Publié l’initiative du Club Gouvernance – Administrateurs & Dirigeants en octobre 2020 chez Humensis, l’ouvrage 100+ témoignages sur la gouvernance d’entreprise est une première du genre. Il rassemble plus de cent témoignages sur la gouvernance d’entreprise, de la start-up aux groupes du CAC 40, en passant par les PME, ETI, entreprises familiales, associations et fondations, en France et à l’international. Près de 700 exemplaires ont déjà été vendus et plusieurs des témoignages ont été repris par Les Échos et La Lettre de l’Institut français des administrateurs. Si l’expérience des administrateurs apporte un éclairage précieux sur les questions de gouvernance, rien ne remplace l’opinion des lecteurs pour parler d’un ouvrage… Nous avons donc demandé à un panel varié de lecteurs ce qu’ils en ont pensé. Catherine Bradley (H.81), membre indépendante d’un conseil de surveillance, administratrice référente d’un autre groupe au Royaume-Uni, Sylvie Decante (HJF.73), vice-présidente des Administrateurs professionnels indépendants associés (APIA), Alain Herbinet (H.74), administrateur représentant l’actionnaire de référence dans des conseils d’administration et de surveillance de filiales, Théotime Lecorbeiller, étudiant H.22, Jean-François Palus (H.84), directeur général délégué et administrateur d’un groupe, Nathalie Romang (H.96), non executive Chairman d’un Club à Londres, et Jean Sanchez, étudiant EMBA 21, ont accepté de répondre à deux questions. Ils s’expriment, bien sûr, à titre personnel.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement intéressé ou marqué parmi les témoignages ?

Catherine Bradley (H.81) : Opérant principalement dans un univers anglo-saxon où la gouvernance devient de jour en jour une science plutôt qu’un art, avec une influence Sarbanes Oxley de facto grandissante, j’ai trouvé ce livre rafraîchissant et sain :
1) la dimension humaine y est très importante ;
2) la diversité de situations y est très enrichissante ;
3) des solutions pratiques et uniques y sont exposées

Sylvie Decante (HJF.73) : La diversité des points de vue sur un certain nombre de sujets liés à la gouvernance, à l’exception de deux points de convergence : l’intérêt pris dans l’exercice de la fonction d’administrateur, et la conviction que la bonne gouvernance est un facteur clé de création de valeur, et donc de performance d’une entreprise.

Alain Herbinet (H.74) : J’ai beaucoup apprécié l’aspect « bouquet », composé de témoignages extrêmement variés montrant que les questions de gouvernance se posent partout, sous des formes diverses, mais que la question des rapports humains à l’intérieur du conseil et entre le conseil et les exécutifs, est le dénominateur commun. Pour qu’un administrateur puisse s’exprimer avec indépendance aux moments clés et être entendu, il faut que le terrain soit préparé auparavant par l’apprentissage du travail en commun et l’échange régulier des points de vue. De ce point de vue, j’ai particulièrement apprécié le témoignage de Michel de Rosen qui décrit avec humour le rôle de l’administrateur qui doit « en même temps » faire et ne pas faire ! et celui d’Olivier Bazil : être un activiste bienveillant.

« Une bonne gouvernance est nécessaire à la survie d’une entreprise en période de crise »

Sylvie Decante (HJF.73)

Théotime Lecorbeiller (H.22) : J’ai été particulièrement intéressé par la diversité des retours d’expérience. Sous la même appellation « administrateur », les réalités semblent très hétérogènes. Cela nous pousse à réfléchir au rôle que nous souhaitons jouer dans un conseil d’administration et donc à choisir en conséquence des entreprises à privilégier. Les exemples les plus concrets sont à mon sens les plus instructifs. La théorie sur la fonction d’administrateur et les pratiques de bonne gouvernance sont déjà largement détaillées sur un grand nombre de sites (IFA, boardroom, etc). C’est pourquoi j’ai tout particulièrement apprécié les récits d’histoires réellement vécues desquelles un enseignement est à tirer.

Jean-François Palus (H.84) : La diversité des situations en termes d’entreprises, de problématiques et de compétences, expériences et personnalités.

Nathalie Romang (H.96) : J’ai été très marquée par la diversité des témoignages et des expériences vécues, à la fois en termes de type de sociétés (cotées, familiales, start-up, cadre associatif ) et en termes de géographie. J’ai retrouvé des situations très similaires à celles dont j’ai pu faire l’expérience, dans des contextes très différents. Ce livre met réellement en valeur le côté vécu de ce qu’est la gouvernance d’entreprise, ce qui ne s’apprend pas dans les livres ou les cours de formation, mais ce qui s’apprend véritablement sur le terrain.

