Évollis par Édouard Vaujour (H.14)
Présentez-nous Évollis et son activité ?
Évollis est un système de location qui a été mis en place en 2011 par Xavier Pinse, le fondateur. Nous proposons à la location tous les types de produits, à part les voitures, les jouets et les vêtements. J’ai rejoint l’aventure en 2017 à l’époque où la société a pris un virage stratégique en passant d’un système de prestataire de services bancaires à un système de grande distribution. De solutions de Location avec Option d’Achat (crédit bancaire – LOA) adossées à des partenaires bancaires, nous sommes passés à un modèle axé sur l’économie circulaire qui sous-tend une gestion complète de la durée de vie des produits, programme que nous commercialisons soit en direct, soit en marque blanche pour le compte de nos partenaires, y compris plusieurs établissements bancaires européens. Notre enjeu est donc de proposer des offres de location qui garantissent un confort d’usage pour le particulier ainsi que la durabilité du modèle industriel. Nous gérons ainsi la valeur résiduelle du produit, le recyclage, les marchés de la seconde main et le suivi client et leurs préférences sur la durée. Parce que cette offre est élaborée et conçue directement avec les distributeurs et fabricants en amont, notre principal axe de développement est de renforcer notre partenariat avec ces acteurs. D’ailleurs, nous intervenons en marque blanche : par exemple, nous gérons le programme de location de Samsung ou encore les solutions de plusieurs enseignes de distribution leader en Europe. Nous sommes aussi le partenaire exclusif de BNPP-PF sur ce segment. Depuis environ deux ans, nous avons lancé notre marque UZ’it Direct qui nous permet d’accélérer le développement de notre modèle d’économie circulaire.
Dites-nous-en plus sur la dimension d’économie circulaire.
Au travers de notre modèle, nous essayons d’améliorer la manière de consommer grâce à des solutions d’usage flexible et l’industrialisation de la gestion de la vie des produits. Concrètement, nous sommes capables de récupérer les produits, les transférer dans les usines de triage et suivre leur reconditionnement ou recyclage. Nous réintégrons ensuite ces produits dans le circuit de la seconde main en France ou à l’étranger. Nous encourageons donc la création d’une source secondaire de matière première et un marché de la seconde main. Nous sommes convaincus que, demain, cette source secondaire de matière première pourrait, comme pour les bouteilles en verre, devenir une source pérenne de reconstruction et d’innovation. Ce modèle contribue de surcroît à l’économie locale en créant des emplois durables. En effet, les produits changent et évoluent d’année en année, et il est donc difficile d’envisager l’automatisation des chaînes de triage, de recyclage ou de reconditionnement.
Pouvez-vous nous citer des applications concrètes de la finance éco-responsable ?
Dès mon arrivée dans l’entreprise, j’ai travaillé sur le volet de financement des produits. Nous étions sur un modèle à la croisée entre le leasing bancaire et le portage d’encours sur bilan. L’enjeu était de s’appuyer sur les possibilités offertes par les schémas financiers, comme la titrisation, pour bénéficier d’une meilleure gestion du risque et de la rentabilité et proposer de nouveaux modèles de finance éco-responsable (applications concrètes). Aujourd’hui, nous sommes capables de générer du taux fixe et de mieux contrôler le risque grâce une meilleure visibilité sur les impayés et le fait que nous sommes arrivés à faire financer nos solutions par des fonds de dettes en plus de nos partenaires bancaires. À cela s’ajoute le financement de l’innovation chez les fabricants qui vont pouvoir monter en gamme et ont, pour certains, déjà amélioré le turnover de leurs produits de plus de 40 % grâce à la solution Évollis. Enfin, on peut aussi citer le financement de l’économie et des emplois locaux vertueux pour la planète.
Sur un plan plus personnel, dans le cadre de votre carrière, vous avez pu apprécier la place grandissante de l’intelligence artificielle . Qu’en est-il ? Quelles sont les perspectives que ce domaine peut offrir ?
Aujourd’hui, les clients bancaires historiques, qui étaient essentiellement des consommateurs, se sont transformés en utilisateurs avec lesquels il faut pouvoir établir une communication permanente. Cela sous-entend des enjeux forts de collecte et d’analyse de données provenant de diverses sources. Pour analyser ces volumes toujours plus importants, l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives. La vision que j’avais à HEC de cette technologie était très éloignée de la réalité du terrain. Par exemple, si l’intelligence artificielle permet d’optimiser la prise de décision ou d’automatiser certains processus, nous n’en sommes pas encore au stade où les systèmes sont en capacité de prendre seuls des décisions complexes. Au sein d’Évollis, l’intelligence artificielle et le machine learning nous ont permis de développer un système qui sert nos objectifs et nos ambitions. Afin de viabiliser le système d’économie d’usage circulaire que nous commercialisons, nous pensons qu’il est impératif de le rendre accessible à tous. C’est pourquoi, notre politique d’octroi, soutenue par notre solution de machine learning, nous permet d’accepter une très grande partie des clients « non-bankable » qui n’ont pas accès au financement bancaire classique. L’expérience nous donne raison : nous avons des taux d’impayés très faibles sur des clients rejetés par les systèmes d’octroi bancaire. En parallèle, ces nouvelles technologies nous ouvrent des perspectives en termes de microtargeting afin de cibler plus finement nos clients et d’identifier leurs besoins pour leur proposer la solution adéquate.
Édouard Vaujour (H.14) a débuté sa carrière dans la banque d’affaires. Il a ensuite monté sa propre entreprise de location de caves à vin avant d’être approché pour la création d’une banque d’investissement parisienne spécialisée dans la clientèle du Moyen-Orient. Suite à sa rencontre avec Xavier Pinse, le fondateur d’Évollis, en 2017, il prend en charge le business development et monte la Direction Corporate de la société regroupant la finance d’entreprise, la gestion du risque, les projets stratégiques et l’exploitation.
ÉVOLLIS L’entreprise a été fondée par Xavier Pinse en 2011. Aujourd’hui, grâce à son équipe de 54 collaborateurs, Évollis gère plus de 300 000 contrats en B2C d’une valeur d’environ 200 millions d’euros de transactions.
Published by La rédaction