L’HISTOIRE DE LA PROMO H75

Mai / juin 1972
Nous ne sommes pas encore à « Apprendre à oser » mais c’est le temps d’un bel apprentissage à la gestion du stress et la maitrise des enjeux.
Pour beaucoup d’entre nous ce sont les écrits des concours aux Grandes Ecoles qui s’engagent avec un Graal : HEC.
Certes, certains sont très brillants et donc plutôt confiants, d’autres les « bizuths » n’ont pas la pression ultime de l’obligation de résultats. Pour les autres, dont le scribe de cette histoire, le premier objectif (le célèbre « balle après balle » du tennis) c’est d’être admissible, de passer le premier écueil pour avoir ensuite le privilège d’être admis, après le second écueil : l’oral, à HEC.
Après généralement deux années d’efforts intenses (avec des programmes totalement différents de ce que nous découvrirons à HEC), obtenir le sésame pour venir découvrir le campus est déjà une victoire fêtée comme il se doit, en particulier pour les prépas de province où le nombre des admissibles (voire plus tard des admis) se compte souvent sur les doigts d’une ou deux mains.
Enfin, pour certains la voie du succès est entrouverte. Nous voilà, sous un chaud soleil estival, au bas de la côte de Jouy, au sortir de la Gare après avoir transité par Versailles Chantiers. Déjà la première compétition : marquer les esprits par une montée ultrarapide de la fameuse côte, et ce malgré une valise fort lourde de livres et dossiers (ne servant d’ailleurs à rien) et une tenue « présentable » pour les oraux (non, Olivier on n’y va pas en claquettes !). En tant que montagnard, c’est la partie facile pour impressionner et arriver le premier à la guérite nous affectant à notre chambre (pas de volets, juste des rideaux pour nous rappeler que l’avenir est à ceux qui se lèvent tôt). Quelle belle découverte que ce campus quasi neuf, inauguré en juillet 1964 par le Général De Gaulle, dans un parc de 130 hectares qui avait conservé un certain nombre d’animaux (biches, lapins,…) bienheureux de ne plus être chassés par les nouveaux occupants du site, avec des installations sportives de rêve pour certains, une nature préservée…
Bon, après ce sont des oraux, des calculs savants pour estimer les points à prendre, la rencontre avec des personnalités comme Jean Mathiex et Mougenot et leur oral mythique (non Albert, Belleville n’est pas vraiment un général !).
La gestion du stress pour le scribe sur la dernière épreuve de l’oral : l’allemand, heureusement en QCM (merci Olivier de ton soutien moral) ! Et enfin la délivrance.
Nous fûmes 248 à être admis sur concours + 3 dits « étrangers », soit 251 fiers de l’être. Nous eûmes deux co-majors à l’écrit : Dominique Faguet et le regretté Pierre Mate et bien sûr, après l’oral, les médaillés d’or (dit le Major de la promo : Marc-Olivier Laurent), d’argent (le regretté Bernard Dantin), de bronze (Pierre Mate parti lui aussi très vite) et de chocolat (le non moins regretté Jacques Morhain, futur découvreur des Nouvelles Hébrides pour la promo).
Certains, dont toujours le scribe, auront eu tendance à remercier vivement l’administration d’HEC et les jeunes filles pour n’avoir intégré HEC qu’en 1973, car les 31 jeunes filles reçues en 1973, dont la major, auraient sûrement éliminé les derniers de notre promo.
Et ce furent pour tous, quand les résultats furent publiés en juillet 1972, une libération, la garantie de vacances extraordinaires.
La rentrée de septembre 1972 fut l’occasion, sans avoir comme les nouvelles promotions actuelles des weekends ou semaines d’intégration, de découvrir un corps professoral qui s’étoffait (environ 80 professeurs permanents, généralement jeunes et talentueux) et des matières totalement occultées en prépa (marketing et parfois même en devenir comme le marketing politique, stratégie, informatique ..) et plus « classiques » (finance, production, droit …). Nous retrouvions dans un autre contexte Jean Mathiex comme professeur…
Nous allions pratiquer les vocalises selon que les chants de l’internationale répondaient à la Marseillaise lors de soirées festives, le mot « grève » était fréquent, mais tous unis contre nos têtes de turcs d’alors, les ISA (devenus depuis MBA HEC) et introduits sur le campus en 1969 sûrement à cet effet.
