Eloïc Peyrache face aux étudiants HEC
Il connaît HEC Paris sur le bout des doigts. Il y a débuté sa carrière en 2003, en tant que professeur chercheur en économie, avant de prendre les manettes de la Grande École et des Masters. En onze ans, il a fait de l’égalité des chances son cheval de bataille, et du soutien à l’entrepreneuriat sa marque de fabrique. Désormais à la tête de l’ensemble du Groupe HEC Paris, Éloïc Peyrache s’apprête à impulser un vaste plan de transformation de l’École axé autour du triptyque qui forme désormais sa raison d’être : « We think, we teach, we act ».
Avec pour ambition de renforcer non seulement le rayonnement d’HEC, mais aussi celui de sa communauté. Réorganisation du campus, modernisation des infrastructures, modification des modalités d’admission aux concours, refonte des cours de la Grande École, problématiques d’inclusion et de diversité… les chantiers sont nombreux et nos trois étudiants, particulièrement investis dans le tissu associatif et la vie de l’École, ne manquent pas d’interpeller leur dean sur ces sujets.
Éloïc Peyrache prend le temps de répondre avec précision, sans détour, n’hésitant pas à consacrer deux heures à cet entretien. On sent qu’il aime dialoguer avec eux. Il reste d’ailleurs en contact avec de nombreux alumni fraîchement diplômés, qu’il appelle en début d’année, afin d’échanger sur leurs premiers pas dans l’univers professionnel. L’occasion de prendre le pouls des tendances extérieures, mais aussi de se réjouir de les voir déployer leurs ailes dans la voie de leur choix, après le tremplin des années campus.
Stratégie de l’école
Cecilia Bouri : En tant que dean d’HEC Paris, quelles sont vos ambitions pour l’École ?
Éloïc Peyrache : Ce qui me motive, c’est de renforcer l’impact d’HEC, qu’il s’agisse de son impact à travers la faculté, les étudiants ou l’institution. Sur le plan académique, la diffusion des travaux de nos professeurs chercheurs, déjà très influents sur de nombreux sujets, doit continuer de s’amplifier pour contribuer à apporter au monde des solutions nouvelles. Vous concernant, vous, étudiants, nous souhaitons que vous viviez à HEC une expérience extraordinaire qui vous permette, demain, d’agir positivement sur le devenir des entreprises et dela société. Enfin, HEC en tant qu’école se doit d’être un modèle en matière de développement durable, de diversité, d’ouverture et d’inclusion.
Louis Fidel : Les attentes des étudiants sur les questions écologiques sont fortes, comme l’illustre la lettre en faveur la transformation de la stratégie de l’école et des enseignements, en janvier dernier. Ces attentes seront-elles prises en compte ?
E.P. : Avec François Collin (H.87), qui est directeur de la stratégie climat et environnement, nous avons établi une feuille de route basée sur cinq piliers (recherche, gouvernance, enseignement, campus et diversité) afin de nous conformer aux Objectifs de développement durable définis par les Nations Unies. De nombreux projets ont déjà été lancés, qui visent à adapter les programmes et à faire du campus une référence en matière de durabilité.
Louis : Quelles seront les nouveautés concernant la recherche et l’enseignement ?
E.P. : En matière d’enseignement, HEC propose depuis longtemps des cours électifs et des spécialisations sur le développement durable. À nous de faire en sorte que tous les étudiants soient exposés à ces questions au cours de leur scolarité. Des cours obligatoires ont donc été créés en L3 et M1 et un certificat transverse à tous les programmes sera proposé dès cette année. Mais cela ne suffit pas : ces grands enjeux de société doivent être abordés dans tous les cours fondamentaux. Cette transformation en profondeur aura lieu lors la refonte du curriculum, à la rentrée 2022. C’est l’une des priorités de la faculté. Pierre Andurand (M.00) a d’ailleurs octroyé un don pour recruter un professeur chercheur sur ces thématiques.
Mariana Mergulhao : HEC se doit d’être rentable, mais c’est aussi une institution d’enseignement. Peut-il y avoir un conflit éthique ?
E.P. : Non, car HEC n’est pas rentable et ce n’est pas son objectif ! L’École est une institution à but non lucratif au service de l’intérêt général et il est impératif de maintenir ce statut. Nous ne distribuons ni dividendes ni jetons de présence : l’intégralité des revenus de l’École est réinvestie au service de notre mission. Sans la Chambre de commerce et d’industrie régionale et la Fondation HEC, le rayonnement de notre institution serait moindre.