Jean Sanchez (E.21) : L’ouvrage est particulièrement riche et complet. Il vient utilement compléter d’autres ouvrages plus techniques ou réglementaires. Au delà du volet stratégique, j’ai particulièrement apprécié le volet humain, abordé dans toute sa richesse, sa finesse, sa diversité mais aussi l’humilité, l’intelligence collective et l’ouverture d’esprit que la fonction d’administrateur exige. J’ai notamment été intéressé par le témoignage de Marie-Ange Debon : un conseil d’administration, c’est la symbiose entre un dirigeant et des administrateurs, piliers de la gouvernance de l’entreprise. Chacun a un rôle fondamental mais aussi profondément exigeant à tenir pour le bien de l’entreprise et de l’ensemble des parties prenantes. Le savoir être compte tout autant que le savoir-faire.

« J’ai particulièrement apprécié le volet humain, abordé dans toute sa richesse, sa finesse, sa diversité mais aussi l’humilité, l’intelligence collective et l’ouverture d’esprit »

Jean Sanchez (E.21)

Avez-vous appris quelque chose de nouveau ? Si oui, quoi et dans quel témoignage ?

Catherine Bradley (H.81) : le témoignage de Pascal Viénot : je n’avais jamais envisagé que la sagesse du conseil d’Administration ne soit pas respectée.

Sylvie Decante (HJF.73) : de réellement nouveau, peut-être pas, mais une conviction renforcée qu’une bonne gouvernance est nécessaire à la survie d’une entreprise en période de crise (Daniel Bernard et Hélène Bourbouloux).

Alain Herbinet (H.74) : J’ai trouvé très intéressant le témoignage d’Éric Pichet sur la gouvernance des hedge funds, qui, à rebours des idées reçues, est sans doute beaucoup plus stricte et organisée que celle de beaucoup de sociétés. J’ai aussi apprécié celui d’Éric Bourdais de Charbonnière sur les executive sessions, que j’aimerais bien voir mettre en œuvre dans mes conseils, mais qui se heurtent à une forte résistance culturelle du management.

Théotime Lecorbeiller (H.22) : Je suis étudiant et ne connais personnellement pas d’administrateur de sociétés, j’ai donc appris quelque chose de nouveau pratiquement à chaque témoignage. Toutefois, comme expliqué ci-dessus, j’ai trouvé les témoignages d’histoires concrètes bien plus édifiants que les « simples » apports théoriques sur la bonne gouvernance. Mon témoignage préféré est sans doute celui de Michel de Fabiani « Le vrai test de la gouvernance : le red face test ! » qui insiste fortement sur le caractère primordial de la droiture morale dans la fonction d’administrateur. Je me suis aussi senti inspiré par celui de Richard Zisswiller « Un président exceptionnel » sur l’influence de la personnalité du président sur le fonctionnement de l’entreprise. J’ai bien apprécié l’ensemble des témoignages qui traitent de l’importance du courage et de la rigueur intellectuelle chez l’administrateur, ainsi que des exemples de situations de crise (celui de JF Phan Van Phi entre autres). Enfin, tous les témoignages sur les différences culturelles (Philippe Oddo, Louis Boisgibault, Alexis Grabar…) selon les pays.Je trouve en revanche que l’ouvrage n’insiste pas suffisamment sur le rôle de l’administrateur à l’aune de la crise écologique. A partir d’une certaine taille d’organisation, je pense que tout conseil d’administration doit absolument accueillir des profils rompus aux problématiques environnementales (biodiversité et gaz à effet de serre en premier lieu) au même titre qu’il accueille des experts en technologie, expansion internationale, image de marque, etc. Ce choix en plus d’être simplement éthique devient strictement rationnel dans la mesure où la pression en provenance de la société et des pouvoirs publics oblige de manière croissante à intégrer des variables écologiques à l’équation de la prospérité à moyen-long terme.

Jean-François Palus (H.84) : Je ne dirai pas que j’ai véritablement appris quelque chose de nouveau, mais j’ai réalisé des choses, mis des mots sur certains ressentis, découvert des éclairages incidents sur des réalités que j’ai moi-même connues et j’ai trouvé certaines formalisations que j’avais eu du mal à formuler.

Nathalie Romang (H.96) : Au delà des informations techniques glanées au fil des témoignages dans des secteurs qui ne me sont pas familiers, ce que je retiens vraiment de cet ouvrage, c’est l’importance du facteur humain dans la prise de décision collective. Les témoignages d’Yves Dumont et de Jean Coroller y font particulièrement allusion, quant à l’art de faire prendre une décision collective qui fasse du sens et qui ajoute de la valeur à un groupe d’individus qui apportent chacun leur savoir, mais aussi leur personnalité. Pour avoir présidé pendant deux ans un « board » de 15 personnes au profil très différent, je suis particulièrement sensible à ce sujet !

Jean Sanchez (E.21) : L’article de Pierre Clamens sur le rôle de l’Advisory Board au sein des start-up a été pour moi riche d’enseignements. J’en recommande la lecture aux entrepreneurs mais également aux personnes qui viendraient à intégrer un advisory board.

JF Phan Van Phi (H.84)

 

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