Afrique, comment devenir moteur de l’économie mondiale ?
La relative pauvreté des nations du continent Africain n’est pas une fin en soi car la prospérité n’est pas héritée, elle se crée. Après avoir manqué les trois révolutions industrielles, le continent Africain doit impérativement tirer parti des immenses opportunités liées à la révolution numérique afin de rattraper son retard.
La compétitivité des nations dépend grandement de la capacité de leurs entreprises à innover et c’est encore plus vrai pour l’industrie numérique où les changements surviennent extrêmement rapidement et surtout où, par essence, la compétition n’est plus locale mais globale. Pour réussir, elles doivent donc bénéficier d’un environnement national dynamique et compétitif mais également d’un cadre juridique et fiscal facilitant la mise à l’échelle régionale.
C’est la raison pour laquelle les gouvernements Africains doivent plus que jamais prendre conscience qu’ils ont un rôle crucial à jouer pour permettre aux « champions » locaux de jouer sur l’échiquier mondial et de facto, de contribuer de manière substantielle au développement de l’économie d’un continent qui recèle d’immenses opportunités.
Dans son livre « On Competition », Michael Porter développe quelques principes basiques que les hommes politiques du continent devraient suivre s’ils souhaitaient réellement créer un environnement favorable au développement de nos économies : encourager le changement, promouvoir la compétition interne, et stimuler l’innovation. Les principaux axes pour y parvenir sont les suivants : s’assurer que le système éducatif incorpore le contenu indispensable aux technologies de demain (nos enfants apprennent-ils à coder en Python ?), éviter d’interférer dans le marché des devises, légiférer de telle sorte que la qualité des produits et services créés par les entreprises soient aux normes internationales, et enfin, point le plus important pour notre continent, mettre en lumière et accompagner les entreprises éthiques afin d’encourager des investissements sur le long terme.
Pour les entrepreneurs de l’industrie numérique du monde entier, l’Afrique reste plus que jamais le continent sur lequel il faut investir sans attendre. Certes, les barrières d’entrées restent importantes avec un secteur informel qui capte près de 70% des parts de marché créant un écosystème et une concurrence déloyale difficiles à manœuvrer, mais les choses évoluent dans le bon sens avec la prise de conscience des gouvernements de la nécessité de voir le secteur technologique se développer.
De nombreuses initiatives fiscales et structurelles sont d’ailleurs en cours d’implémentation pour accompagner cette industrie dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Maroc. Dans d’autres pays comme en Egypte, en Ethiopie ou au Ghana, les efforts sont faits sur la formation des talents Tech (ces trois pays comptent ~20% des ressources totales disponibles en Afrique). C’est pourquoi, avec 250bn$ de revenu prévus en 2025, celles et ceux qui parient sur le continent dès maintenant auront le meilleur retour sur investissement.
Pour les entrepreneurs du continent, il est plus que jamais temps de capitaliser sur nos expertises communes en faisant des alliances stratégiques pour conquérir d’autres pays d’Afrique tout en gardant une logique d’expansion cohérente. Une entreprise d’Afrique de l’Ouest s’étendra d’abord dans la zone UEMOA, puis dans la zone CEMAC, pourra remonter en Afrique du Nord avant d’attaquer l’Afrique de l’Est pour terminer par l’Afrique du Sud. L’heure est désormais à l’émergence d’entreprises Africaines de gagner chez elles puis de conquérir le monde en exportant leurs créativités. N’oublions pas, par exemple, que le mobile Money qui est désormais utilisé dans le monde entier a vu le jour au Kenya avec M-PESA.
Quelques pépites « africaines » made in HEC Paris à surveiller de près :
Evolve a été fondé en 2021 en Côte d’Ivoire par Ali Bitar (HEC Challenge + 2022) et compte aujourd’hui dix employés, 1000 utilisateurs actifs pour un CA >250k€. Sa vision est d’améliorer l’espérance de vie en Afrique grâce à sa plateforme digitale d’accompagnement sportif. Cette jeune startup propose entre autres des séances de coaching online, des équipements sportifs ainsi que des compléments alimentaires.