Louis : Pensez-vous qu’à HEC, les étudiants sont assez impliqués dans la gouvernance et donc dans les choix stratégiques de l’école ? Il n’y a par exemple qu’un seul étudiant au conseil d’administration.
E.P. : Il n’y a aussi que deux professeurs et un membre de l’administration au conseil d’administration : ce n’est pas si déséquilibré. Plus qu’au niveau de la gouvernance, c’est dans la vie de l’École que l’implication des étudiants aura le plus de force. Je tiens d’ailleurs à remercier celles et ceux qui prennent le temps, en plus de toutes leurs autres activités, de s’investir au sein de l’institution ! Dans notre nouvelle organisation, une direction, placée sous la responsabilité de Kristine de Valck, est dédiée à l’expérience étudiante des programmes diplômants pré-expérience et MBA : pôles académiques, services carrières et vie étudiante… Cette entité a pour vocation d’être en interaction avec les étudiants sur toutes les dimensions de leur expérience à HEC.
Cecilia : Qu’envisagez-vous pour renforcer le lien entre HEC Paris et les entreprises ?
E.P. : Notre but principal est que les entreprises du monde entier prennent conscience qu’HEC est un vivier de talents unique, propre à répondre à leurs besoins de recrutement. Et la direction Partenariats Entreprises fait découvrir aux étudiants des secteurs ou des entreprises, qui offrent de belles opportunités de carrière. En parallèle, les parcours des diplômés se sont fortement diversifiés. Ils sont de plus en plus nombreux à rejoindre des ONG, des structures de l’entrepreneuriat social et solidaire ou à créer leur entreprise… Cette diversité d’expériences et d’aspirations est une vraie richesse.
Mariana : Quels seront les prochains partenaires d’HEC, à Paris et à l’international, en termes d’innovation ?
E.P. : Notre portefeuille de partenariats est déjà l’un des plus riches au monde. En nouant de nouveaux partenariats de premier plan (avec Yale, MIT ou Berkeley…), HEC Paris a d’ailleurs opéré une réelle mutation au cours des dix dernières années. Nous avons des projets avec des institutions académiques, mais à court terme, nous concentrerons nos efforts sur les enjeux de diversité.
Mariana : La crise sanitaire et la nécessité de passer au digital ont-elles modifié les perspectives de l’école ?
E.P. : Oui. Durant le confinement, nous avons investi pour parer à l’urgence. À plus long terme, notre grand programme immobilier, qui vient d’être lancé, inclura des infrastructures de pointe. Une réflexion est également menée pour adapter la pédagogie aux formats des cours de demain : présentiels, blended ou distanciels, synchrones ou asynchrones…
Inclusion et diversité
Louis : Selon un sondage de l’association étudiante QPV, 92 % des étudiants d’HEC ont au moins un parent quia fait des études supérieures et 39 % au moins un qui a fait une grande école de commerce ou d’ingénieur. Quels moyens peut-on mettre en œuvre pour favoriser l’égalité des chances et réduire la reproduction sociale ?
E.P. : HEC investit en amont des concours, en accordant des bourses à des étudiants de prépa – 500 bourses ont été distribuées en 2021 –, en créant des concours d’éloquence ou en instaurant un mentorat pour les lycéens ou élèves de prépa. En quelques années, la Grande École est ainsi passée de 5 % à 15 % de boursiers. Pour porter cette proportion à 20 %, nous allons intensifier ces programmes, et modifier dès 2022 les modalités des concours. Il s’agira tout d’abord de bonifier tous les carrés. Puis cette bonification – pas plus pas moins – sera maintenue pour tous les étudiants boursiers qui cubent. D’après nos projections, ces mesures auront pour effets d’augmenter la part des femmes admises et d’élargir le pool de prépas dont au moins un élève intègre HEC. L’égalité des chances est mon cheval de bataille depuis des années, et je pense que la diversité est au cœur de notre volonté d’excellence.
Louis : Il y a une vingtaine d’années, les étudiants d’HEC devaient effectuer un stage dit « ouvrier ». Ce n’est plus le cas. Envisagez-vous un retour de ce type d’expérience, dans l’économie sociale et solidaire, par exemple ?
E.P. : Oui et il faudra sans doute aller au-delà du seul stage ouvrier. Le nouveau curriculum intégrera un engagement de terrain au service de l’impact social.
