Entrepreneure de la semaine : Aliénor Bouvier-Lewi (H.09) fait rêver les petits
Aliénor Bouvier-Lewi (H.09) est une entrepreneuse passionnée par l’éducation et la créativité. Après Sciences Po, HEC et de longues années en robe d’avocate, la jeune femme se lance dans l’entrepreneuriat et co-fonde Tikino, un projet innovant destiné à révolutionner l’éveil des enfants. Rencontre.
Aliénor Bouvier-Lewi a passé une partie de son enfance en Inde, à New Delhi, avant de s’installer en France, en CE2. Cette transition a façonné sa vision du monde. “Mon enfance s’est découpée en deux univers totalement antinomiques”, nous confie-t-elle avec nostalgie.
Bilingue, elle obtient un baccalauréat littéraire à Versailles, puis elle intègre une hypokhâgne. S’ensuivent Sciences Po puis HEC. « Je me suis dit que c’était bien de compléter avec une école de commerce, parce que ce sont des métiers qui m’attiraient aussi », lance cette grande bûcheuse.
En 2006, la jeune fille de 23 ans, entre en admission directe en deuxième année et intègre rapidement la communauté. Compta, RH, finance d’entreprise, marketing, Aliénor acquiert les bases de l’entrepreneuriat et, rattrapée par la littérature, la création artistique et l’univers culturel qui lui a toujours plu, l’entrepreneure en devenir opte finalement pour la Majeure MAC (Médias, Art et Création). Dans cette spécialisation, elle étudie la gestion des entreprises culturelles, jonglant entre édition, cinéma et radio.
Aliénor brûle toujours pour son intérêt du droit et de l’univers juridique, elle passe donc, en parallèle d’HEC, un Master de droit public à distance à Paris I Panthéon-Sorbonne pour lui permettre d’obtenir le barreau en 2008, en même temps que son diplôme de la Grande École.
Du barreau à Tikino
Droit de la concurrence, secteur du contentieux, l’avocate en devenir passe du Conseil d’État à un cabinet qui monte en droit public et régulation. Plusieurs années à travailler d’arrache-pied. Mais voilà… Les heures de travail ne comptent pas pour les collaborateurs éprouvés. Au bout de sept années et deux charmants enfants, Aliénor est rattrapée par ses premiers amours. Elle veut souffler puis entreprendre.
Elle décide ainsi d’offrir aux enfants, une alternative aux écrans électroniques. Avec Laurène Altmayer, une autre déserteuse du barreau, elles fondent Tikino. « Nous cherchions un moyen de sortir les enfants, enfermés dans leurs écrans et autres tablettes. Avec un projecteur, c’est tout à fait différent, on relève la tête des enfants et on leur fait voir les choses en grand – comme au cinéma ! »
Tikino est un outil vendu comme une lanterne magique imaginée pour les enfants de trois à dix ans. Seuls et de façon autonome, ils peuvent projeter des contenus au mur ou sur le plafond de leur chambre. Les vidéos proposées par la start-up sont riches et exigeants, tous conçus avec des artistes et professionnels de l’enfance. « Tous nos contenus sont illustrés et animés avec douceur pour éveiller les enfants sans les surstimuler ».
Allant des contes classiques, à la poésie en passant par des contes inédits du monde entier, toutes les productions sont accompagnées d’une mélodie travaillée pour que les enfants puissent se découvrir un amour des instruments de musique et de la musique en elle-même. Les petits sont ainsi invités à explorer l’art, l’histoire, l’écologie et la mythologie à travers des récits visuels et sonores qui nourrissent leur imagination.
Derrière ce projet novateur, il y a l’envie de trois mamans de proposer cette alternative intelligente aux écrans électroniques. Aliénor et Laurène ont vite été rejointes par Thiphaine Le Roy, passée elle aussi du Cac40 à l’entrepreneuriat. Ensemble, elles ont bossé, osé, bûché pour monter leur projet passé dans le top 5 des meilleures campagnes de crowdfunding catégorie Enfance d’Ulule. « Ça a été vraiment un grand succès, ça nous a beaucoup aidées ensuite dans notre levée Friends and Family qui a financé une grande partie de notre R&D. »
Le projecteur se vend principalement grâce au principe du bouche-à-oreille. Il est conçu et assemblé en France : « Notre volonté : soutenir le Made in France ! On l’a rêvé et on l’a fait ! Nous sommes très fières de porter ensemble les couleurs de l’entrepreneuriat français et féminin. » Plusieurs milliers de projecteurs ont été vendus au prix de 200 euros. Un prix élevé, mais l’objectif principal de la start-up est de parvenir à réduire son coût pour qu’un maximum de familles puissent se le procurer et ainsi faire croître davantage l’entreprise, tout en demeurant rentable.
Séances de yoga et apprentissage en anglais
Après deux ans d’existence, la société se diversifie et cherche à attirer un public plus large en développant des partenariats avec différents producteurs de courts-métrages ou des maisons d’édition comme Bayard ou Il était une fois.
En plus de ravir les enfants en leur offrant des histoires uniques qui éveillent leur imaginaire, Tikino se veut également engagé en faveur de l’apprentissage de l’anglais chez les plus petits et créé une série d’histoires permettant de les former à la langue dès le plus jeune âge. Aussi, pour aider les enfants à travailler leur motricité et coordination, Tikino propose également des séances de yoga et de méditation pour s’apaiser.
La vision d’Aliénor et de son équipe a permis de créer une alternative intelligente aux écrans électroniques et de contribuer à l’éveil des enfants de façon ludique et autonome. Il y a fort à parier que cette innovation saluable saura évoluer et se développer davantage pour révolutionner la manière dont les enfants sont voués à apprendre et découvrir le monde.
Published by Loane Gilbert