Digitech Africa a été fondé en 2014 au Gabon par Charles Boukinda (EMBA15), Felicien Bikang et Sylvere Boussamba. Cette fintech spécialisée dans la digitalisation des processus opérationnels et la vulgarisation des accès aux différents modes de paiement en ligne opère également au Cameroun ainsi qu’en Côte d’Ivoire et compte une dizaine d’employés pour un CA de 250k€ en 2021 et une croissance YoY de 15%.
Majestic a été fondé en 2014 par Jean Marc Bejani (EMBA.14) et a pour vision de devenir le leader du cinéma en Afrique Francophone. Avec un CA de 1.2M€ en 2021 et un forecast à 1.8M€ pour l’exercice 2022, Majestic enchaine les bons résultats avec une croissance YoY de +35% en nombre d’entrées.
L’interview « décalée » de notre Insider du mois : Elisabeth Moreno
Afin d’illustrer le sujet de cette chronique dans une perspective « terrain », j’ai eu le plaisir d’échanger avec Elisabeth Moreno qui a non seulement partagé son analyse sur l’évolution de l’économie numérique en Afrique, mais aussi son retour d’expérience sur les avantages et les difficultés auxquels s’exposent ceux qui souhaitent entreprendre sur le continent. Cette interview est d’autant plus riche qu’Elisabeth a été entrepreneur et a dirigé plus d’une multinationale dans le secteur des technologies, pour la zone Afrique notamment.
Redda Ben Geloune : Qu’est-ce qui t’a façonné, dans ton parcours ?
Elisabeth Moreno : C’est une question un peu difficile parce que j’ai l’impression d’avoir déjà beaucoup parlé de mon parcours, mais je vais essayer de dire les choses le plus simplement possible. J’ai un parcours d’immigrée classique dans le sens où on quitte son pays rarement par souhait. Lorsque tu quittes tes racines, ta famille, tes amis et que tu vas vers l’aventure en ne sachant pas ce que tu vas trouver, c’est rarement un choix de gaieté de cœur. Ma famille est partie parce que l’une de mes sœurs a été très grièvement brûlée et qu’à l’époque, elle ne pouvait pas être soignée au Cap-Vert. J’arrive ainsi dans un pays que je ne connais pas, dont je ne parle pas la langue ni les codes. Mes parents me disent une chose qui me marque encore aujourd’hui : « Tu arrives dans un pays qui t’accueille, c’est la même chose que lorsque tu vas chez des amis ou la famille. Respecte le pays qui t’accueille, les gens qui t’accueillent, apprends les règles et les modes de fonctionnement et cherches du mieux que tu peux à t’intégrer à ce pays ». C’est donc ce que j’ai fait. J’ai vu la limite de mes parents à pouvoir changer leur monde, parce qu’ils n’avaient pas eu accès à l’éducation et je me suis accrochée à mes études et c’est ce qui m’a amenée à créer ma première entreprise à l’âge de 20 ans, puis j’ai rejoint des grands groupes technologiques, d’abord Orange, ensuite Dell, Lenovo et puis, HP dont j’ai dirigé le continent africain et les territoires ultramarins avant d’être appelée à rejoindre le gouvernement de Jean Castex.
Redda Ben Geloune : Y a-t-il une anecdote qui a marquée dans ton enfance ?
Elisabeth Moreno : Lorsque je suis arrivée en France, j’ai été marquée par ma maîtresse de l’époque envers laquelle j’ai une reconnaissance infinie. Cette dame qui était, je me souviens, d’origine Bretonne, qui n’avait probablement jamais eu de petites filles noires dans sa classe, m’a donné de son temps, de sa générosité et de son énergie. Je sais que si je suis là où je suis aujourd’hui, c’est grâce à elle, parce qu’elle m’a insufflé le goût de l’apprentissage, de l’école, elle m’a donné le goût de l’autre et de la différence. C’est probablement ce qui m’a forgé et c’est ce qui m’a montré que finalement, il n’y a plus de différence entre nous que celle qu’on a envie de mettre.