Mariana : Avec d’autres étudiantes, nous avons créé l’initiative Boost’Her, en partant du constat qu’au sein de la majeure Entrepreneurs X-HEC, il y a moins de filles que de garçons, et la majorité des intervenants sont des hommes…
E.P. : Vous avez raison : nous devons faire venir davantage d’entrepreneuses et d’intervenantes au sein de votre majeure. Cet objectif est d’ailleurs inscrit dans la feuille de route de la nouvelle directrice d’HEC Entrepreneurs, une femme donc, et votre association est bienvenue pour participer à ces réflexions. Par ailleurs, certains programmes attirent moins de candidates que de candidats. À nous de réfléchir aux moyens de féminiser les effectifs de ces formations.
« HEC n’est pas rentable et ce n’est pas son objectif »
Mariana : Fin 2020, un rapport de l’Observatoire des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur révélait qu’une étudiante sur dix était victime d’agression sexuelle. Quelles dispositions l’École a-t-elle prises pour la sécurité des étudiantes ?
E.P. : Sur ce sujet, un dispositif et des mesures ont été adoptés il y a déjà plusieurs années. J’ai cependant tenu à ce qu’ils soient renforcés. Pour ce faire, un audit externe sera réalisé par une association indépendante chargée de dresser un état des lieux et de formaliser un plan d’action cohérent. En parallèle, sans attendre ses recommandations, nous avons externalisé notre plateforme de signalement afin d’assurer une confidentialité totale de l’accompagnement – que notre centre médical garantit aussi, d’ailleurs. Les équipes de Student Life créées par Peter Todd mènent déjà des actions de sensibilisation. J’estime que pour aller plus loin, nous devons faire appel à des personnes expertes et indépendantes. Aussi, dès la rentrée prochaine, le groupe Egae, qui gère notre plate-forme de signalement, assurera la formation de l’ensemble des élèves sur les questions du harcèlement ainsi que des violences sexuelles et sexistes. Il accompagnera également les bureaux des associations sur ces thèmes tout au long de l’année.
Louis : Vous avez évoqué les nouveaux projets immobiliers de l’École. Vous pouvez nous en parler ?
E.P. : Oui, je peux tout à fait vous en parler. Notre stratégie immobilière s’articule autour de trois lieux. Le premier est un vaste pôle entrepreneurial à Paris qui nous permet aujourd’hui d’accompagner près de 150 entreprises par an (start-up ou projets d’innovation d’entreprise). 70 sont hébergées à Station F et, dès cet été, une cinquantaine sera accueillie dans de nouveaux locaux, à Bastille. Nous voulons accroître ces capacités pour soutenir encore plus de porteurs de projets. Notre deuxième projet est la création d’un pôle de formation continue structuré autour du château qui se trouve proche du lac, en bas du campus. Ce nouveau lieu accueillera HEC Executive Education. Enfin, nous allons réaménager les lieux de vie et d’apprentissage sur le campus principal à l’horizon 2024-2025. Certains bâtiments seront détruits, les salles de cours deviendront modulables pour servir de study rooms, une agora sera créée en plein centre du campus… D’ici au mois de décembre, nous mobiliserons des groupes d’étudiants pour nous accompagner dans ce grand projet.
Mariana : Les étudiants internationaux sont-ils véritablement intégrés sur le campus ?
E.P. : Aujourd’hui, 110 nationalités sont présentes sur le campus. C’est un véritable forum mondial ! Le défi est de créer une communauté d’étudiants diverse et soudée. Le sport est un facteur d’intégration. La vie associative doit l’être aussi, et nous envisageons de créer dès la rentrée prochaine des associations qui fonctionneront en anglais. Le campus doit devenir un lieu emblématique de la diversité internationale.
Les programmes pédagogiques
Mariana : Grande École, MS et MSc, EMBA, MBA… Pourquoi porter tant de programmes différents au sein d’HEC ?
E.P. : Nous devons être présents sur tous les grands standards académiques internationaux – MBA, MiM et certains MSc. Pour d’autres programmes, s’ils n’existent pas dans toutes les business schools du monde, ils n’en reposent pas moins sur d’importants atouts d’HEC et permettent de diversifier notre offre.
Mariana : La méthodologie d’enseignement est-elle uniforme au sein de tous les programmes ?
E.P. : Non, la pédagogie unique n’a pas lieu d’être. Même au sein d’un même programme, vous aurez des professeurs avec des pédagogies bien différentes. C’est encore plus vrai entre des programmes différents. Et tant mieux !
Cecilia : Qu’est-ce qui, de votre point de vue, différencie le MBA d’HEC Paris des autres meilleurs MBA mondiaux ?
E.P. : Par rapport aux MBA américains, nous offrons une plus grande diversité internationale à tous nos participants. L’offre de spécialisations est aussi très spécifique à HEC. La différence que nous continuons à cultiver, c’est d’être l’École où les entreprises viennent recruter pour le monde entier.
