Professeur Maurice Kamto : quelle est la bonne gouvernance en Afrique ?
Le 27 septembre 2021, le Professeur Camerounais Maurice KAMTO, invité par le Club Développement International de l’Association des Diplômés d’HEC Paris (HEC Alumni), a donné une conférence exceptionnelle portant sur la bonne gouvernance et le développement économique en Afrique.
Pierre-Yves Carpentier (H.81), Président du Club Développement International et Christian Kamayou (M.00) ont animé cette conférence, après quelques mots de bienvenue de Loïc Lenoir (H.24), étudiant à HEC Paris.
Y a-t-il une relation entre bonne gouvernance et développement économique ?
La gouvernance est une vaste notion qui englobe tous les aspects de la gestion des affaires d’un pays, notamment la politique économique, le cadre réglementaire et l’état de droit. Cette « bonne gouvernance » (transparence de l’action publique, contrôle de la corruption, libre fonctionnement des marchés, démocratie, État de droit) est installée au cœur des politiques de développement que promeuvent certaines institutions internationales. Après avoir donné sa définition de la « bonne gouvernance », Le Professeur Kamto a exposé comment elle pouvait favoriser le développement et le bien-être économique en Afrique.
L’expression « bonne gouvernance » dit-il a » rarement été utilisée lorsque l’on parle de pays développés alors que les mêmes travers qui étaient à l’origine de ces critiques de la gouvernance se retrouvent dans ces pays. L’exemple le plus frappant est la Grèce, avec les symptômes et les manifestations de la mauvaise gouvernance qui ont entrainé la crise financière récente »
Le Professeur Kamto a entre autres développé l’explication de la notion d’état de droit et ses interactions avec l’économie. À titre d’exemple poursuit-il « la sécurité judiciaire est fondamentale car vous pouvez compter sur la justice pour obtenir réparation du préjudice que vous subissez. C’est fondamental pour tout investisseur ». Il a en insisté sur le rôle des contre-pouvoirs et des institutions inclusives. « La démocratie au sens d’une simple organisation d’élection ne suffit pas, il faut des mécanismes de contrôles institutionnels et de participation de la population. Si vous n’avez pas de mécanismes de contre-pouvoir vous ne pouvez pas obtenir la réédition des comptes ». Autrement dit, l’action par laquelle les pouvoirs publics doivent, de manière plus ou moins périodique selon les régimes politiques, rendre des comptes aux administrés ou aux citoyens. Selon le conférencier, « il faut une décentralisation effective pour permettre aux populations de s’occuper de leurs propres affaires Si vous êtes créateur d’une PME et qu’il faut vous rendre à 1000 km, à la capitale pour obtenir certaines autorisations, il n’y a aucun facteur incitatif à entreprendre ou à investir ».
« Une partie du globe a besoin de vous »
En fin de conférence le professeur Kamto, s’est montré très optimiste sur le potentiel économique et le devenir du continent africain en citant quelques exemples de bonne gouvernance. Il a lancé un vibrant message, très apprécié aux africains étudiants et diplômés d’HEC : « Nous sommes dans un monde où une partie du globe, l’Afrique, a besoin de vous. Cela doit être une idée qui vous habite tous. Il est important, je le dis et j’insiste, de se former en pensant en l’Afrique. Allez donc apporter votre expérience acquise, en Afrique, le continent en a besoin pour tenir sa place dans le concert des nations et dans l’aventure humaine »
Le Professeur Maurice KAMTO est un avocat, universitaire et ancien ministre délégué à la justice du Cameroun. Membre et conseiller juridique de la délégation camerounaise à la conférence diplomatique de Rome pour la création de la Cour pénale internationale, il fut de 1999 à 2016 membre, puis Président de la Commission du droit international des Nations Unies. Le professeur KAMTO est membre de plusieurs sociétés savantes en droit dont l’Institut de droit international. Il est membre du curatorium de l’Académie de droit international de La Haye et en assure la direction scientifique. Fondateur de la Société africaine de droit international, il a représenté plusieurs États devant des tribunaux internationaux et a servi à titre d’arbitre à la Cour permanente d’arbitrage établie en vertu des conventions de La Haye de 1899-1907. Enfin, Il par ailleurs été Candidat à l’élection présidentielle de 2018 au Cameroun.
Écrit par Christian KAMAYOU. (M.00)
Published by La rédaction