Habib Mbaye (MBA.01) : itinéraire d’un candidat à la présidentielle
Des bancs d’HEC à l’arène politique du Sénégal, Habib Mbaye, élevé dans le sillage de figures influentes, a tracé son parcours entre finance internationale et postes au gouvernement. Récit d’un parcours hors normes avec HEC Stories.
L’homme politique de 53 ans a grandi à Dakar, au Sénégal, avec ses cinq frères et sœurs. Grâce à son oncle Joseph Mbaye, ministre du président Mamadou Dia au début des années 1960, Habib Mbaye est bercé depuis l’enfance par les débats de la politique sénégalaise. « Mon oncle a été l’un des neuf ministres qui ont fait l’Indépendance. Être élevé par un tel homme politique, a développé chez moi une culture politique, et m’a donné l’opportunité de rencontrer beaucoup de monde. », confie-t-il.
À 18 ans, Habib quitte Dakar pour la France, où il est admis à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, et obtient un DEA d’économie, analyse des marchés et stratégie industrielle. « Je ne connaissais personne et je n’avais aucun repère en France, mais j’avais déposé des dizaines de dossiers d’inscription dans plusieurs universités bordant la capitale, raconte-t-il aujourd’hui. Parmi les quatre ou cinq universités qui m’ont accepté, j’ai choisi Reims qui était à une heure de Paris. Je ne voulais pas habiter la capitale pour la première année, parce que la vie là-bas est bouillonnante, mondaine, tout va à 100 km/h. Vivre en province était un choix plus sage. »
Diplôme en poche, Habib devient analyste pour les pays émergents à la SBF (la Société des Bourses Françaises). Puisque le secteur bancaire est un milieu qui le séduit, il poursuit sa lancée et se fait embaucher par une grande banque Luxembourgeoise où il occupe le poste d’analyste.
HEC comme tremplin de carrière
C’est en cherchant à booster son évolution de carrière qu’il entend parler du MBA d’HEC. « J’aimais mon poste au Luxembourg, j’avais un bon salaire, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que je voulais faire de ma vie. Je n’étais qu’un exécutant, pas dans le top management… J’ai donc cherché un moyen d’évoluer rapidement et c’est là qu’on m’a conseillé de tenter de m’inscrire à HEC. »
En dépit de sa volonté et de son acharnement, le concours d’admission lui cause bien des tourments et anxiété. Pour rejoindre l’École, pas d’autre choix que de travailler d’arrache-pied. « C’était vraiment très difficile… J’ai démissionné et je suis parti m’enfermer à Dakar pour réviser l’examen d’entrée, se souvient-il. Il fallait être totalement bilingue parce que le concours est en anglais et j’avais des progrès à faire de ce côté-là. Je ne pouvais pas me rater, HEC est une école d’élite, la number one en Europe, donc je me devais d’être excellent dans tous les domaines. »
Ses proches, qui le voient tout plaquer pour intégrer HEC, s’inquiètent. « Je me souviens à l’époque, ma mère disait que j’étais malade, qu’on m’avait marabouté. Pourquoi démissionner de mon poste à la banque qui était si bien payé au Luxembourg et reprendre soudain des études ? », dit-il en riant.
Pendant ses années MBA, le politique en devenir fait des rencontres inoubliables. Il a d’ailleurs gardé le contact avec Étienne Krieger, président du Club HEC Challenge + et directeur académique du programme HEC Challenge +. Bernard Ramanantsoa, ancien directeur général d’HEC Paris, lui a également fait forte impression. Mais celui qui l’a le plus marqué, demeure Bernard Marois : « C’était mon professeur de finance. C’est lui qui m’a initié aux principes de la finance internationale. » Ses camarades de promo gardent aujourd’hui une grande importance pour lui. « Une fois qu’on a fait des études dans un pays, on a des amis et des repères dans ce pays. Aujourd’hui, j’ai des repères en France. Quand j’ai envie de faire quelque chose, je pense à mes camarades qui ont fait HEC, qui ont réalisé beaucoup de choses. Ce réseau m’a beaucoup aidé dans mes emplois passés et nul doute qu’ils m’aideront dans mes projets à venir. »
De la Société Générale à la politique
Après avoir obtenu son MBA, Habib Mbaye est recruté par la Société Générale au Sénégal, où il devient directeur adjoint chargé de la clientèle de particuliers en Afrique de l’Ouest. De retour sur sa terre natale, il veut changer les choses et répondre à un besoin inhérent de l’élargissement du nombre d’agences bancaires. Avant, les habitants de Dakar étaient contraints de faire des kilomètres pour se rendre dans l’une des rares agences bancaires de la Société Générale à Dakar. « En raison des distances, ils n’avaient pas d’autres choix que de prendre les transports en commun avec une grosse somme d’argent sur eux pour faire un dépôt. Cela posait un problème de sécurité. Il était inadmissible de laisser perdurer cette situation » En deux ans seulement, 28 agences sont ouvertes à Dakar et Habib devient le principal artisan de l’extension du réseau de la Société Générale, en créant des services délocalisés, à travers de nouvelles agences et succursales.