Redda Ben Geloune : Quel est ton animal totem ?
Elisabeth Moreno : J’adore le lion. D’abord parce que c’est le roi de la jungle et qu’il a donc un devoir de protection. J’aime cette image du lion somptueux et puissant qui protège tous les animaux, mais qui est aussi vulnérable car dépendant des lionnes pour chasser. Quelle que soit la grandeur d’un être, il ne réussit jamais seul. Sa grandeur fait qu’il a une responsabilité sur les plus vulnérables. Et puis cette crinière ! Ce rugissement, qui t’emporte !
Redda Ben Geloune : Quelle est ta maxime préférée?
Elisabeth Moreno : “Shoot for the moon, if you miss it, you’ll land among the stars”. Toujours viser la lune, toujours donner le meilleur de soi, toujours rêver très grand, parce que la meilleure manière d’atteindre de grands objectifs, c’est de rêver grand. Ce n’est pas parce que tu es petit, que tu nais dans un environnement difficile, que tu n’as pas le droit de rêver très grand.
J’aime aussi cette citation de Goethe : « Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie ».
Aie l’audace d’y aller, parce que l’audace a du talent, l’audace a de la magie. Beaucoup de jeunes filles n’osent pas, parce qu’on leur dit : « Pour qui tu te prends ? Reste à ta place. Ce n’est pas fait pour toi, » … Beaucoup de gens qui viennent de milieux défavorisés ne se donnent pas la permission d’oser entreprendre des choses importantes. Mon parcours de vie m’a montré que plus tu oses, plus tu réussis. Et plus tu réussis, plus tu grandis. C’est pour ça que ce Voilà les deux maximes qui me portent au quotidien.
Redda Ben Geloune : Quel livre aimes-tu offrir ?
Elisabeth Moreno : Les livres de Cheikh Anta Diop, d’Amadou Hampaté Ba, d’Aimé Césaire, et aussi ceux de Toni Morrison, de Victor Hugo ou de Zola.
Redda Ben Geloune : Lorsque tu étais dans l’industrie des nouvelles technologies, tu as parcouru le continent Africain à la rencontre des partenaires locaux, des institutionnels privés et public. Peux-tu nous en faire un état des lieux ?
Elisabeth Moreno : Il y a énormément de stéréotypes en ce qui concerne le continent africain. Nombreux sont ceux qui croient par exemple qu’il n’y a pas d’innovation ni de créativité. Je voudrais rappeler que le paiement mobile est né au Kenya. Pourquoi ? Parce qu’il y avait un besoin latent qui n’existait pas en Occident. Beaucoup pensent aussi que l’Afrique est un continent corrompu. J’ai eu les plus grandes responsabilités, dans l’entreprise et en politique et j’ai travaillé sur quatre des cinq continents. La corruption existe partout dans le monde, sans exception. Ce qui distingue peut-être le continent africain des autres continents, c’est le besoin d’améliorer les cadres et les structures pour éviter que la corruption ne perdure.
L’autre sujet, c’est la formation. J’ai beaucoup entendu dire que les gens n’étaient pas suffisamment formés sur le continent et que ça rendait les choses difficiles. C’est vrai parfois. Dans les pays dits développés, il y a de meilleures écoles, il y a de meilleures structures, il y a de meilleures formations. Mais il y a aussi sur le continent des possibilités d’accompagner, d’éduquer, de développer et de former, mais elles ne sont pas suffisantes aujourd’hui. Et compte tenu de son développement exponentiel, les défis en termes de formation, d’éducation et d’accompagnement sont également exponentiels. Je crois que la formation et l’éducation sont des enjeux absolument essentiels et capitaux pour le développement du continent. Je vais finir sur la Tech, parce que toi et moi, nous venons de ce monde. Le continent africain est passé à côté des trois grandes révolutions industrielles. Il ne peut pas se permettre de passer à côté de la révolution industrielle du numérique et du digital. C’est le moment pour le continent de rattraper son retard et de se donner les moyens de réussir. Quant aux futurs investisseurs de ce marché, ils doivent comprendre qu’opérer en Afrique est différent d’opérer en Europe, en Asie ou aux USA. Leurs exigences doivent donc être adaptées à un continent où les cadres et les structures ne sont pas encore toutes alignées avec les normes internationales.
