Dans un secteur encore bien trop archaïque, Clémentine Piazza révolutionne les pompes funèbres avec sa société inmemori. À Paris, Lyon, Bordeaux et Nantes, ses équipes conjuguent empathie et modernité pour offrir un accompagnement personnalisé aux familles en deuil. Rencontre avec une femme dont l’engagement éclaire un sujet souvent laissé dans l’ombre.

C’est au cœur d’un somptueux immeuble haussmannien du 16ᵉ arrondissement de Paris, que Clémentine nous donne rendez-vous. Situés au deuxième étage, les locaux d’inmemori se dévoilent comme un véritable cocon, loin de l’austérité qu’on pourrait associer au métier de pompes funèbres. Dès l’entrée, on est accueilli dans un grand salon baigné de lumière naturelle, où les grandes baies vitrées laissent pénétrer les rayons du soleil, adoucissant encore l’espace. Ce lieu a été pensé pour que les familles en deuil puissent organiser les obsèques de leur proche sereinement, se retrouver autour d’une boisson chaude, et prendre un moment de recul face à la violence de la perte. C’est ici, au 66 rue de la Pompe, que la femme d’affaires dévouée a choisi de bâtir un refuge pour ceux qui traversent l’une des pires épreuves de l’existence. 

À 39 ans, cette mère de famille souriante dégage une douceur rare. Tout, chez elle, invite au calme et à la bienveillance : sa voix posée, son regard pétillant, et son sourire solaire semblent infuser chacun de ses gestes, contrastant avec l’image clichée des professionnels de métiers autour de la mort, souvent perçus comme ternes et froids. « Nous sommes des soignants du deuil. Nous partageons avec les soignants cette même vocation de soin et de dévouement », confie-t-elle, résumant en quelques mots l’essence de sa mission. 

Une vocation née d’un moment de vulnérabilité

Avant de se lancer dans l’aventure inmemori, Clémentine avait emprunté une voie plus classique, débutant sa carrière chez Unibail Rodamco Westfield en parcours linéaire de sa Majeure entrepreneurs sur les bancs d’HEC. Elle y a été la plus jeune CMO d’un groupe du CAC 40 à seulement 27 ans. Son attirance pour l’entreprenariat est née avec la Majeure entrepreneurs d’HEC. « Intégrer cette Majeure était une véritable chance. J’ai pu travailler pour des entrepreneurs passionnants et m’imprégner de leur audace. J’ai toujours aimé cette liberté, cette impatience qui les caractérise pour créer quelque chose d’utile. » C’est une expérience personnelle qui l’a conduite à emprunter la voie de l’entreprenariat. « J’ai aidé une amie à organiser les obsèques d’une personne qui lui était très proche. Ce n’était pas mon propre deuil, mais j’étais profondément impliquée. J’ai alors découvert un secteur archaïque et froid, dans un moment de grande vulnérabilité », se souvient-elle avec tristesse.

Elle évoque cette période comme un déclic et entrevoit un besoin criant d’humanité et de modernité dans ce domaine. C’est en 2016, forte de cette expérience et d’une vocation enfouie – celle de soigner à sa manière – qu’elle fonde inmemori.

Clémentine a fait d’inmemori une société de services à la personne, contrairement aux acteurs de pompes funèbres traditionnels qui ont trop souvent une posture de commerçants. Pour elle, chaque cérémonie est unique, pensée pour refléter la vie du défunt et apaiser les proches, ceux qui restent. « La manière dont on prend soin de nos morts en dit long sur notre société. Il est essentiel d’être à la hauteur de ce qui est en jeu, pour permettre aux familles de trouver un peu d’apaisement sur le chemin du deuil », explique-t-elle.

Ce qui démarque également les pompes funèbres inmemori est leur grand sens du détail. Lorsqu’ils orchestrent une cérémonie, rien n’est laissé au hasard. « Nous avons un vrai point de vue sur la disposition des fleurs à l’église, par exemple. Souvent, elles jonchent les marches de l’autel, encore dans leur plastique, et ne sont finalement pas mises en valeur. Chez inmemori, nous prenons le temps d’agencer l’église, de soigneusement positionner les fleurs en fonction de leur volume et de leur couleur. C’est ce sens du détail et cette élégance qui à la fin rend nos cérémonies plus belles », affirme-t-elle avec passion.

Personnalisation des obsèques : « Ces détails qui peuvent tout changer »

Une cérémonie signifiante, c’est une cérémonie qui ressemble au défunt et à sa famille. Personnaliser des obsèques, c’est respecter les rites du défunt et de sa famille, c’est organiser un verre du souvenir après la cérémonie, imaginer un geste d’hommage signifiant, permettre à des musiciens de jouer un morceau.

Ce travail passe par une personnalisation minutieuse des commémorations. Comme Clémentine nous le rappelle habilement, il est important de comprendre que les besoins en termes de personnalisation ont grandement évolué depuis 75 ans : « Nous connaissons parfaitement les rites de toutes les communautés, qu’elles soient religieuses ou laïques, et nous prenons soin d’expliquer chaque pratique aux familles pour concevoir la cérémonie qui leur conviendra le mieux. »  

De nos jours, les cérémonies laïques sont en grande expansion et représentent aujourd’hui la moitié des obsèques en France. Mais ces rites sont moins définis et souvent méconnus par les agences de pompes funèbres, car il n’y a pas réellement d’historique sur ces pratiques. « Chez les autres acteurs de pompes funèbres, il arrive trop souvent qu’on demande aux familles de renseigner un texte à trou pour préparer la cérémonie laïque. Ce n’est pas possible sur un sujet si délicat, fulmine-t-elle. Chez inmemori, nous coconstruisons la cérémonie avec les familles lors d’un entretien dédié. » 

Changer le regard sur le deuil

La maison se divise en deux fonctions distinctes : son métier et sa mission d’entreprise. « Notre métier est celui de pompes funèbres, nous prenons soin du défunt et de l’amener à sa demeure éternelle, mais aussi de prendre soin de ses proches. Notre mission est de briser le tabou de la mort et du deuil », ajoute-t-elle. Les pompes funèbres inmemori se chargent des obsèques dans leur globalité : du transport du défunt à sa toilette mortuaire, jusqu’à l’inhumation et les hommages rendus. «Nous écrivons, orchestrons, et parfois même rêvons avec les familles pour transformer un adieu en un moment de grâce. » 

Avec inmemori, Clémentine mène des actions concrètes de sensibilisation, telle que l’exposition «Les Passeurs» organisée à Paris et à Bordeaux sur les métiers de la fin de vie et de la mort, ou encore le guide inmemori à destination des EHPAD pour aider les équipes à gagner en confiance lors du décès d’un résident et l’accueil de la famille. Ces initiatives engagées invitent la société à réfléchir à ce sujet fondamental à l’heure où 80% des Français disent avoir connu un deuil qui les a profondément marqués.

Loin des modèles industriels des grandes enseignes, Clémentine rêve d’un monde où chaque famille en deuil puisse se sentir écoutée, accompagnée et soutenue. « Mon ambition est de redonner à chaque famille ce à quoi elle a droit : des adieux empreints d’humanité. »

inmemori, maison de pompes funèbres

Paris – 17e, 16e, 15e, 11e, 2e, Neuilly-Sur-Seine

Lyon – rue de la République

Bordeaux – cours de Verdun

Nantes – Place Graslin

inmemori.com

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