Premiers pas au gouvernement
À Dakar, la transformation de la Société Générale ne passe pas inaperçue, et Habib est remarqué par la classe politique. « Le président Abdoulaye Wade s’est intéressé à mon travail et m’a recruté au poste de conseiller financier de la République en 2002. J’y suis resté près de dix ans. » Les dossiers s’accumulent et l’homme de 32 ans s’attaque même aux grands travaux. « Un grand nombre des dossiers économiques, financiers et culturels étaient sur ma table. J’étais sur tous les fronts ! Ensuite, en partenariat avec les États-Unis et le président de la République sénégalaise, j’ai validé le schéma d’urbanisme de la plateforme industrielle Diamniadio qui consistait à transférer des entreprises et industries pour désengorger Dakar et ses trois millions d’habitants, s’exclame-t-il. Abdoulaye Wade me faisait confiance et m’a confié l’entière responsabilité du projet. »
De fait, Habib est bientôt promu au rang d’inspecteur général des Grands Projets du président. Inarrêtable, il devient ensuite ministre, conseiller du président et membre du Conseil des ministres ! Ce sont les succès rencontrés à ces différents postes qui ont nourri au fil des ans son désir de poursuivre une carrière politique et de se présenter aux élections présidentielles.
Les ambitions d’un candidat à la présidentielle
À deux mois du premier tour, Habib Mbaye accélère sa campagne. Les motivations du candidat, très patriotes, sont nées d’une profonde volonté d’aider son peuple. « Je suis né au Sénégal, dans une famille politique et j’ai une grande expérience professionnelle dans ce domaine. Mon pays est en retard sur beaucoup de plans : infrastructures, santé, éducation, nourriture, agriculture… Il faut vite qu’il se mette aux normes, il a besoin d’aide pour se familiariser avec le circuit, déclare-t-il. Le Sénégal m’a toujours aidé et aujourd’hui, c’est à moi de lui venir en aide ! »
C’est avec son parti créé en 2013, l’A.D.S.L. Yakhine (Alliance pour la démocratie et le social libéralisme, « yakhine » signifiant « conviction » en langue wolof), qu’Habib se présentera au premier tour des présidentielles le 25 février 2024. La date de dépôt des candidatures approche et Habib est encore en attente de signatures pour obtenir les 55 000 parrainages exigés.
Afin de favoriser le développement économique, Habib prévoit de s’appuyer sur l’entrepreneuriat. « Les entreprises sénégalaises ont de très forts potentiels, mais le problème reste la formation. C’est là qu’HEC peut intervenir. On est seulement une trentaine de diplômés du groupe HEC, ce n’est pas suffisant, déplore-t-il. Je souhaite qu’on offre la possibilité aux Africains de pouvoir intégrer ces grandes écoles, affirme-t-il. Je défends l’Afrique et les Africains, je veux leur offrir le meilleur, parce que le meilleur réside dans ces grandes universités, où la formation et le réseau jouent un rôle important. » Habib Mbaye insiste aussi sur l’importance de la mixité au sein de ce projet. « L’entrepreneuriat féminin est plus reconnu et valorisé au Sénégal aujourd’hui, parce que les femmes sont sérieuses, elles remboursent et comprennent vite. »
Enfin, le candidat à la présidentielle veut miser sur l’IA. « Pour moi l’avenir du monde, l’avenir du Sénégal, est intimement lié à l’intelligence artificielle, s’enthousiasme-t-il. Il y a beaucoup de technologies qui vont être révolutionnaires, et l’IA couvre tous les domaines, c’est une perspective extraordinaire ! »
Plein de projets pour l’avenir de son pays, Habib Mbaye se positionne à la fois en tant qu’héritier d’une famille politique et en tant que dirigeant moderne, formé sur les bancs d’HEC, pour faire valoir sa candidature à la présidentielle du Sénégal.
Published by Loane Gilbert