Across The Blocks – Benoît Gufflet (H.20) et Dimitri Kremp (H.20)
15 janvier 2020. C’était le grand départ. Après un an d’enquête, de levées de fonds et d’organisation, nous nous lancions dans une étude de terrain sur le thème de la smart city. Pour notre dernier semestre universitaire, nous avions tout prévu : neuf villes en six mois, des dizaines de rendez-vous à travers le monde et des explorations à n’en plus finir. Notre objectif ? Confronter le concept de smart city – l’utilisation des données numériques dans la ville – aux réalités urbaines de villes en mouvement. Voilà quelle était l’ambition d’Across The Blocks. Sauf que quelques semaines après le début de ce tour du monde, le Covid-19 est arrivé. Comme beaucoup, nous n’y accordions d’abord que peu d’attention : « No worries… Ce virus sera derrière nous avant qu’il ne puisse avoir un impact sur le projet ! » Et c’est vrai, de janvier à début mars, notre étude se déroulait parfaitement : Rio, Medellin, Toronto… Nous faisions nos premières découvertes sur la smart city et les fantasmes qui planent autour de l’utilisation des nouvelles technologies dans la ville. C’est en partant pour la plus « smart » de toutes – Singapour – que le Covid a bien failli avoir raison d’Across The Blocks. Le 15 mars, alors que le monde se fermait sur lui-même, nous traversions le globe pour explorer la « smart nation » asiatique. Mis à rude épreuve, nous étions successivement « en quarantaine », « en liberté », « confinés ». Malgré notre détermination pour mener cette étude jusqu’au bout, il a fallu se résigner, et rentrer en France. Rentrer en France, oui, mais abandonner, non. Surtout dans un contexte où les technologies de la smart city apparaissent comme une solution miracle pour limiter la propagation de la pandémie, de StopCovid aux QR codes à l’entrée des lieux publics. Pendant cinq mois, d’avril à septembre 2020, nous préparions la seconde édition de notre périple : Across The Blocks – Euro Edition.Plus résilients face à l’imprévu qu’en début d’année, nous avons finalement mené notre enquête à son terme.
À partir de septembre 2020, nous repartions donc sur la route de la smart city à Stockholm, Tallinn et Helsinki… À chaque fois poursuivis (et épargnés de peu, à vrai dire) par la seconde vague. Fiers et épuisés, nous rentrions en France en décembre, après une année d’exploration aussi riche qu’éprouvante. Mais au-delà du Covid-19, qui aurait bien pu nous faire chavirer, qu’avons-nous appris sur le terrain ? Comment les données optimisent-elles les modes de gestion urbains ? Comment les outils digitaux, des applis de mobilité aux plateformes de crowdsourcing, offrent-ils une nouvelle expérience urbaine aux habitants ? Ville après ville, entretien après entretien, test PCR après test PCR… nous avons découvert que les visions fantasmées d’une data city, une ville gouvernée par la donnée, et d’un smart citizen, un habitant à l’enthousiasme béat face aux innovations technologiques, étaient très éloignées de la réalité. Aujourd’hui, la smart city n’existe pas vraiment. Aucune ville n’utilise parfaitement ses données, ni ne réussit à embarquer l’ensemble de ses habitants dans ses transformations. De la même façon que le Covid aura demandé aux métropoles du monde de s’adapter en testant de nouvelles solutions, les villes qui cherchent à mieux utiliser le numérique sont des villes qui tâtonnent, expérimentent, échouent souvent, réussissent parfois. Des villes qui apprennent. Des learning cities.Voilà le grand enseignement de cette enquête menée au-delà de nos frontières. Nous voulions vous le partager, et le détaillons bien davantage dans notre publication Learning Cities : Un voyage étudiant à travers la Smart City. Nous nous lançons à présent dans de nouveaux projets avec un sentiment d’accomplissement et de la reconnaissance envers tous ceux qui nous ont permis de nous lancer dans une telle aventure… Qui, on l’espère, saura en inspirer d’autres.
Plus d’infos sur : www.acrosstheblocks.com
Published by La rédaction