Mais il faut reconnaitre que nos préoccupations majeures furent sportives et culturelles, voire festives donc.
Trois merveilleuses années à pratiquer avec succès le football, le rugby, le handball, le basket, l’athlétisme, l’aviron, la natation, le tennis, le ski et j’en passe, sans oublier toutefois les événements marquants du Jump HEC, des tournois triangulaires contre X et Centrale, toujours fédératifs, et les relais contre Sciences Po ou A travers Paris.
Messieurs Vinges et Dassonville animèrent et poussèrent l’ensemble de ces clubs sportifs de façon exemplaire et extraordinaire.
Le Club Foot se distingua. A la fin d’une saison (1972-1973) un peu frustrante sportivement, et après un tournoi de foot en salle perdu en finale par notre génération (la promo H75), un nouveau bureau issu de ladite génération fut élu pour diriger le Club Foot sur le Campus. Le bureau se constitua, en juin 1973, autour du Président (Michel Fareng), d’un vice-président (Vincent Launay) et de membres (Alain Planchot, Didier Lebret, Jean François Ortelli, donc tous membres de l’équipe 1).
Il fut immédiatement décidé de créer « La Coupe de France des Ecoles de Commerce » qui fut organisée et lancée dès l’automne 1973, les tirages au sort étant effectués sous l’œil bienveillant mais officiel de Guilhène Declety. La première finale eut lieu, en juin 1974, au stade du Docteur Bauer à Saint Ouen (stade officiel du Red Star) en lever de rideau du match de division 1 (selon les termes de l’époque qui n’utilisait pas le mot Ligue 1, sachant que le Paris FC était en Division 1 et le PSG en Division 2) : Paris FC – Metz.
Le match y avait été décalé depuis le Parc des Princes (dommage !) pour cause d’élections présidentielles.
HEC l’emporta 6 à 0 en finale contre l’ESC Dijon, avec au passage dans la semaine précédente un match d’entrainement gagné 1 à 0 contre le Racing Club de France (Division 3 = Niveau National) sur leur terrain de Colombes.
A posteriori, nous pensions que le Club Foot HEC organiserait toujours cette Coupe de France mais cette tradition s’est perdue même s’il existe toujours la Coupe de France des Ecoles de Commerce Saint Gobain (ouverte de plus aux jeunes filles, sachant qu’en 2025 ce sont elles qui viennent de l’emporter !).
Quatre équipes estudiantines participaient au Championnat Universitaire, avec outre les déjà nommés et entre autres, Gonzague De Villele (personnage unique car gardien de but), Jean Christophe Bollecker, Max Artuso, Dominique Faguet, l’inusable Alexandre Jevakhoff, Antoine Bollinches (resté peu de temps sur le campus mais bien présent sur les terrains de sport), Roland Grenet, Guillaume Gronier, l’épique Gerard Le Chevallier, Yves Micoud, Daniel Carpentier, Yves Kerveillant, Thierry Dettloff, Pierre-Jean Cadot, Jean Jacques Monnoir…..
Dans la foulée de cette réussite, et le bureau ayant cédé en juin 1974 sa place à la génération H76 (Bernard Gasnier, Philippe Maigne, Philippe Fimayer,…), l’ancien président Michel Fareng s’est rapproché des générations précédentes des étudiants ayant joué au foot sur le Campus (H70, H71, H72, H73).