Cecilia : Le séminaire de rentrée MBA à Saint-Cyr, qui permet d’assumer des rôles de leadership hors de sa zone de confort, est très apprécié. Envisagez-vous d’étendre ce partenariat tout au long de la formation MBA, afin qu’il devienne partie intégrante de notre expérience ?
E.P. : Oui j’y serais très favorable, d’autant que la direction innovation expérientielle du MBA veut insuffler encore davantage d’expérience de terrain dans le programme.
Cecilia : Envisagez-vous de lancer avec d’autres institutions mondiales un programme MBA similaire au Trium EMBA ?
E.P. : Il existe déjà de nombreuses opportunités d’échanges ou de doubles diplômes. Nous préférons nous concentrer sur la qualité des seize mois de MBA que nous proposons à HEC Paris.
Cecilia : Après plusieurs échanges avec des entreprises françaises, nous avons noté une prédilection pour les élèves en Master Management et Master Finance, notamment dans les secteurs du conseil et de la banque d’affaires. Comment pallier cette dichotomie et mieux valoriser les MBA d’HEC sur le marché français ?
E.P. : Il n’y a pas de raison d’opposer le placement de nos différents programmes. Même si leurs critères d’admission diffèrent, ils partagent la même excellence et contribuent tous au rayonnement de la marque HEC Paris. Les entreprises ont des besoins de recrutement très variés : elles recherchent aussi bien des profils de 25, 35 ou 45 ans. Pour le MBA, l’enjeu stratégique est d’atteindre une masse critique d’étudiants qui permettra d’attirer les recruteurs sur le campus : c’est pourquoi nous allons continuer à faire grandir ce programme et nous comptons sur vous pour continuer à le promouvoir.
Cecilia : Comment expliquer l’augmentation des frais de scolarité du MBA alors que les autres écoles ont gardé à peu près les mêmes depuis quelques années ?
E.P. : Nous les avons extrêmement peu augmentés pendant une longue période, contrairement aux autres. Aujourd’hui, nous souhaitons réinvestir fortement dans de nouveaux services, en étoffant notamment le service carrières. Mais comparez avec le reste du top 10 MBA du Financial Times : nos frais de scolarité restent largement inférieurs !
« Pour le MBA nous voulons insuffler encore davantage d’expérience de terrain »
Louis : Pour la Grande École, pouvez-vous nous parler de la refonte pédagogique, qui vise à adapter les enseignements aux questions de l’impact social et environnemental ?
E.P. : La légitimité d’un étudiant issu d’une école de commerce comme HEC tient à son solide bagage en management, un fort esprit entrepreneurial et sa capacité à être un leader éclairé et éclairant. Pour cela, il vous faudra de plus en plus ouvrir vos champs de compétences et avoir la capacité de connecter des personnes aux profils très différents en « parlant leur langage », qu’il s’agisse de code, d’art, de design ou de sciences et technologies. La personne qui prendra la relève de Marc Vanhuele à la Grande École est un chercheur mondialement reconnu. Il entamera dès sa nomination les discussions sur cette refonte du curriculum. Ce sera un travail de longue haleine qui impliquera les professeurs, les étudiants et des intervenants extérieurs. Rendez-vous à la rentrée de septembre 2022 pour voir le résultat !
Louis : Avec la multiplication des électifs et la création des académies, les étudiants L3 et M1 ont plus de choix dans la construction de leur scolarité. Pourtant, certains cours fondamentaux ne sont appréciés que par ceux qui souhaitent poursuivre dans ces domaines. Seriez-vous favorable à davantage de flexibilité dans la construction des parcours étudiants ?
E.P. : En L3 et M1, il est trop tôt pour choisir : vous ne savez pas encore de quoi votre vie professionnelle sera faite. Quand je discute avec des jeunes diplômés, ils sont unanimes : les cours fondamentaux leur sont très utiles en début de carrière. Il y a donc un risque majeur à vous laisser choisir trop tôt : cela pourrait vous faire manquer de nombreuses opportunités. Et je suis par ailleurs convaincu que toutes les matières enseignées à HEC peuvent être passionnantes !
Mariana : Pensez-vous que demain, les X-HEC Entrepreneurs créeront des licornes capables de rivaliser avec la Silicon Valley et l’écosystème chinois ?
