fret maritime : les experts HEC du secteur
GTT, le tout GNL
Le groupe GTT, né en 1994 de la fusion de Gaztransport et de Technigaz, est expert dans le stockage et le transport en mer du gaz naturel. L’entreprise a développé une technique de cryogénisation qui permet de conserver le gaz naturel à l’état liquide. Cette technologie équipe 75 % des méthaniers dans le monde. Face aux nouvelles réglementations environnementales, l’entreprise a adapté ses réservoirs pour les navires utilisant un système de propulsion au gaz naturel liquide. « Le GNL est une bonne alternative au pétrole pour le transport maritime : il permet d’éliminer la quasi-totalité des émissions d’oxydes de soufre, d’azote et de particules fines et réduit de 20 % les émissions de CO2 », résume Philippe Berterottière (H.82), PDG du groupe. Depuis 2017, GTT a équipé vingt-sept porte-conteneurs CGA CGM dotés d’une motorisation au gaz naturel liquide.
Ovrsea, le fret à haut débit
« Nous sommes commissionnaire de transport, une sorte d’agence de voyage pour les marchandises, qui coordonne l’acheminement des produits à travers le monde », explique Arthur Barillas (H.17), cofondateur et PDG d’Ovrsea. En trois ans et demi, la start-up a révolutionné le secteur grâce aux outils numériques. « De la prise de commande au stockage portuaire, en passant par le transport en conteneurs et le dédouanement, tout est géré et centralisé depuis notre plateforme. » La force d’Ovrsea réside dans l’accompagnement des clients, malgré des flux complexes. « Pour la marque de vélos électriques Cowboy, nous gérons la livraison de pièces issues de plus de vingt fournisseurs asiatiques à l’assembleur final, situé en Europe. » D’une grande réactivité, la société propose une cotation en ligne en deux heures (contre vingt-quatre heures d’ordinaire). « Nos outils technologiques offrent des possibilités d’optimisation des opérations dont les acteurs traditionnels ne disposent pas », explique Arthur Barillas. Pour renforcer sa réactivité et sa fiabilité, la start-up investit dans l’automatisation de ses activités : solutions de tracking, utilisation du Big Data pour mutualiser les expéditions… En outre, Ovrsea propose à ses clients de compenser l’empreinte carbone de leurs flux logistiques. Avec un chiffre d’affaires qui a triplé en 2020, la start-up vient de se rapprocher du groupe Bolloré. « Ils nous apportent leur réseau et leurs actifs physiques, nous leur fournissons notre expertise digitale. » Prochaine étape : le développement à l’international. « Nous réalisons 70 % de notre chiffre d’affaires en France. Nous envisageons de déployer notre activité en Espagne, en Italie et aux États-Unis dans l’année qui vient. »
Neoline, le vent en poupe
Hisser les voiles pour décarboner le transport maritime ? C’est le défi relevé par Neoline. « Notre navire-pilote, le Neoliner, affiche une capacité de 5 300 tonnes, et il permettra de réduire de 70 à 90 % la consommation de carburant et les émissions carbone sur la ligne transatlantique Saint Nazaire – Baltimore – Halifax – Saint-Pierre, explique Éric Gavoty (H.70), président de la holding Neoline & Associés. La propulsion à voile sera complétée par une propulsion auxiliaire diesel-électrique pour manœuvrer dans les ports et garantir la ponctualité de la desserte. » Le concept a déjà séduit Beneteau et Manitou, deux groupes industriels des Pays de la Loire qui exportent aux États-Unis du fret lourd ou volumineux, non conteneurisé. « Neoline constitue pour eux une solution logistique pertinente et économiquement performante. Des groupes de luxe (Longchamp, Hennessy, Clarins), mais aussi des équipementiers tels que le Groupe Renault et Michelin, en pointe sur la RSE, ont aussi adopté notre solution pour leurs exports conteneurisés. » La construction a débuté fin 2021, et le premier cargo à voile de Neoline devrait entrer en service début 2024…
CMA CGM, carbone en berne
Pionnier sur les carburants alternatifs, l’armateur français a fait le choix dès 2017 de développer une flotte de porte-conteneurs équipés d’une motorisation hybride fuel-gaz. Côté gaz, le moteur utilise du gaz naturel liquéfié ou du biométhane, mais il pourra aussi être alimenté au e-méthane (un carburant neutre en carbone), sans nécessiter d’aménagement ou de modification. Cette flotte « e-méthane ready » se compose à ce jour de 18 navires, et atteindra 44 navires d’ici à la fin 2024. Mais la R&D de CMA CGM continue de plancher sur les carburants à zéro impact, tel que le e-méthane, bien sûr, mais aussi l’hydrogène. D’autres facteurs aident à réduire la consommation de carburant : l’hydrodynamisme des coques, mais aussi la taille des navires. « Non seulement les grands navires fluidifient le transport maritime, mais leur consommation de carburant par tonne transportée est plus faible », souligne Bertrand Simion (H.86), directeur central groupe lignes de CMA CGM.
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Published by Marianne Gérard