Pour garder cette cohésion d’équipe, l’immense joie de se retrouver ensemble, le plaisir de gagner, la décision fut prise de créer le Club Foot des Anciens HEC, ce qui fut sa première dénomination. Ce fut réalisé dès septembre 1974, pour une première saison au plus bas niveau du Football amateur, avant la première montée dès la fin de l’année sportive. En 1999, ce Club devint le Club Foot HEC Panathénées et continue de briller au plus haut niveau français en corporatif. Il est à noter que le record de licences prises au Club est détenu par notre camarade H75 Alexandre Jevakhoff (avec 41 licences !), signe de la longévité de nos actions et nos corps …
Le rugby ne fut pas en reste, tant par sa réussite que par ses troisième mi-temps.
Comme l’évoque Yves Bourgeois, » l’équipe d’HEC tournait déjà bien, classée dans les meilleures régionales. Quand nous étions en première année, les places étaient chères pour intégrer l’équipe 1. Notre promotion a surtout été utilisée pour renforcer le pack d’avants : Patrick Cagnioncle, incontestable troisième ligne centre, j’avais ma place habituelle en numéro 5 et Bruno Becquet débutait sa carrière d’animateur de vestiaire et de talonneur toujours partant pour aller exaspérer l’adversaire avant d’aller se réfugier derrière ses « gros ». L’ambiance était très bonne, nous avions beaucoup d’ambitions et cela attirait de nouveaux talents de la promotion. Il y eut également des transferts en provenance des footeux, très appréciés pour la puissance de leur jeu au pied, comme Jacques Nizou au centre ou Christian de Langsdorff (H73) à l’arrière, capable de faire basculer une rencontre avec des pénalités de 45 mètres.
Au cours de cette première saison nous avons fait notre meilleur parcours en Championnat de France Universitaire avec une demi-finale perdue contre la Faculté de Bordeaux.
Beaucoup de membres de notre promotion ont fréquenté à un moment ou un autre le Club Rugby. Citons Vincent Beaufils, Jean François Blas (également remarquable tennisman), Bernard Dantin, Pierre Antoine Gailly, Pierre Gradenigo, Patrick Guy, François Lassieur, Alexis Lobadovsky (un bon trois quart), Olivier Mabille, François Pernot, Victor Rocaries, et une pensée spéciale pour mon camarade seconde ligne Jacques Benoit avec qui j’ai partagé beaucoup de moments sur les terrains et en dehors jusqu’à notre coopération en Côte d’Ivoire ».
L’aviron aussi eut son heure de gloire pendant notre présence sur le Campus comme nous le rappelle le barreur de cette époque Rémy Villalard.
En 1973 le huit fut champion de France et l’équipe fut invitée à représenter la France en Espagne à Rio del Oro, avec la participation active, outre de Rémy, des membres de notre promotion : Aymard Demangin, Michel Perol et Jean Pierre Bauvin, dit « Alphonse ».
Rémy collectionna les médailles; en sus de ce titre de Champion de France, le huit fut champion d’académie en 1974 et gagna le match CCIP (ESCP – HEC) à Paris, moins mythique que Cambridge – Oxford mais quand même …
Nous disposions aussi de grands champions individuels, modestes mais brillants.
Pour n’en citer que quatre :
Jean François Desclaux, grand animateur sur le campus du basket-ball, qu’il porta jusqu’en finale d’académie alors qu’il poursuivait sa carrière de rugbyman comme titulaire en deuxième ligne au Racing Club de France.
Jean Pierre Puthod, skieur d’élite, qui gagna une Coupe de France de ski (descente) et fut vice champion du Monde Universitaire pendant sa scolarité à HEC. Nommé DTN de la Fédération Française de Ski, grâce d’ailleurs au soutien de Christian Vulliez, il fut l’instigateur du renouveau et des médailles du ski français à Calgary.
Notre premier délégué de promo Pierre Antoine Gailly qui, lui aussi, fut éclectique. Il fut donc finaliste des championnats d’académie en natation (brasse) en battant au passage le record d’HEC mais aussi champion de France universitaire junior de ski de fond (10 kms). Et, comme tout HEC est à la base généraliste, il pratiqua aussi avec bonheur l’aviron et le rugby.
Moustapha Diouf, notre Sénégalais, remarquable coureur de 400m, qui semblait toujours avoir un lion aux trousses …et qui fut aussi notre initiateur à la musique africaine au B2, 3ème étage.
