Hommage à Philippe Malignac (H.66)
Philippe Malignac (H.66) nous a quittés le 11 avril 2019. Il repose désormais dans le Limousin qu’il affectionnait.Il était avec nous en septembre 2016 pour fêter notre cinquantième anniversaire chez Louis Omer Decugis. De l’avis de ceux qui l’ont rencontré, il était un homme toujours souriant et agréable, courtois, calme, élégant et charmeur, mais aussi discret. Basile Contselis était avec lui de la sixième au lycée Condorcet à la classe préparatoire à Carnot. Il se souvient de lui, toujours aimable, prêt à rendre service et bienveillant. Gerard Fulconis l’avait fréquenté un peu à l’école et l’a retrouvé à plusieurs occasions avec beaucoup de plaisir.Je ne le connaissais que de vue à l’école et n’ai échangé avec lui que beaucoup plus tard, à l’occasion d’un achat de mobilier pour les chambres de mes enfants dans la très belle affaire qu’il a su si bien développer, Espace Loggia. Nous avions déjeuné ensemble pour évoquer notamment la scolarité de nos fils !Nous nous retrouvâmes un jour par hasard sur le boulevard Saint- Germain devant une de ses boutiques. L’équipe des délégués avait décidé de déjeuner dans un restaurant voisin pour préparer un projet avec notre cher Nicolas Coulon. Il nous rejoignit au dessert et ce fut un moment très joyeux.Au printemps 2016, il voulait concrétiser un projet personnel et humanitaire dans un pays défavorisé et recherchait des contacts à Madagascar. J’ai organisé pour lui deux déjeuners avec deux amis, Bernard Ramanantsoa, le charismatique Directeur Général du campus, et Michel Manceau (H.64), très investi dans la vanille à Madagascar.Je laisse Michel exprimer ses souvenirs d’un long séjour qu’ils y partagèrent : « Philippe est arrivé un jour à Antalaha pour y trouver une crique bleu émeraude où séjourner. Mais il avait aussi en tête un projet humanitaire. Alors, il s’est installé à la terrasse de son hôtel, et, au fur et à mesure de nos déplacements quotidiens en brousse ( j’y achète de la vanille), il parlait poules, œufs, poulaillers, et petit à petit, tranquillement, il écrivait sur un grand cahier ses trouvailles. Et puis, quelques semaines plus tard, il a sorti un projet finalisé, que la Coopération allemande, également sur cette problématique, a validé : la mortalité des poules pondeuses était due à un manque d’hygiène dans les poulaillers, et des pratiques sanitaires adaptées permettraient d’éradiquer cette mortalité anormale. Ses problèmes de santé l’empêchèrent de poursuivre ce projet. »
Après son décès, j’ai revu son épouse Laurence et son fils Paul, qui dirige maintenant l’affaire familiale. Ce fut l’occasion de revenir sur son parcours professionnel riche, original et fertile. Philippe commença sa carrière en France dans un grand groupe américain de home products. À peine recruté, il partit à New York ainsi que d’autres « hauts potentiels » comme lui, pour une année d’intégration et d’imprégnation de la culture et des méthodes internes du groupe, avant de revenir à Paris, pour y redéployer l’entreprise. Il rejoignit ensuite Calor – SEB où il développa l’international, puis Moulinex comme directeur international qu’il quitta lors d’une longue guerre de succession.Une rencontre fortuite avec l’inventeur d’un appareil épilateur original « Silk Epil » fut l’occasion d’une association fructueuse pour un lancement mondial, où son talent et son expertise internationale dans la commercialisation d’appareils de petit électroménager domestique permirent un développement exceptionnel et la signature de plusieurs contrats de licence, avant que le marché ne se banalise. Ayant cédé ses parts, Philippe pouvait alors songer sereinement à de nouvelles aventures. Il prit différentes participations dans des entreprises. Parmi celles-ci, Espace Loggia, concepteur et producteur de meubles, qui avait été créée à la fin des années 1970 par Mijanou Bardot. Le concept malin, intelligent et novateur d’Espace Loggia, qui permettait d’optimiser l’ameublement de pièces aux volumes de plus en plus réduits et l’intérêt que présentait un mobilier modulable, le séduisait. Il suffisait d’y apporter une gestion efficace, sur les plans industriels, logistique et commercial, et de bâtir une communication percutante.Philippe prit le contrôle de cette affaire à la fin des années 1990. Il dynamisa l’entreprise en misant sur l’innovation et en relocalisant la fabrication des meubles en France. En 2002, il acheta à Pinault Bois une usine de bois située aux Herbiers, en Vendée. L’usine produit depuis lors les meubles ingénieux de la marque. Paul innova à son tour en digitalisant l’entreprise, et en créant un système de maintenance préventive via les objets connectés, particulièrement précieux pour les gestionnaires de résidences étudiantes, qui sont l’un des marchés porteurs d’Espace Loggia aujourd’hui.Voici quelques propos de l’hommage du directeur de l’usine des Herbiers lors de ses obsèques « Un patron au grand cœur qui a changé le cours de tant de vies » ; il évoque son profond charisme et son autorité naturelle, son talent pour exprimer des choses difficiles à entendre, avec toujours beaucoup de bienveillance, un homme juste, généreux, chaleureux, croquant la vie à pleines dents.Relisez sa page de notre annuaire trombinoscope 2000. Elle illustre bien sa personnalité lumineuse.
Philippe, homme discret, aura été une figure exemplaire de notre chère promotion.
Jean-Pierre Richard (H.66), avec le concours de Jean-Jacques Decléty (H.66)
Published by La rédaction