Le mot de François-Xavier Huard (H.03)
J’aime beaucoup le changement de regard que le passage d’HEC Carrières à HEC Life Project suggère. Car pour ma part, depuis quinze ans, c’est beaucoup plus dans une perspective de projet de vie que de carrière que je me suis inscrit. Mes choix professionnels n’ont jamais été prémédités, et ce sont les rencontres qui en ont déterminé les orientations. Alors que je m’apprête à quitter Madagascar pour retourner en France, c’est un peu dans cette situation où je me trouve aujourd’hui.
J’ai commencé à travailler au Cambodge pendant deux ans, dans un village isolé, pour le compte de l’ONG Enfants du Mékong, au service d’un projet maraîcher et pour lancer le tout premier projet d’accès à l’eau potable de l’ONG 1001 Fontaines pour demain. Je suis marqué à vie par cette expérience exaltante. De retour en France en 2005, ayant gardé en mémoire une rencontre au cours d’un forum HEC Carrières des années auparavant, j’ai choisi de rentrer chez Vallourec. Pendant six ans, je suis parti à la rencontre des grands clients internationaux, j’ai découvert la richesse des relations humaines en usine, la passion du produit, la fierté des négos réussies, l’honneur de servir des clients avec zèle et créativité. En 2011, je suis parti travailler chez Aubert&Duval (groupe Eramet), spécialiste des aciers et alliages à haute performance. Plongeon dans une usine fascinante de 1 600 personnes, au cœur de l’Auvergne magnifique, et découverte de la performance industrielle et du management du changement au cœur des ateliers de production. On m’a ensuite confié la direction de la supply chain de cet énorme paquebot. Sensations fortes garanties…
Deux ans plus tard, j’ai à nouveau animé des chantiers de transformation, associant cette fois-ci plusieurs sites de production. En 2017, j’ai démissionné : depuis plusieurs années, le besoin de participer activement aux vrais chantiers de transformation du monde, en particulier celui de la conversion écologique, me travaillait. Je suis donc parti avec ma famille pour Madagascar, comme volontaire de solidarité internationale pour l’ONG IECD, diriger un programme éducatif hors norme. Sesame, créé en 2013 à Antananarivo, accompagne plus de 300 étudiants très défavorisés dans leurs études supérieures et jusqu’à leur insertion professionnelle. Ce parcours d’excellence de quatre années associe tutorat personnalisé, développement personnel, acquisition de nouvelles compétences d’apprentissage, construction du projet de vie, parcours d’insertion professionnelle… Les étudiants qui sortent de ce parcours intègrent non seulement le monde du travail dans d’excellentes conditions, mais se distinguent par leur personnalité, leur sens de l’engagement, leur autonomie, leur confiance en eux, en dépit de leur vulnérabilité.
Sesame est devenu en quelques années une pépinière de jeunes professionnels, d’entrepreneurs talentueux et de citoyens engagés. Pour un pays comme Madagascar, ce n’est pas rien… Pour moi, ce fut une expérience vertigineuse, au cœur d’enjeux passionnants pour notre époque : éducation, entrepreneuriat, orientation scolaire et professionnelle, leadership inspiré et management, identité et dialogue des cultures, innovation. Sans compter la création de passerelles et de partenariats entre le secondaire, le supérieur, le monde du travail, l’État, les investisseurs… Un grand écart, au regard de mes douze années passées dans la métallurgie ? Pas vraiment. D’expériences en rencontres, un fil rouge se dessine qui me permet d’unifier un peu plus ma vie autour d’engagements personnels et professionnels qui associent création de richesses, développement des personnes, justice sociale, respect du vivant, prévalence de la vision sur les intérêts particuliers. Nous quittons avec regret le pays l’été prochain, ma famille souhaitant continuer l’aventure en France. Pour Sesame comme pour moi, la suite est à écrire.
Le recrutement de mon successeur a commencé. Si vous êtes intéressé(e), n’hésitez pas à déposer votre candidature sur https://carriere.iecd.org/fr/
Published by Marielle Chabry