Et outre le(s) sport(s), la promotion s’impliqua à fond dans la culture.
Comme Jean Paul Cochard nous le rappelle, lui si actif dans ce domaine, » les trois années passées sur le campus par notre promotion H75 ont été marquées par une liste impressionnante de concerts. De grands noms de la variété, du jazz et du rock ont réuni parfois plus de 2000 personnes dans le hall d’honneur : Alan Stivell, Maxime le Forestier, Julien Clerc (en remplacement de Polnareff), Pierre Vassiliu, Léo Ferré, Kenny Clarke, Wishbone Ash, Soft Machine, Captain Beefheart, ….. Organisés par le bureau des élèves, avec le concours du Club Rugby pour le service d’ordre, ces concerts ont dopé la notoriété de l’école, mobilisé les bénévoles, ravi les spectateurs, développé nos compétences en termes d’organisation, de promotion, de finance et illustré la volonté d’entreprendre. »
Pour prouver l’intégration d’HEC dans le monde de la culture, je laisse encore Marcel Nardelli nous conter une anecdote significative de ces liens.
» En décembre 1974, nous avions une colle de Finances programmée le matin du dernier jour du trimestre avant le départ pour les vacances de Noël. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais cinq minutes avant d’entrer en colle, quelqu’un a crié: « On fait grève ». Pour sûr le mot d’ordre a été lancé par un élève rétif à la finance. Nous étions une génération mai 68. Effervescence, discussions entre les « pour » et les « contre » pendant un quart d’heure. Et puis soudain, on a entendu de la musique qui venait de l’amphithéâtre (qui servait aussi de salle de cinéma). Les élèves se dispersant, les « pour » l’ayant emporté, je remonte le couloir vers l’amphi. Et je pousse les portes battantes, bientôt suivi par quelques dizaines d’élèves. Il y avait sur la scène un type habillé tout en cuir noir qui chantait du rock’n’roll. Du pur, celui des années soixante. C’était Vince Taylor qui répétait un spectacle aidé par un groupe de musiciens composé d’élèves de l’Ecole et qui s’appelait les Pieds Joints.
Vince Taylor avait commencé sa carrière au début des années soixante en faisant de l’ombre à Johnny Hallyday. On lui a même prêté une relation avec Brigitte Bardot. Et puis les excès, la drogue, les scandales ont eu raison de sa carrière prometteuse. Il décédera en 1991 oublié de tous. Pour moi, ce concert fut un vrai cadeau de Noël. »
Nous aurions pu aussi citer les strip-teaseuses amenées à faire une démonstration lors de la campagne du BDE ou encore la rencontre inénarrable avec Alice Sapritch.
Eric de Rugy peut aussi nous raconter d’autres temps forts du Campus : le Ciné-Club HEC.
« Pendant (ou après) que les meilleurs d’entre nous, ceux ayant les meilleures jambes en tout cas, se dépensaient sur les terrains de sport, d’autres, comme Michel Rougé, Jean-Charles André ou moi-même, allions nous contorsionner sur les sièges pas très confortables de l’amphi Blondeau dans le cadre du ciné-club HEC.
A notre époque, celui-ci était géré, entre autres, par notre camarade Miguel de Acevedo, qui secondait
Gérard Frot-Coutaz (H.74), devenu après ses études à HEC un cinéaste remarqué par la critique, en particulier pour son film « Beau temps mais orageux en fin de journée » (1986). Comme j’allais beaucoup au cinéma en dehors du campus – au point de voir 31 films, soit un par jour en moyenne, en janvier 1973 ! –, je ne peux pas vraiment identifier ceux que j’ai vus au ciné-club d’HEC, mais il y en avait pour tous les goûts. Enfin presque… Comme l’époque le voulait, la programmation était a minima cérébrale, et parfois ésotérique. Je me souviens ainsi d’une soirée spéciale consacrée à l’actrice
Magdalena Montezuma, actrice allemande, comme son nom ne l’indiquait pas, qui était l’égérie du cinéaste Werner Schroeter et faisait les beaux jours de l’Olympic, le cinéma de Frédéric Mitterrand. Une autre soirée avait été consacrée au cinéma underground américain, avec les films provocateurs de Kenneth Anger… ou ceux carrément soporifiques d’Andy Warhol.