Redda Ben Geloune : Quel conseil pourrais-tu donner aux « champions » Africains qui veulent conquérir le monde ?
Elisabeth Moreno : Un tiers de la planète sera africaine dans les années à venir. Cela offre des opportunités extraordinaires. Sur le continent, nous avons besoin que les gens entreprennent pour créer de meilleures infrastructures, de meilleures routes, des hôpitaux, des écoles. Nous avons besoin que les gens entreprennent dans l’agriculture, parce que 80 % de la population du continent vit de l’agriculture aujourd’hui. Il y a tellement de choses à construire sur le continent. C’est le paradis pour les entrepreneurs ! Si j’avais un conseil et un message à passer aux entreprises africaines qui ont de belles histoires à raconter, c’est « parlez-en ». C’est une responsabilité pour vous en tant qu’entrepreneurs de faire savoir ce que vous faites. Et c’est aussi une responsabilité que vous avez en tant que rôles modèles, pour faire rêver les jeunes africains et leur faire comprendre qu’ils peuvent travailler sur le continent et réussir sur le continent, sans avoir à risquer leur vie en traversant la Méditerranée pour tenter de réussir.
Redda Ben Geloune : Sans langue de bois, comment réussir à influencer celles et ceux qui font les lois sur ce continent afin qu’ils comprennent que pour réussir à prendre le train de la révolution numérique, il est plus que jamais nécessaire de mettre en place une politique régionale adaptée et concurrentielle par rapport au reste du monde ?
Elisabeth Moreno : Je vais te raconter une anecdote. Il y a deux semaines, j’étais au Maroc et je parlais avec le PDG de l’une des plus grandes industries pharmaceutiques du Maghreb, Farid Bennis. Il m’a appris que son entreprise familiale avait été la première à fabriquer des médicaments sur le continent africain il y a une cinquantaine d’années. En ces temps-là, les Africains n’achetaient que les médicaments venant de l’Occident. J’étais fière de me dire : « Nous sommes capables ». Ce genre de structures montre que les Africains ne sont pas dans l’obligation d’aller chercher ailleurs ce qu’ils sont capables de produire sur le continent. Pourquoi je te raconte cette anecdote ? Parce que je crois qu’ « on n’emmène pas un âne à la fontaine s’il n’a pas soif ». Les politiques, les États, aujourd’hui, ont soif. Il y a quelques années, il fallait les supplier de mettre en place certaines choses. Aujourd’hui, s’ils ne mettent pas en place certaines choses, ils ne survivront pas.
Tu vois bien que les nations, les États, les régions, avec ces crises politiques, économiques, sociales, environnementales et géopolitiques sont tous en train de chercher des solutions beaucoup plus localisées. Aujourd’hui, je suis intimement convaincue qu’ils ont besoin que les entrepreneurs leur apportent des idées, pour voir comment ils peuvent être autosuffisants.
Je crois que c’est Churchill qui disait que derrière chaque crise, se cache une opportunité. Je pense qu’en ce moment, si nous travaillons intelligemment, nous avons la possibilité de créer dans les pays d’Afrique, des écosystèmes vertueux qui rassembleront les politiques, les entreprises et les associations, pour répondre aux nombreux problèmes auxquels tous les pays sont confrontés.
Le politique intelligent d’aujourd’hui, c’est celui qui va chercher les solutions partout où elles se trouvent parce qu’il n’a pas les compétences que les entreprises et les ONG ont, il n’a pas certaines expertises qui sont essentielles pour rendre les pays résilients. Si vous avez de bonnes idées, prenez-les, allez voir ces gens-là, faites-leur comprendre qu’ils ont plus besoin de vous que jamais et s’ils sont vraiment intelligents, ils vous écouteront.
