Entre la carrière de Picasso et celle de Steve Jobs, il faut choisir. Pas nécessairement. Arthur Tiar a décidé de faire les deux. Diplômé des Beaux-Arts, passé par HEC, ce touche-à-tout du crayon et des business plans a cofondé Savoir/Dessiner, une start-up qui redonne à chacun le pouvoir de créer, grâce à une méthode unique et accessible à tous. Entre sa passion pour l’art et sa fibre entrepreneuriale, Arthur a su prouver qu’on peut dessiner son avenir avec autant de créativité que de stratégie. Rencontre.

Entre HEC et les Beaux-Arts, il n’y a pas de fossé, mais un lien inextricable ; c’est l’idée qu’Arthur Tiar veut exposer. Après avoir été diplômé des Beaux-Arts , le jeune artiste passe des formations certifiées en entrepreneuriat à HEC  et intègre son programme d’accélération et d’incubation. « Pourquoi serait-ce nécessairement un revirement de carrière ? Je ne suis pas sûr qu’il y ait un tel écart entre les deux. Dans un cas, comme dans l’autre, ces formations ne sont ni spécifiques, ni précises. Elles se recoupent autour d’un état d’esprit qui nous donne les capacités d’aller plus loin. », explique-t-il avec amusement.

Créer une boîte, c’est bien. La rêver à deux, c’est mieux

« Quand j’étais petit, j’avais à peu près autant envie de créer de grands projets et des entreprises, que de devenir artiste », narre-t-il, un sourire rêveur au coin des lèvres. A ses yeux, ces deux professions s’imbriquent dans un processus de réflexion et de création. C’est comme ça que d’un rêve est née une vocation, et plus tard Savoir/Dessiner.

C’est avec son collègue et ami, Maxime Penaud, qu’il a pu dépasser le fantasme et l’utopie de lier l’art au business, en créant cette start-up qui rend la pratique artistique accessible au plus grand nombre. Cette relation avec son associé, dont il est son témoin de mariage, lui est très chère et ils la cultivent depuis de nombreuses années. Les deux compères se sont rencontrés à l’école de design et d’arts appliqués Emile Cohl en 2008. Une symbiose professionnelle est tout de suite née et les deux jeunes artistes ne se sont jamais plus quittés. Après avoir tous deux étés diplômés, Arthur et Maxime passent le concours des Beaux-Arts ensemble et y finissent leur cursus en duo. « Il y a eu des mini-bas, mais surtout beaucoup de hauts dans notre relation. Nous sommes alignés, nous avons une belle énergie à deux et on se complète bien. On est très différents et c’est ce qui fait notre force ! », sourit-il.

C’est pendant leurs études dans la prestigieuse école d’art parisienne qu’ils fondent leur « premier bébé », Récit-Edition, en 2014. Cette maison d’édition a vu le jour d’une idée selon laquelle il y aurait un grave problème de médiation entre l’art contemporain et sa rencontre avec le public. Dix-sept ouvrages ont ainsi été publiés sous leur tutelle. Mais Arthur se confie sur leur manque d’expérience commune qui les a conduits à mettre la boite en standby afin de la relancer, plus forte, avec plus d’expertise.

Trois ans se sont écoulés entre le diplôme des Beaux-Arts d’Arthur et son intégration en formation à HEC. Trois années durant lesquelles il a jonglé entre sa carrière artistique et la création de Savoir/Dessiner, naviguant entre expositions, voyages, projets et commandes, tout en développant son entreprise avec Maxime. « J’étais entrepreneur et artiste, et il n’y a finalement pas tant d’écart entre les deux. Parce que lorsqu’on est artiste, on est auto-entrepreneur ! », s’exclame-t-il.

Pédagogie et stratégie : la recette du succès

Après de longues réflexions et ajustements, la petite entreprise prend enfin vie en janvier 2017 grâce à un système de bootstrap : les deux entrepreneurs ont amorcé ce projet en autonomie, sans avoir recours à des investisseurs, avec l’aide d’économies personnelles et de love money. « Nous n’avions pas connaissance des modalités de financement d’une entreprise à cette époque. Pour nous, si nous ne vendions pas de produits et que nous n’avions pas de clients, la boite ne pouvait pas exister », explique-t-il songeur.

L’enjeu majeur était donc de trouver des clients et plusieurs ont vite rejoint le projet. Un premier atelier ouvre ses portes et rencontre presque un succès immédiat. « On s’est dit qu’on voulait rendre la pratique artistique accessible au plus grand nombre. A l’instar des salles de sport, nous étions ouverts du lundi au dimanche, du matin au soir avec une offre ultra flexible et ça a marché ! Nous partagions notre semaine à deux avec Maxime pour donner des cours. A partir de là, on a commencé à se structurer, à recruter des profs, à s’agrandir avec le lancement de la plateforme de formation en ligne. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’intégrer HEC : pour passer à la vitesse supérieure, se structurer et stratégifier ! Nous avons senti qu’on avait besoin d’être accompagné pour voir plus grand », confia-t-il fièrement.

Aujourd’hui, le duo d’artistes entrepreneurs gère un véritable écosystème dédié à la pratique artistique : deux ateliers à Paris de plus de 100 m² chacun avec un coffee shop, une plateforme de cours en ligne, un réseau d’entreprises partenaires, une trentaine de professeurs et une communauté de plus de 100 000 membres, le tout en autofinancement.