Lors de ces soirées, on voyait la longue silhouette filiforme de Michel Delahaye, critique à la revue Cinéma 72, qui déambulait la nuit dans les allées du campus dans son long manteau mange-poussière, tel un nouveau Nosferatu. Certains de nos camarades mettaient leur talent au service de cette programmation hétéroclite. Ainsi, Michel Rougé avait conçu une affichette pour un film de Marlène Dietrich, tandis que Patrick Cauville en avait dessiné une autre pour le cabinet du Docteur Caligari (1920), film expressionniste allemand qui se mariait bien avec son style esthétique. Si je n’ai pas découvert le cinéma à HEC, son ciné-club m’a clairement ouvert à des cinématographies improbables, et surtout donné le réflexe de ne pas m’arrêter à un titre ou à une critique avant d’entrer dans une salle de cinéma »
Nous eûmes même un artiste parrain de notre promotion : Guy Bedos qui officialisa le nom de « Savonnette » comme nom de la promotion. Forcément nous ne pouvons pas parler culture sans évoquer le chef d’œuvre de Michel Rougé : son livre de caricatures, la création de référence du campus, à ce jour inégalée !
Et bien sûr il y eut même des cours, des stages – « ouvrier » en première année, à l’étranger en fin de seconde année et 6 mois en entreprise dans le deuxième semestre de la troisième année.
Question stages, il faut rendre hommage à nos camarades, dont en particulier André Le Graverend (Vice-Président National de l’AIESEC en 1975), Gerald Hostier et autres, car si nous partîmes à l’étranger, ce fut souvent grâce à leurs actions et à leurs réseaux. Cela reste pour tous de merveilleux souvenirs.
Question cas, il reste en mémoire un cas de production, où plus de 200 membres de notre production furent gratifiés d’un D !
Il y eut des grèves, des réflexions sur la scolarité et des évolutions dans la vie sur le campus
Souvenons nous aussi qu’en première année, sans donc aucune jeune fille HEC, l’intendant veillait, surtout auprès des provinciaux qu’aucune jeune fille ne reste à une heure indue sur le campus. Nous respirâmes davantage par la suite et purent organiser sereinement des boums.
HEC prit en juin 1975 la sage décision de nous diplômer et de nous précipiter dans la vie dite active, toujours insouciants, sans véritable problème pour trouver une entreprise ou un poste adapté à nos attentes.
Et la diversité de nos profils nous fit nous disperser à la fois dans une multitude de secteurs d’activités et à la fois dans le monde entier avec des aventures merveilleusement contées dans le livre « 45 Tours plus tard ».
Toutefois nous gardâmes entre nous des liens; le sport y contribua, les relations d’affaires parfois, mais nous avons gardé la plupart du temps ce lien avec HEC. Nous désignâmes en 1975 à l’unanimité un délégué de promo à la sortie : Pierre-Antoine Gailly. Les démocraties africaines ou soviétiques nous envient : une élection avec 100% des suffrages, une durée de mandat de 34 ans, un taux de popularité inégalé et la satisfaction générale !
Nul mieux que lui ne peut traduire l’ambiance existante et les actions menées pour la promotion, nous parlant de Savonnette à One HEC :
» Juin 1975, nous quittons le Campus, forts de nouvelles connaissances acquises certes, mais tout autant des formidables souvenirs des trois années qui s’achèvent. La Promotion décide de s’appeler « Savonnette », surnom de la Direction de l’Ecole de l’époque. Le Président des Anciens d’alors refuse ! Esprit chagrin ! Il faudra attendre le début des Années 90 pour apparaître dans l’annuaire sous notre nom. Revenons aux bons souvenirs, si nombreux :
– les sports bien sûr qui ont occupé une bonne partie de ma scolarité. Merci à Messieurs Vinges, Dassonville, Y.Petit et tous les autres qui savaient si bien nous faire repousser nos limites. Mens sana en corpore sano…
– la vie et les animations sur le Campus. Comment oublier la Cafèt, les campagnes du BDE ponctuées de lâcher de vaches dans le couloir du bâtiment des études ou bien encore l’envol de poulets dans le Restau U ?
