C’est un accord historique dont peut se prévaloir Pékin qui présidait la 15e Conférence internationale pour la biodiversité qui s’est tenue à Montréal. Les 196 Parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations unies se sont entendus sur une série de vingt-trois objectifs. Élise Rebut (M.06), revient sur cette feuille de route cruciale pour enrayer la destruction de la nature et de ses ressources.

Après avoir été pendant plusieurs années point focal national pour la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), Elise Rebut (H.06) est maintenant directrice France de l’ONG Conservation International. Elle a participé à la 15ème Conférence des Parties (CoP 15) à la CDB, qui s’est tenue du 7 au 19 décembre à Montréal, et qui a permis l’adoption de nouveaux objectifs mondiaux pour la biodiversité. Pendant les CoP, les ONG ont un statut d’observateur. Elles peuvent suivre les négociations, organiser des évènements et faire des recommandations aux négociateurs.


Cette semaine à Montréal, les 196 Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) ont adopté un nouveau cadre stratégique de la biodiversité pour les dix prochaines années : le « Cadre Mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal ».

23 cibles ont été définies pour enrayer et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030. Parmi les plus emblématiques, figurent :

– La protection d’au moins 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines (cible portée par la coalition de haute ambition pour la nature et les peuples, co-présidée par la France et le Costa Rica, aux côtés du Royaume-Uni pour les océans) ;

– La restauration d’au moins 30% des écosystèmes dégradés ;

– La réduction d’au moins de moitié du risque global lié aux pesticides ;

– La promotion de l’agroécologie et des solutions fondées sur la nature ;

– Et pour la toute première fois dans un accord multilatéral, les Parties demandent aux grandes entreprises et aux institutions financières transnationales de contrôler, d’évaluer et de divulguer leurs risques, dépendances et impacts sur la biodiversité.

Le nouveau cadre dresse le constat du déficit de 700 milliards USD par an de financement de la biodiversité et comprend en réponse un package financier pour sa mise en œuvre. Il prévoit ainsi :

– la mobilisation d’au moins 200 milliards USD par an d’ici 2030 ;

– l’augmentation des ressources internationales liées à la biodiversité pour les pays en développement d’au moins 20 milliards USD par an d’ici 2025, et d’au moins 30 milliards USD d’ici à 2030 ;

– l’élimination, la suppression ou la réforme d’au moins 500 milliards USD de subventions néfastes à la biodiversité d’ici 2030 ;

– Le renforcement des synergies entre financements climat et biodiversité ;

– L’appel au secteur privé à investir dans la biodiversité, notamment par le biais de fonds d’impact et d’autres instruments.

Le véritable défi réside maintenant dans la mise en œuvre opérationnelle du cadre de Kunming à Montréal, avec le renouvellement des stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité, mais aussi et surtout avec l’impulsion donnée par les coalitions d’acteurs. L’intégration sectorielle de la biodiversité et l’alignement des flux financiers avec les objectifs de la biodiversité feront partie des leviers les plus puissants pour l’atteinte des nouveaux objectifs. Le livre Blanc sur la Biodiversité de l’Association des Diplômes d’HEC a envoyé un message fort en ce sens.

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