Dans une industrie du luxe axée sur la créativité et le sur-mesure, l’intelligence artificielle peut transformer les métiers et préserver les valeurs. Entretien avec Édouard de Mézerac, CEO d’Artefact

 

Qu’est-ce que les marques de luxe attendent de l’IA ? 

Édouard de Mézerac : En recourant à l’IA, les marques entendent augmenter les promesses en matière d’excellence des produits, mais aussi d’expérience et de service aux clients.

Quelles sont les applications qui permettent de répondre à cet objectif d’excellence ?

ÉM : Il y a trois grands domaines d’application. Premièrement, l’IA permet d’offrir une expérience client ultra-personnalisée. En boutique comme en ligne, elle aide à déterminer les produits et services qui intéressent pour chaque client et le meilleur canal pour s’adresser à lui. La deuxième application est industrielle. Grâce aux technologies de computer vision, l’IA détecte des défauts invisibles à l’œil humain. Elle peut vérifier l’uniformité d’un tissu ou déceler une anomalie dans les mouvements d’horlogerie. Elle permet aussi de distinguer un produit original d’une contrefaçon. Enfin, l’IA peut optimiser les flux logistiques et donc réduire l’impact carbone. La troisième application, c’est l’automatisation des tâches manuelles et administratives, qui améliore la fiabilité et libère du temps. Et renforce l’efficacité des équipes commerciales. C’est tout le sens de la solution SAIA (SA Intelligence Assistant) d’Artefact, qui a été nominé lors d’un concours organisé par LVMH et Alibaba Cloud en Chine. Il s’agit d’un agent IA destiné à améliorer le discours et la précision des recommandations des vendeurs. Enfin, l’IA aide aussi à constituer des cahiers de tendance et à alimenter la réflexion créative des designers comme des ateliers de création.

Les marques de luxe ne risquent-elles pas de perdre la singularité de leur savoir-faire ? 

ÉM : Il convient en effet de protéger les données ainsi que le cœur de métier de chaque marque. Si une marque utilise des modèles d’IA grand public, elle aidera indirectement à améliorer ces modèles dont bénéficieront ses concurrents. Notre objectif est donc de déployer un écosystème de technologies IA sécurisé, customisé et amélioré sur la base de ses propres données. Les modèles d’IA, entraînés et connectés aux données de la marque, deviennent ainsi des actifs qui doivent être protégés.

À quels défis les marques de luxe sont-elles confrontées en matière d’intégration de l’IA dans leurs process ? 

ÉM : Les marques de luxe sont globalisées alors que l’IA se régionalise : aujourd’hui, par exemple, il est compliqué d’utiliser ChatGPT en Chine ou DeepSeek aux États-Unis. Les marques de luxe doivent donc adapter leur usage de l’IA en fonction de l’environnement technologique régional pour rester performantes sur chaque continent.

Édouard de Mézerac (H.06) : Nommé CEO d’Artefact en mars 2025, il a passé une grande partie de sa carrière à l’international, aux États-Unis et en Asie, où il a développé une expertise approfondie des écosystèmes du luxe et du retail.

Artefact 
Acteur du conseil en transformation data et IA, dont le siège est à Paris, Artefact est devenu en dix ans l’un des leaders mondiaux du secteur. Son offre se compose d’une large gamme de services, de la stratégie aux opérations, en passant par le développement de solutions data & IA.  Artefact compte 1700 employés dans 23 pays et a enregistré en 2024 une forte croissance de son chiffre d’affaires (+26%)

Article réalisé en collaboration avec Artefact 

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