Du 9 au 12 novembre, le Club Luxe & Création d’HEC Alumni a organisé un voyage à Milan dans une triple perspective : découvrir les joyaux culturels de la ville, aller à la rencontre d’entreprises leaders dans son secteur, renforcer les liens entre les membres participants. Ce projet, baptisé « Milano, la città creativa », a réuni 36 participants, alumni et compagnes / compagnons, étudiants, pour un programme d’une grande intensité, avec un parcours ayant permis visites et rencontres, en ménageant des moments de convivialité et d’échange.

 

Après un samedi après-midi libre pour le shopping et le farniente (la Via Montenapoleone n’était pas très loin !), le programme a commencé samedi soir par un passionnant échange entre Anne Michaut (doyenne associée et professeure à HEC, directrice de la chaire académique LVMH) et Emanuela Prandelli (professeure à SDA Bocconi, Directrice du Master in Fashion, Experience and Design Management), dont notre camarade Elisabetta Portioli (M.19) a assuré la modération avec talent.

Puis, un dîner de gala a suivi, réunissant plus de soixante-dix participants : les membres du Club auxquels s’étaient joints des membres du Chapter HEC Italie et des Alumni Bocconi, ainsi que des proches. Première expérience réussie avec l’art culinaire milanais : un jeune chef talentueux officiait au sein d’un lieu d’une grande élégance, Identità Golose, que nous tenons à citer ici car il mérite le détour !

Le fil rouge de ce débat passionnant était de déterminer comment les différences culturelles entre la France et l’Italie se traduisent dans les faits dans le management des maisons de luxe.

Le dîner, placé sous la présidence d’honneur de notre Camarade Olivier Mellerio (H.68) qui fonda le Club Luxe & Création avant de prendre la Présidence du Comité Colbert, fut un beau moment d’échanges chaleureux et de temps suspendu.

Au cours du dîner fut décerné le Prix Mercure Europe 2024 à Renato Giacobbo-Scavo (M.00) par Fabienne Mailfait (H.88), Présidente du Chapter Italie. Renato est un entrepreneur à succès, basé à Rome, dans le domaine de la fintech, de la transformation digitale et des technologies de la medtech. Dans son intervention, il eut des mots émouvants pour exprimer sa satisfaction d’avoir complété sa formation italienne par un MBA à HEC et dire sa reconnaissance de faire partie de notre communauté.

Le lendemain, dimanche, fut consacré à la visite de lieux emblématiques de la capitale. Après un parcours dans le quartier du Duomo, nous partîmes à la découverte du Palazzo Sforzesco, forteresse construite au 15ème siècle par la famille Sforza qui régnait alors à Milan. Et là, outre les œuvres d’art de toute nature témoignant de la richesse du patrimoine de la ville, nous eûmes le bonheur de découvrir la troisième pietà de Michelangelo que le génial florentin, âgé de quatre-vingts ans lors de sa réalisation, n’eut pas le temps de finir. Cette œuvre de deux mètres de hauteur, dépouillée et stupéfiante de modernité, nous a émus par l’intensité de sa force spirituelle.

L’après-midi fut non moins émouvant avec la visite du Cenacolo Vinziano pour admirer la Cène de Leonardo da Vinci, cette immense fresque de près de neuf mètres de large sur quatre mètres cinquante de haut, qui a été patiemment restaurée de 1977 à 1998, après avoir échappé miraculeusement aux bombes alliées en 1943. On la contemple dans un recueillement admiratif, conscient du privilège qui nous est offert de pouvoir être mis en présence d’un chef d’œuvre unique. Dommage que les exigences de sa protection limitent les visites à quinze minutes, avec un éclairage réduit, mais propice finalement à la magie et au mystère .

Et, pour finir la journée, nous fîmes un détour à la Pinacota Ambrosiana pour admirer le carton préalable à la réalisation du célèbre tableau « l’école d’Athènes » de Raffaello. Là aussi, même ambiance de respect et de recueillement devant la puissance du message et le talent de l’artiste .

Lundi commencèrent les choses « sérieuses » ! Visite du flagship de Moncler dans la fameuse Galleria Vittorio Emanuele dont la verrière qui date 1877 n’a rien à envier à notre Grand Palais. En compagnie d’Alberto Tripodi, Chief Retail Officer, qui nous présenta notamment les moyens très sophistiqués qu’utilise la société pour gérer la CRM et accompagner la clientèle dans une stratégie omnicanal très efficace.

Puis, nous étant transportés au siège de la marque, nous avons eu droit à une passionnante keynote par Roberto Eggs, Chief Strategy Officer et Executive Board Member sur le repositionnement de l’entreprise, partie de l’univers des sports extrêmes de montagne pour se faire une place enviée comme une  fashion sportswear company en s’appuyant sur l’intelligence artisanale et insistant sur le rôle central du mantra « sustainability, our new normal ». Terriblement efficace !

