Peter Starr (MSc X Entrepreneurs 23) : bâtir un monde sans erreurs avec Freeda

Américain passé par Londres et diplômé d’HEC, Peter Starr a troqué l’urbanisme pour l’entrepreneuriat tech. Avec Freeda, la start-up qu’il a cofondée en 2024, il veut révolutionner la construction en détectant automatiquement les erreurs dans les plans. Un parcours singulier, porté par une obsession : bâtir mieux, plus vite, partout dans le monde.
« Je me suis dit qu’un jour, je trouverais une technologie pour améliorer ça », confie-t-il, installé dans les bureaux parisiens de Freeda. Ses débuts dans l’urbanisme restent marqués par des centaines d’heures passées à comparer des plans aux cahiers des charges des géants du pétrole. « C’était le travail le plus abrutissant du monde. Une porte devait mesurer exactement telle taille, une fenêtre telle autre… Et malgré tout, il y avait toujours des erreurs. » De cette frustration est née, quelques années plus tard, l’idée de Freeda.
De New York à Jouy-en-Josas
Élevé entre New York et Londres dans le système scolaire français, Peter rejoint HEC en 2020, « en plein post-Covid, quand on passait d’un cours en présentiel masqué à un Zoom le lendemain. C’était assez chaotique ». Son parcours est déjà atypique : une licence en urbanisme à UCL, puis deux ans d’ingénierie civile chez AECOM. « J’ai eu la chance de vivre et travailler à Hong Kong, aux Émirats, au Portugal… Cette adaptation constante aux cultures m’a beaucoup aidé pour l’entrepreneuriat. »
À HEC, il découvre rapidement l’univers startup. « Je venais du design, je ne connaissais rien au monde des boîtes tech, cependant pendant ma césure à Lisbonne, en bossant pour un alumni, Victorien Tixier (M.20), qui montait ScorePlay, j’ai découvert cet écosystème. C’est le déclic. Voir de près le passage de zéro à un, c’est une expérience unique. Tu apprends les galères, le stress, mais aussi l’excitation. »
La naissance de Freeda
Avec trois associés – Augustin Perraud, Charles Albert Desbaux et Mariano Rodriguez, Peter fonde Freeda via l’incubateur HEC. Leur promesse : fluidifier la phase de pré-construction. « On aide les enseignes physiques, les supermarchés, les hôtels, à gagner du temps et de l’argent sur leurs ouvertures en détectant automatiquement les erreurs dans les plans. »
Leur technologie repose sur la vision par ordinateur et l’IA. « La machine doit d’abord voir qu’il y a une prise dans une chambre, puis raisonner : selon les normes, il en faut trois. S’il n’y en a qu’une, ce n’est pas conforme. » Sourire en coin, Peter ajoute : « Les erreurs les plus fréquentes, c’est les toilettes. Leur dimension, selon les normes d’accessibilité. C’est notre running joke. »
L’empreinte HEC à chaque étape
De Lisbonne à l’incubateur, des fonds d’investissement aux premiers clients, HEC a toujours été présente. « À toutes les étapes, il y a eu un alumni. C’est presque comique. Même notre premier client est passé par là. »
Aujourd’hui, Freeda compte neuf personnes « on sera douze d’ici la fin de l’année » et réunit une équipe internationale : américain, français, italien, cubain. « Rien que parmi les fondateurs, on a déjà quatre nationalités, et c’est une richesse énorme. »
Des ambitions mondiales
Installé dans le 11e arrondissement de Paris, Peter navigue aussi entre New York et le Moyen-Orient. « L’objectif, c’est de devenir la référence mondiale dans notre domaine. Je veux que Freeda soit utilisée partout : pour construire un 7-Eleven à Tokyo, un Burger King en Argentine, ou une station de recharge électrique en France. »
À court terme, l’équipe prépare une annonce majeure. « On a embauché une responsable RP pour orchestrer la communication. On commence maintenant, on a voulu attendre la rentrée pour créer un vrai buzz. »
En parallèle, Freeda mise sur le contenu avec une série de vidéos, Expansion Masters, qui raconte la croissance des marques comme Big Mamma ou PNY. « On veut raconter ces histoires d’expansion phénoménales. »
D’architecte à entrepreneur tech À HEC, Peter avait parfois l’impression d’être un peu à part. « Personne n’avait mon parcours. Entre les ingénieurs, les financiers, les prépas… Avec mon diplôme d’urbanisme, je sortais du lot. Finalement, ça m’a servi. Ça m’a permis d’évoluer d’architecte à fondateur d’une société tech. »

Quand on lui demande s’il referait le même chemin, il rit : « Mon histoire est déjà écrite, il n’y a rien à changer. »
Published by Loane Gilbert