Spécialiste de l’accompagnement social, le groupe Oasys est engagé dans les transformations majeures du monde du travail. Vision d’expert avec le président fondateur Éric Beaudouin (E.98).

 

Comment a évolué l’activité d’Oasys depuis sa création ?

Éric Beaudouin : Au moment de sa création en 2006, Oasys Consultants a lancé le concept de Transition Apprenante®, proposant une offre de formation couplée à un programme d’outplacement individuel pour les cadres et dirigeants en transition professionnelle. Très rapidement il a répondu aux attentes de ses clients, en élargissant ce concept aux contextes de restructuration, proposant un reclassement qualitatif aux salariés subissant un licenciement dans le cadre de plans sociaux.
En 2010, nous nous sommes intéressés aux « restants » en proposant avec Oasys Mobilisation de rassembler les managers autour du nouveau projet d’entreprise, et de redynamiser les équipes en place. En 2013, nous avons racheté l’Ifod, une école qui dispense des formations certifiantes autour des métiers du coaching et de l’accompagnement. En 2016, L’IAPR institut spécialisé depuis trente ans dans la prévention et l’accompagnement des risques psychosociaux, nous a rejoints pour apporter son expertise et développer une offre de qualité de vie au travail. Puis en 2020, nous nous sommes rapprochés d’Oneida Associés, proposant ainsi à nos clients un conseil « amont » dans la préparation et la conduite de transformations socialement sensibles. Arrivé au sein du groupe en 2023, Le 30 Fab intervient pour soutenir l’activité, l’emploi et l’inclusion sur les territoires, et l’agence Alquier Communication conseille les organisations et leurs dirigeants dans leurs stratégies d’image et de communication. Tout récemment, le groupe Alerys est venu renforcer nos expertises et accroître notre présence en France, avec plus de 250 implantations sur le territoire.

Quels sont les ingrédients d’un tel succès ?

E.B. : Ils sont de trois ordres : notre développement a été rendu possible grâce à la confiance toujours renouvelée de nos clients, à notre modèle de partnership – 82 salariés sont aujourd’hui associés au capital –, et enfin au soutien de Naxicap, le fonds d’investissement qui a accompagné nos projets de croissance externe.

Ce changement d’échelle constitue-t-il un atout sur le marché du conseil RH ?

E.B. : Qu’elles soient des entreprises françaises ou internationales, ou qu’il s’agisse du secteur public, nous sommes aujourd’hui en mesure de proposer à nos clients une offre globale qui répond à l’ensemble de leurs problématiques et enjeux RH. Cette capacité ensemblière a guidé notre développement. Chacune de nos filiales peut aussi répondre à des besoins spécifiques de leurs clients, et particulièrement face aux nouvelles attentes des salariés.

Quels sont les défis auxquels vous êtes aujourd’hui confrontés sur le marché du travail ?

E.B. : De nombreux défis RH s’annoncent pour les Comex. J’en citerai deux. L’emploi des seniors, d’abord. La question de l’accès et du maintien à l’emploi des 50 ans et plus s’avère cruciale. Il s’agit de lutter contre les préjugés qui dépeignent cette catégorie de salariés comme des personnes chères, peu engagées et hermétiques à la formation, et de former les managers à dépasser leurs préjugés. Aujourd’hui, un cadre senior en recherche d’emploi, met statiquement deux fois plus de temps à trouver un job qu’une personne plus jeune, du fait d’une discrimination accrue à l’embauche. Or 47 ans, c’est précisément l’âge de la mi-carrière. Il y a là un véritable défi à relever ! L’autre défi, c’est l’intelligence artificielle. Avec l’avènement de l’IA, on estime que les individus changeront 7 ou 10 fois de profession au cours de leur vie, contre 2 ou 3 fois auparavant. Pour nous, c’est une opportunité exceptionnelle, en termes de business, mais aussi de réflexions qui nourrissent notre métier. Comment donner du sens à sa vie professionnelle, quelle sera la place des soft skills à l’heure de l’intelligence artificielle ?… Ce sont des questions passionnantes pour nous, car notre cœur de métier – voire notre métier de cœur –, c’est l’humain.

Les transformations du monde du travail sont aussi un défi pour le management ?

E.B. : Le management connaît actuellement une vraie révolution. Le télétravail, les attentes de la génération Z, la quête de sens… C’est une remise en question quasi complète. À mon sens, la première chose à faire en entreprise est d’engager une discussion, d’expliquer les enjeux aux salariés. Les gens ne sont pas idiots. On ne prend pas assez souvent le temps de cet échange, mais on a tort : pour preuve, la moitié des fusions-acquisitions se soldent par un échec pour des raisons humaines. Si l’entreprise se coupe de ses collaborateurs, elle va dans le mur.

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