie. Il n’aime pas cette ville qu’il estime pauvre d’esprit.
Stanislas : « the years of Independence ».
Enfin seul, et jouissant de l’appartement parisien de ses parents, qu’il rendra très hospitalier, il intègre, en Math-Élem, le collège Stanislas. Il dit y avoir travaillé comme un bagnard, mais en garde des souvenirs joyeux. C’est à Stan que Marc décide de façon définitive de suivre sa propre route. Issu d’une lignée d’ingénieurs, ingénieur lui-même, son père n’avait pas envisagé une seconde une interruption de cette tradition. Aussi quand. Marc lui annonce vouloir intégrer HEC, son unique réaction sera : « HEC ? Connais pas ! » Marc vit l’aboutissement de sa prépa à Stan comme une totale libération.
HEC – 108 Boulevard Malesherbes.
Marc aime ses trois années à HEC. Il dit cependant les avoir suivies de façon trop scolaire. Trop de transpiration, pas assez d’inspiration et une lecture insuffisante du journal Le Monde. Il aime l’ambiance de « foutaise » fraternelle qui y règne. Il va y fixer le socle quasi définitif de ses amis. Son diplôme lui ouvre une grande variété de métiers et d’entreprises. Il va choisir un métier nouveau.
Le temps de L’action !
En 1966, Marc est engagé par Secodip, société d’Études spécialisée dans la gestion de panels de consommateurs et de distributeurs. Il est chargé d’Études et intervient sur les marques de grands annonceurs comme L’Oréal et Nestlé dont il restera proche pendant plus de 40 ans. En 1969, il entre à la Cégos, en son département Etudes de Marché : Makrotest. Il dirige le pôle des Études quantitatives et les chargés d’Études dont je fais partie. Il aime le travail collectif. C’est un meneur qui ne supporte ni le manque de parti pris, ni le bla-bla à qui il préférera toujours l’épreuve du réel. Il impose de nouvelles méthodes et projette notre valeur ajoutée dans l’avancée de notre métier. En avril 1969, Marc et Dolores, son épouse, deviennent les parents d’un petit garçon, Luc.
1972 à 1994 – FCA! (Feldman, Calleux et Associés) : la belle affaire !
L’agence de publicité a 6 ans lorsque Marc rejoint ses deux fondateurs Jean Feldman et Philippe Calleux. Il sera le 3ème homme de l’agence et aura une relation viscérale avec elle. FCA! est dans le peloton de tête des agences de publicité. C’est une école de la passion créative, irrésistible pour les grands annonceurs. Marc, homme de rupture, apporte sa pensée fluide et non conventionnelle. « Sorcier du marketing » disent les clients. Associé, il est le directeur général de l’agence puis celui du groupe FCAB! Homme de nouveaux territoires, il en développera la diversification et l’internationalisation en Europe, Japon et Amérique du Nord. En 1979, je quitte les Études de Marché pour la pub. Je rejoins FCA! Pendant 40 ans, Marc et moi allons lier nos vies à temps complet. Nous nous marions, et avec son fils et les deux miens, construisons notre socle familial. En 1993, le groupe Publicis rachète FCAB!, son portefeuille de clients prestigieux et la réussite de son réseau international dont New York est un étendard de choix. Marc, qui veut se consacrer au management à un niveau international, rejoint McCann Worldgroup, puis Euro RSCG Worldwide. De mon côté, je vais diriger l’agence Exclamation!, filiale de Publicis.
« Keeping in touch with Success » – Kitsuccess.
