Comment s’accommoder du confinement quand on a un métier, un MBA à passer et un enfant à la maison ?
LA RÉPONSE DEPUIS L’… ESPAGNE
A Barcelone, les enfants n’ont pas eu le droit de sortir jusqu’au dimanche 26 avril. Après cette date, ils étaient autorisés à passer une heure à l’extérieur. Pendant plus d’un mois, je ne suis donc pas sortie, car je ne pouvais pas laisser ma fille Blanca toute seule. Ma mère me laissait les courses sur le palier, elle m’a été d’une grande aide. En plus d’applaudir les soignants comme par-tout en Europe, il nous est arrivé d’applaudir les enfants. C’était très important pour moi de montrer ma reconnaissance à Blanca, qui a fêté ses sept ans un jour avant le début du confinement. Dans certaines villes de Catalogne, les policiers viennent d’ail-leurs chanter des chansons d’anniversaire aux enfants.La musique fait partie des remèdes barcelonais pour garder le moral en période de confinement. Partout dans la ville, on entend des concerts depuis les balcons, on voit même des spectacles de cirque, aussi ! Surtout, il y a ce groupe incroyable, les StayHomas, composé de trois chanteurs qui vivent en colocation : Guillem Boltó et Rai Benet (du groupe Búhos) et Klaus Stroink (de Dr. Prats). Chaque jour, sur Instagram, ils postent une chanson qui parle du confinement. C’est souvent très drôle. Blanca est complètement fan. Ils nous redonnent le sourire.
En réponse à la crise, les télévisions espagnoles et catalanes ont lancé, avec leurs gouvernements respectifs, des programmes éducatifs. Ils traitent aussi bien de sciences que de sujets d’actualité, de manière très ludique. Il y a aussi des programmes en anglais, comme l’émission « Fish & Chips » sur Super 3. Bref, j’ai toujours de quoi occuper ma fille. Le reste de la journée, Blanca apprend à se responsabiliser. On cuisine ensemble. J’ai acheté une piscine en plastique pour qu’elle joue sur la terrasse. Je l’ai aussi laissée construire une cabane dans le salon. Mon appartement n’est pas vraiment présentable, mais, en cette période, mieux vaut être flexible ! En revanche, ma terrasse n’a jamais été aussi propre : en temps normal, elle est recouverte d’une couche de poussière, à cause de la pollution. Avec mes amies d’enfance, qui ont chacune des enfants, on s’aménage des plages horaires pour des apéros en FaceTime les jours de soleil, avec chips et olives. En tant que directrice marketing à l’IESE, mon travail consiste à faire briller l’image de marque de l’école et à inciter les gens à s’inscrire dans nos programmes. Malgré les coupes budgétaires, nous avons encore de nombreuses campagnes en ligne. Aussi, en Asie, la crise se termine peu à peu et c’est le moment d’investir là-bas. En parallèle, je suis un MBA dans l’école. Mais le cursus à distance devient problématique : les participants ont des métiers et se retrouvent parfois dans des situations compliquées. Certains ont vu leur salaire diminué ou leurs journées réduites et demandent à payer un tiers de la somme. L’école, elle, ne peut pas rembourser. Et certains des inscrits veulent suivre les cours en ligne, tandis que les autres ne voient pas l’intérêt.
Hormis ces contrariétés, le confinement apporte des choses positives. J’ai trouvé des exutoires. Pendant quatre ans, j’ai vécu à Santiago du Chili, où j’avais un coach sportif qui me manquait beaucoup. J’ai dû y renoncer en arrivant ici, car cela coûte beaucoup plus cher en Espagne. La bonne nouvelle, c’est que mon coach chilien a accepté de me redonner des cours en ligne, malgré les six heures de décalage horaire ! Le confinement a amené un autre changement positif : avant, je ne disais jamais bonjour à mes voisins. Aujourd’hui, on se laisse même des mots dans l’ascenseur…
MARTA SALVIA FRADERA, diplômée du Master International Management à HEC en 2006, n’a jamais quitté l’univers des écoles de commerce. Cette Barcelonaise de 35 ans gère les formations diplômantes de l’IESE Business School et suit en parallèle… un MBA ! Avant l’épidémie, la boulimique de travail manquait de temps aux côtés de sa fille de 7 ans. Durant le confinement, elle a dû concilier les rôles de manageuse, d’élève et de mère. La clé ? Un peu de patience, beaucoup de musique !
Published by Julie Lassale