À seulement 40 ans, Pauline Laigneau est la co-fondatrice de Gemmyo, première marque de joaillerie personnalisée, 100% made in France, qui a déjà gagné le cœur de plus de 300 000 clients. Ses podcasts sont également en tête d’écoute en France dans la catégorie business et Demian, ses formations de développement personnel font carton plein depuis leur création. Plongée dans la vie de cette entrepreneure hors norme. 

 

Après la France, la Suisse et la Belgique, Pauline Laigneau s’élance pour conquérir Tokyo. Un pop-up store a ouvert ses portes en décembre dernier dans un prestigieux hôtel et sera remplacé à l’aube de l’été 2024 par une boutique au cœur de la capitale du pays du Soleil Levant. Entre ses allers-retours entre Paris et Genève où elle vit désormais, ses podcasts, ses heures de jeux sur console et sa passion pour l’ornithologie, Pauline est inclassable.  

 

Les piliers de la réussite 

« Nous sommes tous conditionnés, volontairement ou non, par nos parents et par l’éducation que nous avons reçu lors de notre enfance. Le contexte familial est générateur de personnalité, de caractère, de grandes décisions », indique Pauline, cette fille d’entrepreneurs, au micro de la soirée de la soirée HEC Life Project, en avril dernier. Sa mère architecte-paysagiste, a cultivé son goût de l’art et du beau tout au long de sa jeunesse. Son père, rêvait d’une vie plus sécurisée pour ses enfants, qu’ils aient la chance d’intégrer un système qui allait les protéger. C’est grâce à cette enfance spéciale et à ses parents un peu fous qu’elle a pu laisser libre cours à sa liberté et son originalité tout en conservant un grand sens du travail et de l’effort.  

Jeune, même si Pauline enviait l’autonomie qu’offrait le travail de ses parents, elle s’est toujours contrainte, par injonction familiale, à s’imposer un cadre à respecter. Cette dichotomie entre liberté et conformité l’a amenée à suivre de grandes études et c’est pour conserver cette image d’Épinal et de bonne élève qu’elle s’est d’abord plongée dans une vie de bête à concours. 

Après des années de résultats moyens au collège et au lycée, l’entrepreneure en devenir décide de reprendre sa vie en main et mets les bouchées doubles pour intégrer l’École Normale Supérieure en 2004, un concours extrêmement élitiste et sélectif : « Ma réussite, je l’estime au mérite et à la chance, mais avant tout, à mon travail. J’ai eu le plaisir de réviser avec de très bonnes amies de prépa et c’est cet esprit d’équipe qui nous a permis, en dépit de la compétition, de tirer le meilleur de chacune pour compléter les lacunes des autres. », sourit-elle, nostalgique.  

Trois ans plus tard, elle est reçue à l’Agrégation d’Anglais où elle ne parvient pas à trouver sa place. C’est ailleurs qu’elle y parviendra. 

 

Un OVNI à HEC 

En 2009, après avoir « lamentablement échoué » le concours d’entrée à l’ENA, elle intègre la Grande École pour développer son goût de l’entrepreneuriat. Lorsqu’elle passe les portes de Jouy-en-Josas, elle se décrit comme un OVNI parmi le reste des étudiants. « J’avais 26 ans, j’étais fonctionnaire, je savais parfaitement que je voulais devenir entrepreneure. L’inverse de la majorité des autres élèves d’HEC. Généralement, ce sont des jeunes qui sortent de prépa et font ces études pour faire plaisir à leurs parents. Ils savent qu’ils auront un bon job à la sortie, mais ils n’ont pas la moindre idée de comment trouver leur voie », s’amuse-t-elle.  

Ses meilleurs souvenirs de vie étudiante sont ceux de l’époque d’HEC. Elle découvre le monde de l’entreprise, se souvient d’un stage en Inde, chez Pernod en viticulture et l’aventure à bord de son camion de commande pour la maison de pâtisserie Hugo & Victor 

Là-bas, Pauline a également construit des amitiés fortes. Idriss Hassim, Claire Canot-Houiller, Jonathan Tuchelon, Elodie Geoffroy ou encore Estelle Abbou, fille de Jacob Abbou, son ancien professeur et mentor à HEC-Entrepreneurs, décédé il y a peu. « Tout le monde peut être entrepreneur et seulement grâce aux bonnes études. Ça sera plus dur et plus long, mais si tu te mets réellement au travail, tu y arriveras ! ». Ses paroles résonnent encore à l’esprit de l’entrepreneure accomplie d’aujourd’hui. Des mots déclencheurs, qui lui ont permis de se libérer du poids de son syndrome de l’imposteur. 

 

Gemmyo, né d’une idylle 

2012. Duo d’évènements heureux. Pauline a 27 ans, elle est diplômée HEC et fiancée à Charif Debs. Lorsque son compagnon libanais la demande en mariage, ils ne parviennent pas à trouver une bague de fiançailles originale à leur goût ni à leur budget. Très vite, l’idée de créer une marque de joaillerie personnalisée, exigeante et made in France qui serait à l’écoute de sa génération et des enjeux environnementaux était née.