L’après-midi fut consacré à Prada avec, pour commencer, la visite de la Fondation, toujours étonnante et inspirante, œuvre de l’architecte Rem Koolhaas. Un must dans le paysage de l’art contemporain milanais. Puis, Lorenzo Bertelli, head of Marketing and CSR, fils de Miuccia Prada et de Patrizio Bertelli, et ses équipes nous proposèrent un brillant exposé sur leur objectif de repenser en permanence les fondamentaux de la marque et d’utiliser de façon dynamique et proactive l’innovation. Ainsi pour ce qui concerne la traçabilité à travers Aura Blockchain Consortium (dont Prada est membre fondateur) ; la performance sportive avec Luna Rossa, compétiteur de l’America’s cup ; le programme Axiom Space, pour lequel Prada a créé le costume des cosmonautes. Nous comprenons que cette maison met l’innovation, le changement, l’adaptabilité et la flexibilité au cœur de son ADN. Brillant !

Le soir, nous étions conviés à découvrir le bistrot Røst, ouvert par Hyppolite, fils de notre camarade Catherine Vautrin (H.83). Dans une ambiance chaleureuse, dégustation d’une succession de plats créatifs accompagnés d’une sélection de crus locaux. Tout ça, excellent. On aimerait l’accueillir à Paris où son concept ferait fureur !

Le mari de Catherine, l’architetto Tiziano Vudafieri, nous fit un petit exposé sur son travail, son souci de préserver l’identité des cultures, entre France et Italie, l’importance qu’il attache à la dimension humaine de sa création. Il est aussi concepteur d’un autre concept dans le food, avec Dry Milano, un lieu qui associe, de façon inattendue mais très réussie, l’art du cocktail et de la … pizza ! A must see in Milano !

Le lendemain, nous avions encore du pain sur la planche ! Le matin, conférence avec Patrick de Vismes, CEO de Kering Italia, sur le rôle de l’Italie dans le dispositif industriel du groupe. Le maillage exceptionnel constitué par les milliers d’entreprises artisanales constitue l’atout premier du pays dans son dynamisme économique, notamment dans nos métiers de la mode, du luxe et du design.

Puis Stefania Lazzaroni, Directrice Générale d’Altagamma (le Comité Colbert de nos amis transalpins) nous dressa un tableau complet du luxe mondial en partageant avec nous les récentes données issues de l’étude annuelle qu’elle réalise en coopération avec Bain & Company sur le sujet. Après une période post-Covid euphorique, le réalisme prévaut à présent mais, si le potentiel de croissance reste solide, il faut s’attendre à des résultats contrastés selon les marques et les pays. Puis Stefania nous présenta un focus sur la situation italienne où le défi majeur réside dans l’attractivité des métiers d’excellence pour attirer les jeunes générations afin d’assurer la relève dans les ateliers.

Enfin, il ne fallait pas quitter cette ville passionnante et ces acteurs engagés et inspirants sans un détour par l’un des piliers du rayonnement italien : le design. Nous avions la chance que notre camarade Jean-Noël Kapferer (H.70), que nombre d’entre nous ont eu la chance d’avoir comme professeur sur le campus, connaisse personnellement Dario Rinero, le CEO du leader du secteur, Lifestyle Design Group, propriétaire des marques emblématiques Cassina, Poltrona Frau, Cappelini, Zanotta, notamment.

Nous fûmes reçus chez Cassina par Dario et par Caterina Rivadossi, professeure à la SDA Bocconi, qui conseille le groupe dans sa stratégie marketing et communication. Elle nous fit un brillant exposé sur le sistema italiano, qui s’applique autant à son secteur qu’à l’ensemble de l’industrie. Et là, tout devint clair : l’industrie italienne, à l’instar du secteur du design, est animée par la foi dans la création, dans le service client, dans la recherche pour la qualité permanente et l’innovation. En un mot, pour l’excellence.

C’est sur ces mots que s’acheva notre séjour milanais après une visite guidée dans l’espace dédié à Cassina, via Durini, un des hauts lieux de la désormais célèbre Milan Design Week. Une telle richesse d’informations, de tels échanges, de telles émotions : la città creativa fut vraiment au rendez-vous !

Je tiens enfin à remercier chaleureusement Elisabetta Portioli et Gautier Pigasse (E.18) dont l’implication à mes côtés dans la préparation et la gestion de ce voyage a été déterminante pour son succès.

Alain Caradeuc (H.70) Président du Hub Luxe & Cosmétiques / HEC Alumni

 

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