Il y a quelques jours, le 13 février, Ron de Santis, gouverneur de Floride et principal adversaire de Donald Trump au sein du parti républicain pour la prochaine élection présidentielle américaine tweetait (Note : la traduction est de moi) : l’ESG est une menace pour l’économie américaine et pour les libertés individuelles sur lesquelles notre pays est fondée. L’ESG est mort en arrivant en Floride ». Le combat est lancé.

Il sera un des axes majeurs de la prochaine lutte électorale. Il va s’agir pour les opposants de faire front contre un capitalisme woke. Et cela se traduit déjà par quelques décisions lourdes. Déjà certaines grandes institutions financières américaines ont préféré sortir de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero. Par ailleurs le Texas et quelques autres Etats ont annoncé publiquement bannir le recours à des entreprises jugées trop engagées sur ces sujets dont une grand banque européenne bien connue de nos lecteurs.

Cette même banque jugée trop durable par ces Etats est sous le feu de critiques en Europe et singulièrement en France pour ne pas l’être assez et ne pas faire montre de suffisamment d’ambitions en la matière. Elle n’est pas la seule. Bon nombre d’entreprises qui s’engagent, et estiment prendre des risques, se retrouvent attaquées. L’urgence de la situation climatique, environnementale et sociale ne saurait tolérer les demi-mesures et l’eau tiède. Et la petite musique du « tout tout de suite » se fait aussi entendre. Elle parait légitime au vu de la situation. Est-elle pour autant efficace ? Les pionniers se retrouvent sous pression et certains commencent a hésiter. Pourquoi s’exposer puisque ce ne sera jamais suffisant ? Autant laisser d’autres se mettre en avant. Au risque d’enclencher un cercle vicieux qui verrait les pionniers e faire moins nombreux, diminuant ainsi la pression ressentie par les pairs et ralentissant le mouvement d’ensemble.

L’évolution de notre économie vers un modèle plus durable, plus inclusif et plus durable est ainsi exposée a une double menace : la menace de ceux qui jugent que cela va trop loin et celle de ceux qui estiment que cela ne va pas assez vite.

Cela m’inquiète bien sûr. Mais j’y vois malgré tout et paradoxalement peut-être un aspect encourageant : cette étape signifie peut-être que nous rentrons enfin dans le dur. Nous prenons finalement conscience que les engagements de 2015 – ceux sur le climat comme ceux sur les objectifs du développement durable – étaient au fond plus profonds et engageants que nous ne l’avions alors peut-être cru. Qu’il ne s’agissait pas d’une transition – voire d’une ballade de santé – mais bien d’une transformation de notre modèle économique. Face au mur et aux décisions à prendre tout le monde se raidit. Ne paniquons pas pour autant. Cela signifie, peut-être, juste que les choses sérieuses commencent. Une recommandation : accrochez vos ceintures, et restez calme. Nous sommes sur la bonne voie et nous devons garder le cap. De manière déterminée et responsable. Mais une chose est certaine : les turbulences ne font que commencer.

A suivre.

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