L’entièreté de la fabrication est assurée dans cinq ateliers répartis sur le territoire français. La maison fait travailler plus de 150 artisans, et leurs montres sont fabriquées au cœur du Jura Suisse, berceau de l’horlogerie. Pour honorer leurs engagements RSE forts, la marque utilise 75% d’or recyclé et propose la majorité de ses bijoux à la commande pour éviter les stocks et limiter encore davantage leur empreinte écologique. 

D’abord exclusivement disponible sur Internet, Gemmyo compte désormais neuf boutiques : en France, en Belgique, en Suisse et au Japon.  

 

Crise et réinvention 

L’aventure Gemmyo a bien manqué de s’arrêter en 2018 pour Pauline Laigneau. Il y a six ans, l’inventive entrepreneure et son époux ne sont plus les actionnaires majoritaires de leur boîte et des questionnements tourbillonnent dans son esprit. « Je suis associée avec mon mari, si je quitte l’entreprise, il va le vivre comme une trahison, rumine-t-elle. On n’était plus vraiment chez nous, je vivais une crise existentielle, comme je sais maintenant que cela m’arrive tous les quatre ou cinq ans », explique Pauline qui a une vision de l’échec, formateur. Pour cette workaholic qui ne supporte pas de ne rien faire, la plus grande des souffrances sont les moments d’inaction et de doutes.  

« Designing Your Life » est le livre qui lui servira de salutIl m’a beaucoup aidé à prendre conscience que j’avais fait des choix à certains moments de ma vie pas forcément définitifs, que je pouvais changer de voie, me réinventer ! ». Déterminée et persévérante, un an et demi plus tard, Pauline et Charif redeviennent actionnaires majoritaires de Gemmyo. Cette longue remise en question lui ouvre les yeux : priorité à sa vie de couple, ils partent s’installer en Suisse, paysages montagneux et bastion de la joaillerie comme de l’horlogerie et décident de ne pas avoir d’enfants.  

 

Une entrepreneure hors norme  

En sortant de sa zone de turbulence, Pauline commence à écouter des podcasts de self développement américain. « J’étais devenue assez fermée sur moi-même, ça m’a donné beaucoup de recul », se souvient-elle. Progressivement, elle entreprend de se lancer sur un tout autre terrain et « Le Podcast de Pauline Laigneau » voit le jour en mars 2018.  “Côtoyer le succès pour inventer le sien, c’est l’ambition que je me suis fixée avec ce podcast”, dit-elle. À son micro, la parole est libre et sans artifice, les grandes figures du business s’y raconte sans restriction. Avec plus de 500 000 écoutes par mois, 257 invités, presque 500 épisodes et une chaîne Youtube qui comptabilise près de 41,8k abonnés et de deux millions de vues, « Le Podcast de Pauline Laigneau » est numéro un dans sa catégorie en France.  

La femme d’affaires a su créer une communauté avide de questions. En 2020, en pleine période de crise sanitaire, il lui vient un nouveau projet :  proposer des formations de développement personnel. Seulement quatre ans plus tard, Demian compte déjà 15 000 clients.   

Passionnée de marketing, de management et d’entrepreneuriat, cette business woman accomplie manque de temps, mais pas d’intérêt pour de tout autres sujets. Derrière une élégance à la parisienne, se trouve une gameuse invétérée qui cumule 700 heures de jeux. « J’ai réussi à faire exploser la carte mère de mon tout nouvel ordinateur parce qu’il était en surchauffe à la suite d’un week-end sur Heroes of Might and Magic », plaisante-t-elle. Lorsqu’elle lève les yeux de son écran, c’est souvent pour les poser vers le ciel à la recherche des oiseaux. Ornithologue aguerrie, son affection pour ces créatures à plumes résulte en majeure partie de leur incarnation de la liberté à travers leur pouvoir de voler.  

 

Le saviez-vous ?

L’un des volatiles préférés de Pauline Laigneau est le grand cormoran. Cette espèce menacée d’extincton est l’une des rares dont les ailes ne sont pas déperlantes. Ils doivent donc déployer leurs ailes pour les faire sécher au soleil. Malgré toutes ses passions, Pauline parvient à conjuguer son amour des jeux vidéo, des oiseaux, son mariage et sa carrière. Aujourd’hui, elle est une femme sereine qui suit humblement le dogme de Saint-Augustin : “Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède”. Son mari est la personne la plus importante à ses yeux, l’avoir choisi comme partenaire il y a 18 ans l’a mise sur un chemin dont rien ne saurait la détourner. 

Avec sa multipotentialité et son aptitude à se diversifier, il nous tarde de voir ce que l’avenir réserve à cette alumni.  

BIO :

2004 : Intègre l’Ecole Normale Sup

2007 : Elle est reçue à l’Agrégation d’Anglais

2009 : Elle intègre HEC

2011 : Le couple fondateur se fiancent et crée Gemmyo

2018 : Lancement du podcast de Pauline Laigneau

2020 : Lancement de Demian

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