50 ans sont passés. De cette longue période, je retiens deux moments forts :
– Automne 2012, François Hollande nous accorde à Bernard Ramanantsoa et à moi une interview à l’Elysée; témoignage unique et signe amical de fidélité. Quoi que l’on pense de la suite…, ce fut important pour l’Ecole.
– Décembre 2015, devenu Président de la CCI, je signe l’apport du Campus à l’Ecole, devenue Société de droit privé.
C’est le fruit de plusieurs années d’effort : faire voter une Loi qui l’autorise, et convaincre l’ensemble des partis impliqués. Rien ne se serait fait sans la volonté partagée de Bernard Ramanantsoa, de la Fondation HEC et des Alumni.
Encore Merci à tous les précurseurs de l’idée de « ONE HEC ».
Aujourd’hui, l’élan se perpétue : ouverture, croissance, impact…
Mon meilleur souvenir : Les années à venir ! «
Pierre-Antoine organisa bien sûr des fêtes :
– pour les 10 ans de sortie à Troyes
Cela nous donna l’idée de nous revoir plus informellement mais plus régulièrement par la suite.
Quelques années après, cela créa aussi un élan de soutien interne à nos camarades en difficultés, prémisse du « parrainage » ou « mentoring » HEC, appliqué à notre promotion, avec des membres actifs et déterminants comme Pierre Antoine Gailly et Claude de Saint Vincent.
– pour les 20 ans de sortie au Bon Marché
Un regret : nous avions ce soir-là fondé un « shadow cabinet » autour d’un Premier Ministre Louis Bazire, avec une liste impressionnante de ministres aux qualités reconnues mais personne n’a songé à utiliser les compétences de ce gouvernement resserré et potentiellement compétent (liste à retrouver dans notre musée virtuel)
– pour les 30 ans d’entrée en 2002 au Moulin Rouge
Un autre regret : Nicole Kidman n’était pas présente ce soir-là !!!
Notre promotion suscita donc des vocations pour être banquiers, experts comptables/commissaires aux comptes, financiers, mais aussi serviteurs de l’Etat (souvent énarques en plus), voire serviteurs d’autres états ou des Nations-Unies, diplomates.
Il y eut forcément des champions du marketing, des publicitaires (Le Lab …) ou hommes de média (Arte …), des journalistes (Challenges …)…
Il y eut des dirigeants de grands groupes (Air France, Accor …) et des entrepreneurs. Certains reprirent des entreprises familiales et les développèrent avec talent, d’autres les ont créées.
Mais fondamentalement la promotion H75 fut très présente dans l’institution.
Pierre-Antoine Gailly fut Président de la CCI, mais avec d’autres membres de la promotion H75 : Claude de Saint Vincent et Jérôme Canlorbe élus de la Chambre.
Eric de Rugy anima de longues années les réseaux HEC.
Louis Bazire et Pierre Havet se signalèrent particulièrement dans le Bénévolat et nombre d’entre nous furent des « mentors ».
Vincent Beaufils anime toujours les Matins HEC.
Michel Fareng, outre le Club Foot Panathénées déjà cité, a été cofondateur du Club SpiritualitéS et du Club Chemins des SacréS.
Bien des membres devinrent de Grands Donateurs, gros donateurs, donateurs réguliers de la Fondation HEC, souvent avec un axe « Bourses ». Nous fûmes aussi partie prenante de projets HEC : HEC Ventures ou dans un autre style l’Infinity Pass.
Il est des témoignages qui montrent bien cette intégration et ce lien fort.