De sa science hyper aiguë du Consommateur / Monde, Marc va inventer et théoriser une nouvelle approche marketing basée sur la détection des Aspirations / Consommateurs. En 2000, ensemble, nous créons la société Kitsuccess : son outil, l’Observatoire des Aspirations, et sa méthode, la Pensée Saute-Moutons. De 2000 à 2015, pendant 15 ans, les marketers les plus innovateurs feront appel à nous. Impliqué sur des problématiques internationales de développement, Kitsuccess interviendra dans les grands pays européens, le Japon, et l’Amérique du Nord. Et également en Chine : Marc jubilera. Marc vivra son métier avec cœur. Nombreux seront les bénéficiaires de son exceptionnelle empathie et de sa pensée si originale et si créative. Son jardin lui sera essentiel. Il sera plein de charme et on s’y sentira bien. Il pratiquera l’amitié avec attention et fidélité. Notre famille sera sa passion inconditionnelle. Il en prendra soin sans relâche. Il l’aimera et la portera avec obstination, délicatesse, joie et imagination. Elle est notre force aujourd’hui. »
Chantal Bourgery
Philippe Ginestié (H.66) s’exprime ainsi : « L’histoire de Marc plonge ses racines dans la grande Chine. Il sera définitivement marqué par la révolution qui l’exile en France. Il sera aussi fasciné par l’Amérique. Il écrira une vie d’exception. Celle d’un homme empathique, visionnaire, curieux des autres, de la différence. Il avait la distance des contingences des grands seigneurs, toujours au-dessus de ce qui est bas. Sa supériorité, pas totalement inconsciente, ne nuisait en rien à la chaleur de la relation. L’amitié était un pilier essentiel de sa construction. Et son amitié si constante était agrémentée d’une profonde bienveillance – cette qualité qui saisit toujours la dimension de l’humain – qu’il exprimait avec une étrange causticité, certainement par pudeur. Il pensait en précurseur, toujours en avance sur le temps, sans jamais perdre le lien avec le concret. Il aimait à dire « il faut passer à autre chose ». Pluriculturel, Marc était la mondialisation. Le rencontrer était une chance. Il ouvrait sur d’autres mondes, à l’époque très lointains, sur les vertus du syncrétisme. Adieu Marc ! Tu étais un grand seigneur dans la vie, par le cœur et par l’intelligence. »
Nous avons aussi sollicité les témoignages de quelques-uns de ses amis très proches, Christian Moretti (HEC 69) qui marcha sur ses traces chez les Maristes de Toulon avant de le connaître, Jean-Marie Grisard qui le rencontra en Math-Élem à Stanislas et lui présenta Philippe Blandinières à l’époque de leur prépa HEC, et Philippe Calleux (HEC 57) témoin privilégié de la grande aventure Feldman, Calleux et Bourgery. Enfin, Jean-Pierre Richard témoigne de la fidélité permanente de Marc à notre promotion.
Christian Moretti (H.69) : « Avant de rencontrer Marc, j’en ai beaucoup entendu parler… En effet, il était mon aîné de quelques années et j’ai suivi quasiment exactement le même parcours que lui. D’abord au collège où nous avions tous les deux suivi les cours de judo, puis à HEC. Au collège Saint Marie, le professeur de gymnastique, M. Julian, était également professeur de judo (ceinture noire troisième dan) et, accessoirement, moniteur d’arts martiaux pour les commandos de la marine nationale à Toulon. Marc et moi nous entendions très bien avec lui. C’est donc M. Julian qui m’a parlé le premier de Marc en me recommandant de le rencontrer, d’autant qu’au collège j’avais déjà exprimé mon ambition de faire HEC et que ma famille, comme celle de Marc, habitait Nice dans le même quartier. M. Julian considérait que c’était un signe du ciel et que notre rencontre était inévitable. Ceci étant, notre différence d’âge fit que je ne rencontrais Marc qu’après qu’il eut quitté le collège et passé le concours d’HEC, avec succès. Je le rencontrai chez ses parents, rue Verdi. Très gentiment, il m’offrit ses cours de prépa qui me furent très précieux. Pour la toute petite histoire, un autre de ses congénères d’HEC et également niçois me vendit les siens… La bosse du commerce sans doute !!! Marc et moi nous retrouvâmes à HEC dans la section judo sous la supervision du Maître Arbus et de Jacques Le Berre, champion d’Europe. L’équipe d’HEC était forte et gagnait régulièrement le tournoi triangulaire Polytechnique / Centrale et HEC. Marc a laissé dans l’équipe le souvenir d’un combattant tout en finesse. »
