L’entrepreneuriat, avec Flore des Robert (H.04)
De l’idée jusqu’à la réussite en passant par le business modèle, le chemin de l’entrepreneuriat est semé d’embuches. Pour comprendre et s’inspirer de ce qu’ont vécu les autres, HEC Stories a choisi d’échanger avec des acteurs du monde agité de la beauté où nos alumni ont fait florès. Cette série DOs & DON’Ts débute avec Flore des Robert la co-fondatrice de La Bonne Brosse. Pour plus de proximité dans les échanges entre entrepreneurs, elle sera par la suite l’intervieweuse.
1. Construire son idée
De mon expérience de newbie dans le monde de l’entrepreneuriat, je garde qu’il faut idéalement être au confluent de deux choses : sentir qu’il y a un besoin sur le marché avec, si possible, pas trop de concurrence sur le même segment. Si le marché est saturé, on laisse tomber, à moins d’avoir une innovation en béton armé. Puis, il me semble qu’un entrepreneur doit venir résoudre un problème rencontré personnellement ou constaté dans son entourage, quelque chose de très tangible. L’une des raisons du succès de la Bonne Brosse est que nous répondons à un vrai besoin – avoir un bon outil pour de beaux cheveux – sur un segment relativement désert.
2. Construire son business model
Il faut mettre son énergie à le tester plutôt qu’à l’écrire ! Le temps est vite venu de l’éprouver. Certaines personnes passent des semaines, voire des mois sur leur business plan. Le plus important est de mettre ton produit – quand bien même il n’est pas parfait ni complètement fini – en face de ton consommateur, de regarder ce qui marche, d’écouter les critiques, et de le faire évoluer en conséquence. La Bonne Brosse est vendue sur le digital et elle est présente dans le circuit de distribution classique – ce n’était pas forcément notre business model de départ. Il ne faut se faut pas se retrouver enfermé dans son business plan. Le nôtre est caduque toutes les trois semaines.
3. Se servir des années campus
J’ai fait la majeure marketing à HEC, les bases n’ont pas bougé d’un iota ! Comment construire une marque, définir un prix, appréhender la concurrence sur un marché ; tout ça, on sait faire, alors faut y aller ! HEC nous a aussi appris à vivre en communauté, travailler en équipe, et surtout résoudre des problèmes, le quotidien de la vie d’entrepreneur.
4. Bien s’associer
Pauline Laurent, la co-fondatrice de La Bonne Brosse, est une de mes supers copines de promo et elle travaillait comme moi dans l’univers de la beauté. On se retrouvait souvent pour échanger lorsque l’on changeait de job. On se disait qu’il fallait qu’on monte quelque chose ensemble un jour. Avec le COVID, nos 40 ans et une envie de changement, on s’est dit que c’était le moment de prendre notre destin en main. On bossait toutes les deux dans grandes structures. On avait de la pression, on bossait beaucoup, mais ça marchait très bien. On ne voulait pas, l’une comme l’autre, se laisser enfermer dans un modèle qui nous correspondait de moins en moins, et ça nous a été salutaire.
5. Surmonter les échecs
Avec l’entrepreneuriat, j’ai découvert un exercice d’humilité. Tu penses que tu sais faire, mais faire pour une multinationale et faire pour soi-même, c’est très différent. Notre chance, c’est que l’on est deux. Des échecs et des galères, on en rencontre mais il y en a toujours une des deux pour remonter le moral de l’autre. Du coup, on ne plonge pas trop bas. Notre devise sur les erreurs c’est : “fail fast, fail cheap”. Si un projet ne marche pas, on arrête, et on arrête vite. Ça ne sert à rien de s’arc-bouter sur une idée. On ouvre des marchés à l’international, si ça ne marche pas on se dit qu’on réessaiera dans un an par exemple.
6. Appréhender la phase d’accélération
Il faut être ambitieux, et les femmes ont parfois du mal à l’être pour leurs propres projets. Quand tu présentes ton business à des investisseurs ou quand tu fais ton forecast de vente, si tu sens qu’il y a une traction, il faut voir grand … Tout en y allant pas à pas ! Chez nous, on essaie par exemple de corréler le recrutement aux chiffres. C’est bien de créer les conditions de la croissance mais il ne faut pas non plus se cramer. Nous sommes restées à deux pendant un an et demi. Puis nous avons fait rentrer une alternante et une cheffe de projet. Un profil plus senior vient de nous rejoindre.
7. Lancer des collaborations
On a adoré travailler avec Aime Skincare, fondée par Mathilde Lacombe et François Morrier, pour deux raisons. La marque correspond aux valeurs que l’on essaie de prôner : made in France, prendre soin de soi avec douceur… Et cette marque – ayant quelques années d’avance sur nous – nous apporte un peu de leur notoriété. Cette année, nous travaillons sur des collabs plus artistiques, pour positionner le produit comme un objet désirable, collector, presque totémique.
8. Gérer les réseaux sociaux
Aujourd’hui, on ne peut bien évidemment pas faire sans. Nous utilisons les réseaux comme un moyen puissant de conversation avec notre communauté. Ils génèrent de l’engagement et instaurent une certaine notoriété, mais tout ne doit pas passer seulement par là. Le succès de la Bonne Brosse vient du fait que nous sommes très présentes dans la presse traditionnelle et auprès des coiffeurs professionnels. J’ai entendu quelqu’un dire qu’avant d’acheter un produit, il faut l’avoir vu huit fois. Ça peut être sur Instagram, sur quelqu’un ou dans un magazine. Il faut être multi-canal. Cela dit, une personne dans notre équipe fait ça toute la journée : poster, répondre. On appelle ça le always on.
Bonus : Conseil aux jeunes diplômés
On adore le mantra: « done is better than perfect ». L’entrepreneuriat, c’est comme le vélo. Le plus dur c’est le premier coup de pédale. Je remercie le ciel tous les jours de m’être associée avec Pauline. Seule, je n’aurais pas été capable de le faire. Au démarrage, elle était bien plus partante pour l’aventure que moi qui suis plutôt assez averse au risque. J’avais choisi un congé sabbatique pour pouvoir me retourner si ça ne marchait pas. Ça m’a aidé à me jeter dans le vide car j’avais un filet de sécurité au cas où.
Published by Daphné Segretain