François Hollande nous accorda ainsi un entretien « exclusif » (à faire pâlir d’envie les journalistes professionnels) où, en évoquant ses souvenirs d’HEC, il souligna l’importance des liens créés sur le campus et qui perdurent encore. François se souvient fort bien des boums, du sport très présent – même s’il fût spectateur plutôt qu’acteur – et je suis sûr qu’il regrette de ne pas avoir participé à l’épopée du Club Foot HEC, le foot étant sa passion. Comme nous tous, il cite moins nos cours, alors qu’il était pourtant considéré comme doué en macro économie à l’époque ! Mais son stage international reste un souvenir très fort pour lui. De retour des Etats-Unis, il avait été tellement marqué par les innovations existantes qu’il eut une hésitation, devait-il continuer dans son objectif premier d’intégrer l’ENA ou devait-il créer les premiers McDo en France, qui n’existaient pas à cette époque, le premier le fut d’ailleurs sur la place du Capitole à Toulouse, près du lycée Fermat où certains d’entre nous firent leur prépa !
Alexandre Jevakhoff nous fait aussi part de ses souvenirs :
» Mon niveau de maths étant incompatible avec le rêve d’intégrer l’X, conseillé par un ami d’enfance – tu verras, c’est cool – j’ai candidaté à Jouy. Là, j’ai découvert un environnement superbe, mais une scolarité bien éloignée du programme de prépa. Un seul cours m’intéressait : celui dispensé par Monsieur Curial de Brevannes, chargé de nous ouvrir aux sujets « politiques » tout en nous formant à la « méthode » de la rue Saint Guillaume (deux parties, deux sous parties). Les camarades que je fréquentais le plus, eux, ne juraient que par Les Etats-Unis : faire un MBA était une sorte de Graal, que préparait la vision d’American Graffiti sur les Champs, suivi d’un Big Mac disponible alors en France dans un seul point de vente, au fond d’une galerie des mêmes Champs !
Alors que faire après HEC ? Deux concours de circonstances ont pesé dans la balance. L’un est un camarade qui a rejoint notre promo en 2ème année : François Hollande. Il était socialiste, ce que je n’étais pas mais passionné de football comme moi, et me ramenant souvent en voiture sur Paris, il me vanta l’ENA avec son humour bien lesté. L’autre est VGE, élu Président en 1974 : comme je lui ai avoué – il m’a reçu au moment où je préparais mon « De Gaulle et la Russie » – sa modernité et l’ambition dessinée pour le pays m’avaient séduit. Giscard était inspecteur des Finances, je décidais de suivre sa voie. Encore fallait-il à l’issue de l’ENA sortir dans la botte ! Mon ambition ne me rendait pas aveugle : rien ne garantissait ce double succès. L’option de 3ème année (Affaires Internationales) à HEC m’ayant passionné, je doublais Sciences-Po par un diplôme de droit international privé à la Sorbonne. Ensuite la chance a joué son rôle : je suis devenu un des inspecteurs des finances diplômé d’HEC ! Et je suis resté fidèle au Club Foot HEC ! »
Comme nous le savons tous, « la valeur n’attend pas le nombre des années », mais nous pouvons nous louer de la constance de nos actions et l’évolution continue de notre promotion.
Dans les 10 dernières années, une fois arrivés à nos 40 ans d’entrée (en 2012 et déjà sur le campus), nous avons accéléré sur nos fêtes, bénéficiant toujours des largesses, en Bandes Dessinées, de Claude de Saint Vincent :
– les 40 ans de sortie 2015 au Muséum d’Histoire Naturelle
– les 45 ans d’entrée 2017 à la Garde Républicaine, avec visite de la Garde, du Musée et des écuries, un concert de cors de l’Orchestre de La Garde républicaine pour passer à table (honorés par la présence du Général Damien Striebig) et un concert privé d’un quintet du même orchestre pour terminer la soirée
– les 50 ans d’entrée 2022 à la Maison de la Radio, en présence pour la première fois d’HEC JF 75
– et donc les 50 ans de sortie le 21 juin 2025 sur le Campus d’HEC.
