Séjour 23-30 août 2025 : Itin’errances au Grand St-Bernard
Pour la 4ème grande marche de notre Club Les Chemins des Sacrés, nous avons pris de la hauteur. Nous avons principalement séjourné à l’Hospice du Grand St-Bernard (2500m), haut lieu d’hospitalité et de spiritualité depuis bientôt 1000 ans.
Et nous avons exploré ensemble un nouveau chemin, celui de la Via Francigena pour franchir le Col frontière du Grand St-Bernard, puis des sentiers de rando pour atteindre le Mont Fourchon (2900m) et la Fenêtre de Ferret sur les Lacs (2700m).
Entre ce Col longtemps seule voie de passage des Alpes, et cet Hospice millénaire, nos soirées après souper ont été riches autant de rencontres et d’échanges avec des témoins érudis de la grande histoire, que de causeries et de récits avec des personnages qui ont personnellement illustré la petite histoire.
Il se dit que deux chemins mènent au Grand-Saint-Bernard : celui qui se lit sur les cartes et que l’on emprunte en se laissant gagner par la grandeur du paysage, et l’autre, le chemin intérieur… Ce sentiment, plusieurs d’entre nous l’ont éprouvé.
Sylvie

Contrastes… « Hauteur et profondeur dans le temps et dans l’espace »
J’avais construit ce projet comme une expérience insolite à 2500m d’altitude en un lieu mythique hautement spirituel. Et c’est ainsi que je l’ai vécu, grâce à notre groupe de camarades qui l’a « habité ».
Ce qui m’a marqué :
Le décor naturel grandiose et austère avec cet Hospice niché au cœur d’une enceinte de parois rocheuses abruptes qui le surplombent et se reflètent dans le lac, m’a été propice à la contemplation.
Le passage du col, voie de franchissement des Alpes, empreint d’histoire qui remonte à l’Antiquité, et la frontière que nous avons souvent traversée à pied pour passer en Italie.
Les contrastes entre isolement du lieu et a luence dans l’Hospice, entre rudesse du climat et chaleur de l’Hospice, entre hostilité naturelle et hospitalité humaine, entre lieu millénaire et site intemporel, entre fragilité de l’Hospice et puissance de son rayonnement.
Notre marche sur les deux versants de la Via Francigena qui culmine au col, où nous avons mis nos pas dans ceux des pélerins du moyen âge. Certains d’entre nous ressentent déjà l’envie de la continuer vers Rome…
Notre esprit de camaraderie une constante dans chacune de nos marches, avec des échanges riches et des fous rires.
Sylvie Berruel (Executive Master HEC 20)

« Une semaine à la croisée des Chemins »
C’était une semaine magnifique dans un lieu magique ! Et pour moi la magie a été de faire l’expérience vivifiante de « la croisée des chemins ».
J’ai aimé passer les frontières de multiples manières aussi souvent qu’il me plaisait.
Frontière terrestre d’abord car au col nous étions entre la Suisse et l’Italie.
Frontière culturelle à la rencontre de nos amis cisalpins, et de la beauté de la vallée d’Aoste.
Frontière temporelle entre hier et aujourd’hui, le col ayant été actif depuis des milliers d’années.
Frontière spirituelle à la rencontre des chanoines du Grand St-Bernard qui nous ont accueillis.
Frontière métaphysique entre ciel et terre, parce qu’au sommet des montagnes c’est plus facile de se rapprocher du divin. Ce furent de beaux voyages ! Et je me suis souvenue qu’à la croisée des chemins c’est soi que l’on retrouve.
Aude Simon (HEC 97)

Hors du temps, hors du monde : une semaine en apesanteur
À 2500 m d’altitude, l’air est plus léger. Auprès des chanoines, la vie aussi est moins pesante. Je l’ai pleinement ressenti pendant ces quelques jours hors du temps à l’Hospice du Grand Saint-Bernard.
Avec quelques participants, nous avions fait le choix de partir de la vallée du Rhône pour nous élever progressivement jusqu’à l’hospice. Découvrir au fil des jours les di érents étages de la montagne était une vraie fête des sens : aux sous- bois de hêtres égayés de multiples chants d’oiseaux du premier jour, ont succédé les forêts de résineux où nous nous sommes exercés à di érencier l’épicéa du mélèze, puis les alpages avec de trop rares sons de clochettes et enfin les espaces plus arides des sommets, où seul le cri d’alerte de la marmotte annonçait notre arrivée.
En nous élevant progressivement, nous avons abandonné nos propres lourdeurs et avons ouvert nos oreilles, nos yeux et nos cœurs au message de l’hospice et de ses chanoines, voués à l’accueil du passant et au sauvetage du voyageur en perdition.
Partager la vie simple de cette congrégation dans l’e ervescence du service des mois d’été, imaginer leur réclusion pendant les huit longs mois de l’année où l’Hospice est coupé du monde, quelle belle leçon de vie !
Isabelle Goalec (HEC 82)