E.P. : Bien sûr. L’entrepreneuriat est dans l’ADN de l’École. L’enjeu est de créer des entreprises qui se développent à l’international, à l’instar de Webhelp fondé par Frédéric Jousset (H.92), Mirakl fondée par Adrien Nussenbaum (H.01) ou Doctolib fondé par Stanislas Niox-Chateau (H.10). Et nous aurons dans les années qui viennent de plus en plus de diplômés non français qui lanceront leurs entreprises depuis Paris. En 2020, les start-up passées par l’incubateur ont levé 145 millions d’euros en amorçage et la croissance a été exponentielle ces dernières années. Dans ce domaine, notre synergie est maximale avec les alumni, qui sont impliqués à tous les niveaux : au sein de l’Incubateur, en tant que mentors, et avec le fonds HEC Ventures, comme investisseurs. Avec un tel écosystème, l’École a les moyens de devenir le pôle d’entrepreneuriat de référence en Europe.
Who’s the dean ?
Mariana : Selon vous, en quoi l’expérience à HEC peut-elle être transformatrice pour un jeune qui intègrela Grande École ?
E.P. : Ce qui est passionnant, c’est que nous avons quatre ans pour les aider à multiplier les expériences et les rencontres, afin de répondre à une question fondamentale mais difficile : quel est mon rêve ? Quel sens vais-je donner à ma vie ? À quoi suis-je bon ? Notre travail est d’accélérer votre capacité à trouver les bonnes réponses.
Mariana : Et vous, quel est votre rêve pour les futures générations de diplômés ? Quel sens donnez-vous à votre mission ?
E.P. : À HEC, nous vivons vos projets par procuration et avons à cœur de vous aider à créer de grandes choses ! Un exemple : Victor Lugger (H.08) a fondé l’Incubateur avec moi en 2007. Puis quelques années plus tard, il est revenu donner des cours à la Grande École. Quand il a décidé de monter un restaurant avec Tigrane Seydoux (H.08), nous leur avons mis à disposition la Kfet du S… La suite, vous la connaissez, c’est la réussite de Big Mamma. Pour toutes les boîtes de l’Incubateur, nous nous demandons comment nous pouvons être le premier partenaire et accélérer leur développement.
Louis : Les étudiants vous connaissent en tant que directeur de l’École, mais peu comme professeur d’économie. Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique ?
E.P. : J’étais spécialisé sur la théorie micro-économique, même si j’ai réalisé des travaux plus empiriques, sur la question du genre notamment. En prenant la direction du programme Grande École en 2009, j’ai été déchargé de tout enseignement. J’avais envie d’action. Cela dit, l’enseignement me manque énormément : c’est plus facile de faire un speech devant 3 000 personnes lors de la cérémonie de graduation que de faire un cours devant 45 élèves… Le vendredi matin à 8 heures, il faut aller les chercher !
Louis : Vous prenez le vélo chaque matin pour venir à HEC depuis le 14e arrondissement de Paris… Comment vous est venue cette idée ?
E.P. : J’ai été très vexé de constater, il y a deux ans, que mon fils de 13 ans grimpait le mont Ventoux plus vite que moi ! Plus sérieusement, cela fait une heure et demie de sport dans la journée, ce qui est excellent pour la santé physique et mentale. Et l’impact environnemental est direct. Pensez-y, ce n’est pas beaucoup plus long qu’en voiture : on évite les embouteillages et il y a des pistes cyclables quasiment en continu depuis Paris.
Mariana : Avez-vous déjà fait un barbecue au lac d’HEC ? Une séance de sport ? De l’escalade ?
E.P. : Plus que vous n’en ferez jamais ! [rires] Avec les élèves, les collègues, les admissibles… J’ai aussi largement utilisé les infrastructures sportives, qu’il s’agisse des terrains de tennis, foot, basket, de la salle de musculation… ou du mur d’escalade.
Mariana : Si vous aviez le pouvoir de transformer une chose sur cette Terre, que feriez-vous ?
E.P. : Je ne suis pas adepte de la baguette magique, mais je vais formuler un vœu de réussite. Que dans l’esprit de chacun, bien au-delà des diplômés, HEC soit une chance pour notre pays et fasse partie de la solution face aux grands enjeux du monde. En attirant les meilleurs chercheurs, HEC contribue à produire de la connaissance qui change le monde. En attirant des étudiants du monde entier, appelés à avoir d’importantes responsabilités, HEC participe à créer un monde plus ouvert et plus tolérant. C’est vital dans le contexte actuel ! Un alumni va d’ailleurs faire un don significatif pour financer des bourses pour les élèves issus de pays en guerre. Cela s’inscrit dans le prolongement de l’engagement d’HEC pour la promotion de l’ascenseur social sur le sol français.
Propos recueillis par Marianne Gérard
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Published by Marianne Gérard