Jean-Marie Grisard (H.66) : « Ça a débuté comme ça : à la rentrée 1959, au Collège Stanislas, moi Jean-Marie Grisard, arrivant directement du collège des Jésuites de Dole (Jura), j’ai eu la surprise de rencontrer en classe de Math-Élem un récent pensionnaire des Maristes de Toulon, Marc Bourgery, avec lequel j’ai pu d’emblée comparer les mérites respectifs des méthodes de dressage de nos deux institutions. Tout de suite s’installèrent entre nous affinités et complicités. Marc était d’un calme rassurant, son âge plus avancé et sa force physique entretenue par la natation et par de brillants classements dans les compétitions de judo, lui assuraient une placidité rayonnante que nous recherchions tous. Sa générosité s’exprimait de la même façon en dehors des murs de Stan : par les sorties aussi loin que Versailles dans sa pimpante Dauphine Gordini, les cours de tenue de baguettes chinoises, les rocks endiablés avec ses amies américaines dans l’appartement de la rue de Rémusat, et la découverte des restaurants chinois qui commençaient à éclore au Quartier Latin… Et depuis, pendant plus de 50 ans, notre amitié ne s’est jamais démentie. »
Philippe Blandinière : « C’est en 1963 que Jean-Marie Grisard, en prépa HEC à Stan, m’a fait entrer dans une bande de joyeux drilles, dont Marc faisait partie. Le Marc de cette époque était déjà celui que nous aimons depuis plus d’un demi-siècle : généreux, fidèle en amitié, bienveillant et moqueur, sensible mais pudique, placide mais farceur, dont le sketch préféré était d’effaroucher les bourgeoises du 16e en demandant à haute voix dans le métro : « Alors, le mari de ta sœur, toujours en taule ? » Il est vraiment devenu mon ami en août de la même année. En route pour la Yougoslavie, Jean-Marie, un autre membre de la bande et moi avons fait escale quelques jours à Nice, invités par les parents de Marc. Je me souviens encore de la journée que sa maman, (une grande dame disparue si jeune en 1970), a consacrée à nous préparer un somptueux repas chinois. Bon sang ne saurait mentir, Marc n’était pas manchot en cuisine. Il était aussi un homme de convictions et aimait argumenter avec patience et opiniâtreté. Avec l’âge, certains deviennent égoïstes et amers. Marc était à l’opposé de ce comportement. Il est toujours là et continue de nous dire avec sagesse: “ne te plains pas, sois tolérant et partage toutes tes joies du temps qui reste avec ceux que tu aimes”. »
Philippe Calleux (H.57) : « Parmi les anciens de Feldman Calleux et Bourgery, il ne doit pas y en avoir beaucoup qui se souviennent du commissaire Bourrel, héros d’un feuilleton de l’ORTF, incarné par Raymond Souplex. Sa phrase iconique, quand il entrevoyait la solution de son enquête était : Bon sang mais c’est bien sûr ! Avec Marc, si on avait un doute, une hésitation, si on ne comprenait pas, bon sang mais c’est bien sûr, il avait la réponse. Digne héritier de Descartes, il avait un don pour l’évidence. C’est cette prédisposition pour la révélation qui en avait fait un pilier de l’agence, un interlocuteur tellement nécessaire, tellement apprécié des clients de FCA! À la fois rigoureux et intuitif, il savait détecter, au cœur de produits apparemment indifférenciés, l’angle qui permettait de les individualiser dans le tohu-bohu des propositions publicitaires. Marc et moi étions de vrais amis. Ce qui nous avait rapprochés était une certaine similitude de nos parcours, en y incluant les tumultes du cœur, les joies de l’esprit, les vicissitudes du quotidien, l’amour de l’Amérique et de la langue anglaise. Il me semble bien qu’il ne nous est jamais arrivé de nous quereller. Dans le monde d’aujourd’hui, devenu si complexe, encombré de fausses nouvelles, où les mots perdent leur sens, nous aurions besoin de sa lucidité et de sa bienveillante sagesse. »