Immensité, Humilité, Éternité
Qu’il est di icile de mettre des mots sur l’expérience intense vécue au col du Grand St-Bernard en cette find’août, avec les Chemins des Sacrés. S’il fallait choisir, j’en prendrais trois : Immensité, Humilité, Éternité.
L’Immensité, c’est bien sûr le décor somptueux des montagnes, minérales, majestueuses. Lorsque nous nous retournions lors de nos marches, l’hospice lui-même, à ses 2.500 mètres d’altitude, paraissait minuscule, perdu au milieu de l’univers.
Se sentir si petit dans la nature invite à l’Humilité, et c’est là une vertu que nous avons retrouvée chez tous nos interlocuteurs. Sylvie nous a fait rencontrer des personnalités au parcours incroyable, de l’ancien contrebandier au prieur de l’Hospice et au prévôt de la Congrégation. En commun, ils avaient cette simplicité désarmante qui cache des trésors de courage (il en faut, aux chanoines, pour vivre 8 mois d’hiver avec une route du col coupée). Une belle leçon de vie.
Et puis, le col du Grand St-Bernard, c’est peut-être un aperçu de l’Éternité : mille ans de présence continue des chanoines dans ce lieu. Pendant que le monde se transformait du tout au tout, l’hospice restait là, avec sa vocation immuable d’hospitalité : « Ici, le Christ est adoré et nourri ». Et avant l’hospice, il y avait le temple romain dédié à Jupiter Pénin, qui reprenait lui-même le nom du Dieu Pen, célébré auparavant par les Gaulois.
Et, avant tout cela, il y avait les montagnes, lieu saint qui, de toute éternité, a appelé à la prière. Un immense merci à Sylvie, à Isabelle et à toute l’équipe des Chemins des Sacrés pour avoir rendu possible cette expérience inoubliable !
Laurence Petit (HEC.89)

Quelle photo choisir ?
Pour illustrer notre ‘trek’ sur la Via Francigena en août dernier j’aurais volontiers choisi une photo prise lors de notre marche d’approche entre St Maurice et le Grand St-Bernard, mais nous n’étions que 3 avec Isabelle et Christian avant que nous rejoignent Sylvie et Gilles.
Les randonnées se sont succédées, les jours suivants, mais j’ai laissé mon sac à dos juste avant l’ultime et périlleuse ascension (au Mont Fourchon), me privant de mon précieux iPhone !
Partie en solo un après-midi entre deux averses sur la Via Francigena vers St Rhémy en Bosses dans le val d’Aoste, et avançant d’un pas rapide pour éviter les gouttes, je n’ai pas de photos à partager en dépit d’une lumière pourtant parfaite !
Mes longues heures passées aux Laudes à l’aube dans la crypte de l’hospice ont été propices à la méditation, mais pas aux prises de vue.
Je laisse à d’autres le soin de vous o rir des commentaires illustrés de nos nombreuses conférences riches et variées du soir, où contrebandier et monseigneur ont fait bon ménage !
Quoi de mieux pour illustrer le Grand St-Bernard que ses fameux chiens, mais la randonnée prévue en leur compagnie a été reportée pour des jours meilleurs !
Il me reste donc cette photo de Laurence prise lors d’une randonnée exceptionnelle sur le tour du Grand Combin au- dessus du col du Grand St-Bernard où accessoirement vous pouvez reconnaître au loin le Mont Blanc.
Anne Bord (HEC.72 )

De Saint-Maurice au col du Grand Saint-Bernard, je me suis glissé avec délectation dans la superposition des traces des celtes, des romains puis des pèlerins se dirigeant vers Rome par la Via Francigena.
L’ascension tant redoutée m’a amené à l’accueil millénaire de l’hospice et son univers minéral rapidement sauvage. Cet accueil a été incroyablement riche par des rencontres avec les chanoines et les échanges hautement spirituels, la découverte commentée d’un historien du Vatican d’un musée riche des pièces plusieurs fois millénaires, d’enluminures rappelant celles des Très Riches Heures du duc de Berry, d’ouvrages étonnants.
Ce point stratégique est également un lieu où se rencontrent les gastronomies suisses et italiennes. Personnellement, j’ai fait mon choix !
Christian Coutenceau (E.01)
Published by La rédaction