Si Arthur Tiar n’a plus le temps d’enseigner, ils ont tous deux à cœur de former leurs professeurs sur l’aspect pédagogique. « Nos profs sont tous des professionnels. Mais un bon artiste n’est pas nécessairement un bon pédagogue et un bon pédagogue n’est pas nécessairement un bon commerçant. Et pour pouvoir s’adresser à un public, il faut pouvoir l’emmener avec soi », exprime-t-il avec conviction.

La particularité de cette école d’art se remarque notamment à travers la diversité de son panel d’offres. Les cours en ligne font légion, avec 99,70% de taux de satisfaction ! La raison majeure de ce succès est d’avoir su fédérer une large communauté réunie autour d’un mantra : la pédagogie.

Leur approche de l’art permet à chacun, quel que soit son niveau de départ, d’aller très facilement vers le niveau supérieur. « Notre travail est de reconnecter les gens avec leur fibre sensible et artistique parce que c’est un vecteur de changement de vie total. Ça permet à tout le monde de se retrouver, de libérer une dimension de bien-être, de développement personnel et de ses compétences. Lorsque l’on parvient à comprendre et à créer quelque chose par soi-même, on est beaucoup plus confiant dans sa capacité d’expression et cela crée un effet boule de neige positif sur tous les aspects de notre vie. Ce taux de satisfaction, il est valable aussi bien pour nos élèves et nos clients B2C, qu’en B2B. »

Confinés mais inspirés

Comme bien d’autres pratiques sur internet, les cours en ligne ont connu un gros boom pendant le Covid 19. « De nombreuses personnes se sont découverts une fibre artistique à cette époque. Mais cette fibre, elle est là. Elle s’est juste révélée, elle a toujours été en chacun de nous et on ne se rend pas compte à quel point c’est important d’en avoir conscience. »

Arthur exprimait des regrets quant à cette période de ne pas avoir eu l’expérience nécessaire pour mieux avoir su surfer sur cette vague économique. « Si nous avions eu l’expertise entrepreneuriale et business que nous avons aujourd’hui, on aurait sans doute fait les choses un peu différemment… Mais en même temps avec des si, on peut refaire le monde ! », s’amuse-t-il.

Les deux hommes ont néanmoins réalisé un chiffre d’affaires remarquables en 2020 et 2021. Cette ère de quarantaine leur a également permis de diversifier davantage leur éventail d’offres. Savoir/Dessiner se voyait en tête d’affiche du petit écran sur France Télévisions avec l’émission chapeauté par l’Education Nationale, la Maison Lumni. Entre ces cours de dessin, de peinture et d’arts plastiques pour enfants, leur chaine YouTube a également décollé, atteignant plus de 50k abonnés aujourd’hui.

Pour compléter ces activités, ils ont sorti des boxes innovantes pour pallier au manque de matériel de leurs clients. Stores baissés, magasins fermés pour une durée indéterminée, les Français ne pouvaient se tourner que vers internet pour se fournir en attirail artistique. « Avec nos boxes, on voulait faciliter la vie des gens en leur proposant les cours et le matériel qui va avec. Depuis cette sortie, nous avons été pas mal copiés, mais fort heureusement, ce qui fait notre différence, c’est notre pédagogie, et ça, personne ne pourra nous l’enlever. », s’exclame-t-il, fier de son innovation.

Aujourd’hui, l’entreprise ne cesse de croître. Avec une offre BtoB en plein développement, Savoir/Dessiner propose des services dans l’éducation, la formation et la création artistique, en s’appuyant sur leur méthode unique et leur réseau d’artistes.

Parallèlement, l’ambition de devenir un média de référence pour démocratiser l’art au-delà des cours se concrétise, à travers la création de contenus éducatifs et inspirants. Cette structuration s’accompagne d’un recrutement actif pour soutenir la croissance de l’entreprise et élargir son impact. Tout cela est possible grâce à une équipe solide de collaborateurs passionnés par la mission et engagés à faire évoluer la pratique artistique à travers leurs initiatives.

La plume rencontre le pinceau

Cette année, Arthur et Maxime sont en collaboration avec la maison d’édition Mango et ont déjà sorti six livres : une collection pour les techniques de l’artiste adressée aux débutants. « C’était un boulot assez monstrueux. Diriger une boite représente beaucoup de travail et lorsqu’on est chef d’entreprise, le temps est assez réduit. Mais nous sommes très fiers d’avoir su prendre ce temps et d’avoir collaboré avec Mango Editions. » Pour parfaire cette collection, un « guide du petit artiste » , destiné aux enfants, est à attendre pour les fêtes de fin d’année !

Apprendre à dessiner sans se décourager : le conseil de l’artiste

Pas de jugement ! Notre principal frein, c’est qu’on se juge trop vite. Mais le dessin, c’est comme tout. Si vous vous mettez au piano demain, vous n’allez pas vous prendre pour Chopin tout de suite. Il faut apprendre à se détacher de la finalité et comprendre que le plus important, c’est de pratiquer pour progresser. Lorsqu’on a accepté ça, c’est l’autoroute vers le plaisir ! 

Published by