Quelles démarches engager pour préserver la biodiversité ?
Face à l’érosion de la biodiversité et la destruction des écosystèmes, États, ONG et entreprises privées ont décidé d’agir. C’est le cas de L’Oréal, qui s’est mobilisé sur tous les sujets d’urgence environnementale. Entretien avec Rachel Barré (M.05), Directrice du Leadership Environnemental.
Aujourd’hui, 60 % des ingrédients utilisés dans nos formules proviennent directement ou indirectement de la nature, soit 1 717 matières premières, issues de plus de 310 espèces de plantes cultivées dans une centaine de pays. Cela nous a conduits à tenir compte de la biodiversité dans nos activités. Il s’agit d’un enjeu majeur pour le Groupe, tant en matière d’environnement que de développement social et économique, car de nombreuses communautés contribuent à la production ou à la récolte de ces ingrédients. Nous nous sommes engagés à ce que 95 % de nos ingrédients soient biosourcés, issus de minéraux abondants ou de procédés circulaires d’ici à 2030. La biodiversité est un enjeu global, qui mobilise l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis l’approvisionnement en matières premières jusqu’au devenir des emballages, en passant par l’impact des sites ou le profil environnemental de nos formules et leur biodégradabilité. Dans le cadre de notre programme L’Oréal pour le Futur, la biodiversité est un enjeu stratégique à part entière, au même titre que le changement climatique, la préservation de la ressource en eau et l’économie circulaire. À ce titre, nous avons défini des objectifs « science based », fondés sur ce que les études scientifiques jugent compatibles avec les ressources de notre planète.
L’innovation au service des milieux naturels
Aujourd’hui, 94% de nos matières premières d’origine naturelle sont issues de sources durables, respectueuses des écosystèmes. Nous souhaitons atteindre les 100% dès 2030. Nous pouvons ainsi rejeter certains ingrédients au moment de leur entrée dans notre catalogue si les garanties sur leur durabilité nous paraissent insuffisantes. Ou changer de zone pour une matière première s’il existe des risques de dommages pour les écosystèmes. Au niveau social, l’exploitation de ces ressources doit aussi être organisée afin de développer des communautés locales. La composition de nos emballages est une autre question essentielle. Aujourd’hui, 21 % de nos emballages plastiques sont d’origine recyclée ou biosourcée : notre objectif est que cette proportion atteigne 50% d’ici à 2025, puis 100% à l’horizon 2030. Nous cherchons aussi à réduire la quantité d’emballages grâce à des allègements de packaging. Nous travaillons sur le profil environnemental de nos formules : 80 % de nos ingrédients sont biodégradables et nous souhaitons qu’en 2030, 100 % de nos formules soient respectueuses de l’environnement aquatique. C’est le cas de la formule solaire Water Lovers de Biotherm, qui a été certifié par l’écolabel de référence Nordic Swan. Enfin, nous nous engageons à ce que l’ensemble des sites où nous opérons aient un impact positif sur la biodiversité d’ici à 2030 : chaque bâtiment fait l’objet d’un inventaire et de projets spécifiques à la régénération de la biodiversité locale. Notre campus de recherche de Chevilly-Larue, dans le Val-de-Marne, est ainsi équipé de bassins de traitement des eaux de rejet par phytoremédiation, un système naturel qui utilise des plantes. L’aménagement paysager du site lui a en outre valu d’être classé « refuge de biodiversité » par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et il a obtenu le Grand Prix Biodiversité et Entreprises en 2015.
Des marques engagées sur le terrain
Certaines marques du Groupe s’engagent sur la biodiversité. C’est le cas de Lancôme qui investit dans son domaine de la Rose à Grasse (Alpes-Maritimes).Ce site d’agriculture biologique et régénérative, certifié par l’Union européenne et le label Ecocert, pratique une culture respectueuse de la composition des sols, de la biodiversité, des cycles naturels et du bien-être des animaux, sans produits chimiques, de synthèse ou d’OGM. La marque Yves Saint Laurent Beauté met en pratique, depuis de nombreuses années, des principes de responsabilité sociale et environnementale dans les jardins de l’Ourika au Maroc, où sont cultivés grenade, guimauve, iris, jasmin, et autres composants de leurs produits. L’entretien de ce site d’agriculture biologique mobilise 32 femmes berbères résidant dans la région. Enfin, Garnier déploie des contenus pédagogiques et des conseils pratiques pour une consommation plus durable, à travers un partenariat récent avec National Geographic Creative Works.
Vocation à régénérer la nature
Au-delà du travail pour limiter notre impact écologique, nous cherchons à avoir un effet positif sur l’environnement. C’est la vocation du Fonds L’Oréal pour la Régénération de la Nature, créé en juin 2020 et doté de 50 millions d’euros, qui sont gérés en partenariat avec Mirova Natural Capital, filiale du Groupe Natixis. Nous avons l’objectif de soutenir une quinzaine de projets pour régénérer des terres dégradées, restaurer des mangroves ou encore recréer des habitats naturels terrestres ou marins. Nous espérons réhabiliter 1 million d’hectares d’ici à 2030, séquestrer 10 à 15 millions de tonnes de CO 2 et générer des centaines d’emplois. Nous avons investi dans la start-up française Rize, qui aide les agriculteurs à financer leur transition vers l’agriculture durable. Rize a développé une solution digitale d’accompagnement, de la phase de diagnostic de la performance carbone de leur exploitation jusqu’à la commercialisation des crédits carbone générés. Au Royaume-Uni, le Fonds a investi dans The Real Wild Estates Company (RWEC), une entreprise qui veut restaurer 50 000 hectares d’habitats naturels à travers tout le pays.
L’Oréal pour le Futur Lancé en 2020, le programme L’Oréal pour le Futur marque une nouvelle étape dans la démarche de développement durable du Groupe face à l’intensification des bouleversements environnementaux. Les engagements pris ne sont pas « autofixés » mais visent à ce que les activités du Groupe soient respectueuses des « limites planétaires », c’est-à-dire de ce que la planète peut supporter, d’après les conclusions des plus récentes études de la science environnementale
Rachel Barré (M.05) a commencé sa carrière au département Recherche & Innovation de L’Oréal, en travaillant sur l’approche du Groupe en matière d’innovation durable. Elle a développé et implémenté la stratégie de sourcing durable de L’Oréal en matière d’ingrédients issus de la biodiversité. Elle est désormais directrice du Leadership environnemental du Groupe, orchestrant l’activation et la mise en œuvre du nouveau programme de développement durable, L’Oréal pour le Futur. Elle dirige le programme Femmes & Climat de la Fondation L’Oréal. Rachel Barré est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et du MSc Sustainability & Social Innovation d’HEC.
Published by La rédaction