Les 22-23 juin la France organise à Paris un sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Alors que les forces centrifuges de toutes natures – géopolitiques, économiques, sociales, énergétiques, humanitaires… – se déploient, l’idée peut apparaitre à une populations de plus en plus sceptique soit baroque, soit naïve. Soit même franchement inutile.

Il y a pourtant urgence à remettre à plat ce qui doit l’être et à envisager une nouvelle étape de notre développement commun. L’ordre actuel date de 1945. Il a été révisé au tournant des années 70 avec la décision de suspendre la convertibilité or du dollar puis conforte par la chute du mur de Berlin et paradoxalement par la réponse apportée aux crises qui ont suivi jusqu’à la pandémie. Mais ce modèle doit pourtant être révisé. Les tensions se multiplient comme la colère et les incompréhensions. On l’a vu sur le climat avec la demande de prise en compte par les pays émergents et en développement des « pertes et dommages ». On l’a revu sur la biodiversité. On le voit sur la question de la dette. On le voit sur la faiblesse de l’aide publique au développement comme sur l’allocation minuscule de notre épargne à ces pays. Les fossés sont là et s’élargissent. Au moment même ou la question non plus de la mondialisation – l’organisation politique et économique de notre vivre ensemble – mais de la planétarisation – c’est à dire la préservation du lieu où nous vivons ensemble – est en jeu.

Je l’ai déjà écrit dans ces colonnes : nous avons choisi en 2015 avec les accords de Paris et les Objectifs du développement durable une feuille de route pour notre mondialisation et notre planète. Ouf ! Mission accomplie ? Oui et non. Oui, parce que la feuille de route est là. Non, parce que nous n’y arriverons qu’ensemble en nous en donnant les moyens. C’est l’objet de ce pacte financier à discuter. Pas d’objectif plus important. Il nous faut confirmer la feuille de route. Et établir le lien entre développement – lutte contre la pauvreté et les inégalités –, lutte contre le changement climatique et protection de la nature (biodiversité, eau, utilisation des terres). Il paraît vu d’en haut ou de loin évident. Le changement climatique frappe les plus pauvres. Mais de plus près, il faut prendre garde que le « et » ne se transforme dans l’esprit des gens en « ou ». Une musique qui ressemblerait à « fin du monde ou fin du mois ». Il est donc urgent de resserrer les liens avec des mots et des explications bien sûr. Mais aussi avec une nouvelle approche financière. Ce sont des questions difficiles à un moment où les finances publiques sont sous pression. Alors que la finance entre dans un cycle de hausse des taux et d’aversion au risque. Et alors aussi que beaucoup ont le sentiment que les difficultés domestiques requièrent toute notre attention et tous nos moyens : « America first » s’impose dans les esprits.

Les vents sont adverses. La nécessite de faire face ensemble est pourtant là. Il nous faudra collectivement pour avancer et resserrer les rangs de l’audace, et de l’imagination… mais aussi de l’humilité. Il est loin, le temps où le pacte voyait se faire face celui qui savait et celui qui écoutait. « Nous sommes embarqués », disait Pascal. Peut-être pas tous sur le même pont, mais certainement sur le même bateau.

Le pacte peut être notre ordre de marche partagé : Cap à la bonne espérance !

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