Le métier des aléas
Alors que les assurtech interviennent en tant que courtiers, la start-up Seyna vient d’obtenir l’agrément de compagnie d’assurances. Désormais, c’est sur ses fonds propres qu’elle portera les risques de sa gamme d’assurances novatrices.
Lancée en 2018 par deux camarades de promotion, Philippe Mangematin (H.08) et Guillaume d’Audiffret (H.08), et Jean Nicolini, diplômé d’AgroParisTech,la start-up parisienne Seyna innove dans le domaine de l’assurance dommages. Plutôt que de chercher à se faire une place sur des marchés traditionnels et saturés, tels que l’automobile ou l’habitation, la start-up se concentre sur des produits novateurs, dont la demande est en croissance « d’environ 20 % par an », assure le PDG Philippe Mangematin, qui a fait ses armes chez Milliman et Swiss Re. Seyna commercialise ses produits en marque blanche, et propose un service de caution locative se substituant aux garants. Premier public visé : les étudiants. Dès la rentrée prochaine, la start-up lancera une assurance pour couvrir les frais de scolarité en cas de maladie entraînant un redoublement ou empêchant de se présenter aux examens de fin d’année.
Seyna, premier assureur agréé depuis… 1983
Autre cible de choix, les freelances : un contrat permet ainsi aux photographes et aux graphistes indépendants d’assurer leur matériel ou ordinateur. Quant à l’assurance billetterie, elle rembourse 70 % du prix de la place en cas d’imprévu, sans exiger de justificatifs. Fausse bonne idée ? « On l’a lancée le 5 décembre, le jour où a débuté le mouvement social contre la réforme des retraites. Les grèves ont empêché des gens de se rendre au théâtre ou au concert. Du coup, les premiers sinistres ont été déclarés dès le 6 décembre ! », raconte Philippe, qui garde néanmoins le sourire.
Un secteur en mutation
Et pour cause : sa société vient d’obtenir l’agrément de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Une première depuis la Mutuelle des Motards en… 1983. « Nous n’étions même pas nés ! », s’exclame le cofondateur. Alors que la plupart des assurtechs sont des courtiers, Seyna engage donc son propre bilan. La start-up a levé 14 millions d’euros auprès du fonds allemand Global Founders Capital (créé par Rocket Internet), d’Allianz France et de plusieurs business angels. Une autre pépite française, Alan, vient aussi d’obtenir une licence d’assureur, dans le domaine de la santé, cette fois. « Les nouveaux acteurs de l’assurance vont se multiplier, comme c’est déjà le cas en Allemagne et au Royaume-Uni », pronostique Philippe. De quoi animer le secteur, au bénéfice du grand public.
Published by Marielle Chabry