Nous avions pris aussi un rythme de diners conviviaux et amicaux tous les 2 ou 3 mois sur Paris mais le confinement et le Covid ont stoppé ces événements qui permettaient à des camarades vivant à l’étranger (genre Roumanie ou Sénégal) ou en province de pouvoir retrouver d’autres camarades, parfois avec des invités, souvent dans des bistrots tenus par des enfants de nos camarades de promotion.
Mais nous avons surtout :
– réalisé un livre « 45 tours plus tard », titre trouvé par Eric de Rugy, préfacé par Vincent Beaufils, illustré par le célèbre livre de caricatures de Michel Rougé (réalisé de 1972 à 1975). 45 d’entre nous y ont évoqué leurs évolutions et réflexions personnelles, beaucoup plus que professionnelles, en ayant choisi chacun une année marquante pour eux.
– conçu en 2014 et créé début 2015 un Fonds de dotation spécifique à notre promotion et dédié à l’entreprenariat social et solidaire, ou plus précisément à des sociétés à impact.
Ce fonds, le Fonds Jouy 75, abondé par une quarantaine de camarades, a prêté de l’argent à des structures en devenir et, comme on dit, en phase d’amorçage où les aides, à part familiales, sont rares. Il faut noter que toutes les structures sans exception ont remboursé les prêts, nous permettant d’en aider d’autres.
Le Fonds Jouy 75, présidé successivement par Pierre-François Albert, puis Louis Bazire et actuellement Didier Martin, offre surtout un soutien de conseils (mécénat dit de compétences) et de spécialistes. La promotion étant riche d’expériences dans quasiment tous les domaines, le Fonds Jouy 75 a pu apporter à ces structures des conseils généraux, des méthodologies de travail, des réseaux et ouvertures, et du conseil spécifique dans le domaine d’activité de la structure.
Actuellement deux structures bénéficient encore de notre soutien, les deux dans l’alimentaire (à nos âges …) : Chica et Cocco (traiteur solidaire, d’ailleurs fournisseur d’HEC) et la création, à l’Ile Saint Denis, par Léa Bourlier, d’une épicerie vrac bio et solidaire, couplée à un restaurant utilisant principalement des produits de l’épicerie.
De plus, pour aller au bout de notre démarche de soutien, une vingtaine d’entre nous a participé à la première levée de fonds de l’une des structures soutenues depuis le départ, Botaki, pour lui permettre de poursuivre son développement.
A la fin de notre action, le Fonds Jouy 75 apportera ses fonds à la Fondation HEC
-organisé des voyages de promotion à l’étranger (Val d’Aran, petit territoire de la Catalogne avec sa lange propre – l’aranais, langue minoritaire européenne – et ses ours) et en province (en 2023 dans le Couserans Pyrénéen) pour y découvrir des cultures différentes, des économies spécifiques, des personnalités diverses et une gastronomie plutôt intéressante.
– visité l’Elysée en toute sérénité – pour nous tout au moins – grâce à la bienveillance et à l’accueil chaleureux de notre camarade François Hollande, Président de la République de 2012 à 2017.
L’histoire de notre promotion va se poursuivre dès le 21 juin 2025 où nous retrouverons le campus (avec plus de chambres et plus d’amphis), nos terrains de sport rénovés, le parc et avec le plaisir toujours renouvelé de retrouvailles, de conférences (avec en particulier grâce à Henri-Jacques Citroën l’hommage aux 100 ans de la Croisière Noire et des 70 ans de la sortie des DS), un moment de souvenir pour nos camarades disparus mais toujours présents dans nos pensées, des cadeaux de nos différents mécènes et des livres de nos camarades écrivains …
Et nous inaugurerons notre musée virtuel, collecte de nombreux souvenirs de cette merveilleuse et insouciante période de notre vie et profiterons de notre souffle commun pour éteindre d’un coup les 50 bougies de notre gâteau d’anniversaire.
Michel Fareng
Délégué de la promo H 75

Published by La rédaction