Redda Ben Geloune : Pour terminer, les entrepreneurs du monde entier ont-ils conscience que l’Afrique recèle d’opportunités et de ressources immenses ?
Elisabeth Moreno : Absolument. D’abord, le secteur des produits technologiques n’existerait pas s’il ne s’appuyait pas sur les ressources du continent africain qui en possède une grande partie. Maintenant, ce qui ne fonctionne pas, c’est le déséquilibre. Il n’y a pas une relation gagnant-gagnant entre le continent africain et les autres continents. C’est là qu’il y a un sujet qu’il faut véritablement traiter. Il faut écrire une nouvelle page de l’histoire où le continent africain tire avantage de tout ce qu’il offre au monde. Ça, c’est la première chose. La seconde, je crois sincèrement que les gens ont toujours été conscients de l’importance du continent pour ses richesses naturelles et humaines. Tout le monde est conscient du potentiel de développement du continent. Ce n’est pas pour les beaux yeux des africains que de nombreux pays ont ouvert des consulats et des ambassades un peu partout. Ces dix dernières années, le continent africain est celui où il y a eu le plus de création d’ambassades parce que beaucoup de pays ont compris qu’ils ont intérêt à renforcer leurs relations diplomatiques avec le continent africain. Pas pour avoir des relations diplomatiques classiques et traditionnelles. Il faut maintenant travailler sur la diplomatie culturelle et économique. C’est en faisant tout cela que nous changerons l’histoire et le paradigme.
Il faut écrire l’histoire différemment. Einstein disait : « Il n’y a que les fous qui répètent les mêmes choses indéfiniment en espérant un résultat différent. » Il faut créer de véritables relations gagnants-gagnants. Il faut que les gouvernants africains soient beaucoup plus exigeants dans le retour sur investissement des partenariats qu’ils créent avec les autres pays, mais je parle d’un retour sur investissements qui soit bénéfique pour les populations africaines. Je pense que cette conscientisation est là, mais pour danser, il faut être deux et il est dans son intérêt que l’Afrique soit celle qui mène la danse pour sa jeunesse, pour ses femmes et pour ses hommes, c’est cela qui doit véritablement changer.
Redda Ben Geloune : Veux-tu ajouter quelque chose avant de clore cet entretien ?
Elisabeth Moreno : Ce que je veux, c’est partager ce que j’ai appris. Je veux aujourd’hui aider les personnes comme moi, avec mon histoire, à qui on a dit que ce n’était pas possible, que c’était irréaliste, que c’était un vœu pieux. Je veux accompagner ceux qui veulent créer leur entreprise mais qui ne trouvent pas les financements, ceux qui manquent de codes, ceux qui n’ont pas les réseaux, ceux qui n’ont pas la bonne éducation ou la bonne formation. La bonne nouvelle, c’est qu’il s’agit de la moitié de la planète. J’ai donc le projet de créer une structure qui me permettra d’accompagner les transitions écologiques et énergétiques dans laquelle on entre avec toutes ces personnes.
A propos de Redda Ben Geloune
Redda is an enthusiast and positive dreamer who has dedicated his life to making Africa a better place to live. Born and raised in Ivory Coast, he has received his engineering degree in France and is also an alumnus of Hec Paris (eMBA) and Harvard Business School (OPM50). He is the founder of AITEK Group (www.aitek.fr), one of the leading companies operating in the IT industry across all of Africa with the vision to have a positive impact leveraging the exponential convergence of technologies to solve the challenges of the continent. He is the co-academic director of Challenge + Africa, an HEC Paris program helping entrepreneurs to build winning companies. As a Phd student at Case Western Reserve University, he is a research fellow with the Fowler Center for Business as an Agent of World Benefit and his focus is to understand how Artificial Intelligence can help organizations to build high performance teams leveraging psychological and cognitive factors. At the personal level, he is passionate about obstacle course racing and a loving father of his two daughters Wafa and Kahina.
Published by La rédaction