Jean-Pierre Richard (H.66) : « Après la création de Sup de Pub, en 1986, je l’ai régulièrement sollicité pour des conférences, toujours brillantes et enthousiasmantes, auprès des élèves et ensuite auprès de dirigeants d’entreprise. Mieux que quiconque, il savait avec quelques images et quelques titres présenter une évolution des attentes des consommateurs et de leurs « aspirations profondes qui font bouger le monde ». Il savait à la fois souligner les différences selon les pays (je me souviens encore des visions contrastées de la cuisine italienne en Europe) et surtout montrer leur universalité dans les grands pôles de consommation mondiaux. D’année en année, ses démonstrations s’enrichissaient. Elles incitaient ses publics à des changements profonds, toujours tentants mais audacieux et difficiles à engager… et révélaient parfois cruellement l’inadaptation des produits, des services, des stratégies marketing et des politiques de communication aux nouvelles attentes des marchés, et aussi plus simplement, l’inadaptation des pratiques de management. Sa grande carrière professionnelle et un naturel voyageur n’empêchèrent pas Marc d’être fidèle et souvent présent à nos déjeuners et réunions de promotion. Dans l’annuaire de l’an 2000, il nous confiait sa devise favorite, “un con qui marche ira plus loin qu’un génie assis”, et nous avouait sa passion pour le jardinage. Lors d’un déjeuner de promotion, il nous présenta sa méthode “la pensée saute-mouton”, au titre bien choisi pour nous inspirer la révolution permanente pour la conquête des marchés. À lire ou à relire par ceux qui cherchent encore à développer leurs entreprises ! Pour le 50e anniversaire de la promo en 2016, Marc nous adressa un texte publié dans notre livre souvenir “Paroles”. Il se déclarait “abasourdi et émerveillé par notre époque de changements (de 1963 à 2016), de bouleversements et de ruptures, alors que nous avions été préparés à être des conservateurs évoluant dans un monde de stabilité”… et nous invitait après “ces 53 années formidables”, à l’exemple de Napoléon, “à passer à autre chose” ! Lorsque le projet d’une grande fête commune entre les deux dernières promotions du boulevard Malesherbes se concrétisa à la fin de l’année 2017, l’équipe des délégués des deux promotions décida de préparer une campagne pluri-mensuelle de teasing. Olivier Devergne suggéra de mettre à contribution les talents de Marc. N’était-ce pas une petite mission pour un grand communicant ? Marc accepta volontiers, et un déjeuner de briefing nous rassembla. Fidèle à ses habitudes, il reprit le raisonnement très en amont et nous replaça en “haute altitude” en nous livrant ses premières idées. Ce n’était plus la communication pour notre réunion mais la refonte de l’École, de sa communication, de celle de la Fondation et de l’Association qu’il nous proposait. Bien loin de nos modestes responsabilités et de nos énergies ! Quelques semaines plus tard, lors d’une première réunion chez lui, nous nous retrouvions comme de grands annonceurs disposant d’un gros budget pour écouter une agence nous présenter ses recommandations. Marc atterrira… avec un plan de campagne audacieux préparé soigneusement avec Chantal. Sa vision nous surprit, nous bouscula et nous invita à revoir l’organisation de la manifestation, à retravailler son esprit, la logistique et la communication. Un programme lourd. Que de discussions et débats ! »
Jean-François de Chorivit, délégué de la promotion 1965 : « Je ne connaissais Marc Bourgery que de réputation. Ce qui m’a le plus frappé et séduit, lors de nos discussions informelles, c’était son insistance à mettre en avant le côté amical et festif de cette manifestation. Il avait intuitivement perçu les attentes fondamentales de nos camarades. Nous lui en sommes gré…
Marc nous considérait clairement comme des clients annonceurs timorés, peu aptes au changement et à l’innovation, mais ses idées feront leur chemin. Il gardera son humour et se moquera gentiment de nous. Son écoute bienveillante lui permettra de belles relances. Marc et Chantal construiront, sans se lasser, avec toute l’équipe des délégués et l’aide opérationnelle de leurs petits-enfants le plan de communication : 6 mailings successifs accompagnés de clips vidéo. L’objectif de retrouver le ton léger et joyeux de nos années d’École et l’esprit Malesherbes, autour d’un scénario musical avec images et textes, ne sera jamais abandonné. La sortie et les envois bien rythmés de ces vidéos vont animer et enchanter les échanges des délégués des deux promotions et nous stimuler dans notre préparation et nos relances auprès de nos camarades. Nous serons plus de 240 en octobre 2018 pour notre déjeuner “estival” dans le parc de la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur à Saint-Denis et pour un concert d’orgue à la Basilique des Rois de France. Une très belle réussite que les délégués et Marc célébreront ensemble fin novembre 2018, lors d’un dernier déjeuner en commun. »
Published by Lionel Barcilon