« Guerre à son âme » – Un processus d’écriture

Responsable du contrôle financier de Vivendi, j’ai eu le plaisir d’avoir un deuxième roman, « Guerre à son âme », récemment publié aux Editions Complicités. Je suis un financier d’entreprise et non un romancier professionnel mais j’aimerais évoquer ce processus d’écriture dont j’ai pu voir l’évolution d’un livre à l’autre.
Comme sans doute plusieurs d’entre nous, j’avais depuis longtemps dans un coin de ma tête cette idée d’écrire un roman. Mais il a fallu un élément déclencheur pour que je me mette sérieusement à l’écriture de mon premier roman « La mémoire en héritage » publié en 2020 : une rencontre avec un ancien résistant breton dont le témoignage m’a servi de point de départ pour développer une fiction à la fois historique et contemporaine. J’ai sans doute eu besoin de m’appuyer sur ces faits réels pour me donner de l’assurance et libérer ma plume.
Pour « Guerre à son âme », le processus d’écriture a été réellement différent. Il s’agit d’une pure fiction dont le récit, qu’il soit historique ou contemporain, est né de ma seule imagination. Mais cette dernière s’est développée en même temps que l’écriture elle-même. Quand j’ai commencé à écrire ce livre, je n’avais aucune idée de l’histoire, ni son début ni sa fin, n’avait aucun plan de l’intrigue et seulement une vague idée de ses protagonistes.
J’ai commencé le processus d’écriture en ne m’appuyant que sur deux éléments. D’abord, le thème que je souhaitais aborder : l’impact conscient ou inconscient que peut avoir sur une personne un passé familial marqué par l’abandon, le déracinement ou le secret. Ensuite, une scène que je visualisais : un jeune délinquant dérobant une serviette dans le métro à un inconnu et dont le contenu se révélait être une unique lettre manuscrite.
A partir de là, l’intrigue s’est créée de questions : Qui est ce jeune homme, quel est son passé, pourquoi est-il devenu délinquant ? Qui est l’inconnu du métro et quelle est la teneur de cette lettre volée ?…
Les jeux étaient ouverts, le récit pouvait partir dans un nombre infini de directions. Petit à petit, par une sorte de tâtonnement, l’intrigue s’est mise en place et les personnages se sont dévoilés. Les veines du roman ont commencé à s’enlacer : une amitié salvatrice dont je souhaitais décrire la naissance, un danger qui prenait racine dans un passé révolu, sombre et inconnu, la découverte d’un texte inédit qui bousculait les certitudes… Les thèmes de la propriété intellectuelle, de ce fameux droit moral de divulgation, et de la séparation entre l’œuvre et l’auteur sont également devenus des éléments centraux du livre.
Le roman a ainsi pris forme, trouvant son espace et son temps, s’étoffant ou s’allégeant au gré des pérégrinations des différents personnages.
La quatrième de couverture en est le résumé :
Jules souffre de l’absence de sa mère, du désintérêt de son père, mais il doit à l’amitié d’Aziz, rencontré dans la cour du collège, de trouver un goût à la vie.
Devenus adultes, les deux amis découvrent par hasard qu’une jeune femme, dont ils ignorent tout, est en danger de mort. Ils se lancent dans une recherche désespérée pour la retrouver, qui les mènera jusqu’au Maroc.
De manière inattendue, c’est par la littérature, par ce lien équivoque qui unit un auteur et son œuvre, que le passé menaçant de la jeune femme, Laure, se dévoilera.
Les vies de Jules, Aziz et Laure vont inexorablement se lier, où chacun devra faire face à son histoire familiale, parfois lointaine, parfois méconnue, marquée par l’abandon, le déracinement ou le secret.
Ils réaliseront à quel point certains errements d’aïeux peuvent parfois nous hanter, même de façon inconsciente. Il devient alors nécessaire de s’en affranchir pour suivre sa propre route.
Je terminerai en soulignant que toute écriture d’un roman exige un lourd travail personnel, parfois ingrat, souvent exaltant, mais qui a sans doute besoin parfois d’être désacralisé. Il n’est selon moi pas nécessaire d’avoir une structure fictionnelle aboutie avant de se lancer ; celle-ci se nourrira de l’écriture elle-même, se mettra à l’écoute de personnages qui prendront corps et épaisseur à travers les mots, se heurtera au réalisme et à la cohérence des situations. Ainsi, l’écriture et l’intrigue se répondront dans un dialogue permanent.
Florent de Cournuaud (M.91).
« Guerre à son âme »
Editions Complicités, Paris, 2025.
« La mémoire en héritage »
Prix de Littérature 2022 du Lions Club d’Île-de-France Ouest
Editions Complicités, Paris, 2020.

Published by La rédaction