Transports, équipements sportifs, emplois, logements… Depuis que Paris a été désignée ville hôte des Jeux olympiques 2024, la Région Île-de-France met les bouchées doubles pour faire de cet événement hors norme une réussite pour les athlètes, les visiteurs et les Franciliens. Valérie Pécresse (H.88) fait le point sur les investissements engagés et les retombées attendues.

 

Quel est le montant des subventions accordées par la Région en faveur du sport ? Ces subventions ont-elles augmenté en prévision des Jeux ?

Valérie Pécresse : Depuis mon élection à la tête de la Région Île-de-France en 2016, le budget sport a été en constante augmentation, il a même plus que doublé (+150 %). Avec un budget annuel de 100 millions 
d’euros, nous mettons l’accès au sport au cœur de nos investissements. À l’issue des Jeux, nous aurons construit ou rénové 2 600 équipements sportifs partout sur le territoire afin de favoriser la pratique sportive de proximité. Des Jeux réussis seront des Jeux
où les athlètes français et notamment franciliens seront sur le haut du podium. C’est pourquoi nous avons aussi mis en place une politique d’excellence sportive, qui permet de doter des sportifs de compétition d’un budget de 10 000 à 15 000 euros afin de leur permettre de s’entraîner sans perte de revenus.

Combien la Région a-t-elle investi pour les Jeux 2024 ?

V.P. : Premier financeur public après l’État, la Région Île-de-France a investi près de 500 millions d’euros. D’abord en équipements sportifs, avec des piscines en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise, des stades d’athlétisme, des équipements équestres dans les Yvelines, ou encore un centre de formation totalement rénové pour des sportifs dans les Hauts-de-Seine. Ces investissements vont nous permettre d’opérer un rattrapage, car notre territoire était sous-équipé en installations sportives. S’y ajoutent les milliers de logements du village des athlètes, qui deviendront des résidences étudiantes, mais aussi des amé-nagements urbains et des espaces verts qui transformeront nos villes et les rendront plus durables. Ces infrastructures seront un héritage pour les Franciliens, car tous ses équipements auront une vie après les JO. De cette manière, nous plaçons les Jeux au service du territoire.

Quelles sont les retombées économiques attendues pour 
la Région ?

V.P. : Les jeux attireront 13,4 millions de visiteurs français – dont près de 50 % franciliens –, et 1,9 million de touristes étrangers. L’impact des Jeux en termes d’investissement se fait déjà sentir : depuis 2017, plus de 4 000 emplois ont été créés grâce aux projets d’investissement de 110 entreprises internationales, qui travaillent au service des Jeux. À l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, l’Île-de-France sera une vitrine en matière d’innovation technologique et industrielle, qui mettra en valeur le potentiel des entreprises locales. On estime que les Jeux devraient générer une plus-value de 6 à 9 milliards d’euros, soit 0,4 % du PIB français.

En outre les Jeux vont mobiliser 180 000 emplois, dont 150 000 en Île-de-France : 90 000 dans le secteur de l’organisation et de l’événementiel (communication, marketing, sécurité privée), 62 000 dans le tourisme (hospitalité, restauration, conduite de véhicules, etc.) et 30 000 dans la construction (ouvriers qualifiés, conducteurs de chantiers…). Il faut dès à présent anticiper la reconversion des salariés employés pour les Jeux. On estime qu’après les Jeux, environ 25 % des personnes formées et em-ployées pour cet événement, soit 35 000 Franciliens environ, risquent de se retrouver en recherche d’emploi ou face à la nécessité de mener une reconversion. C’est pourquoi nous lançons une plateforme dédiée, Emploi post JOP.

Le dossier de candidature de Paris prévoyait la gratuité des transports en commun. Vous avez finalement annoncé une hausse du prix des billets ? Comment l’expliquer ?

V.P. : En effet le Cojop avait promis des transports gratuits et, finalement, c’est à moi que revient la tâche ingrate de dire qu’ils n’ont pas l’argent et qu’il faut équilibrer les comptes. Sur la facture globale, nous sommes à 250 millions au lieu de 200 millions et je refuse que ces surcoûts soient payés par les Franciliens. Ni l’État ni le Cojop n’étant en mesure de couvrir ces surcoûts, nous avons pris la décision de le répercuter sur les spectateurs, en les incitant fortement à prendre le Pass Paris 2024 : il coûtera 16 euros par jour, avec un tarif dégressif en fonction du nombre de journées, et 70 euros pour une semaine. Je me suis engagée à ce que les Franciliens ne paient pas le prix du renforcement des transports. J’assume de tenir un discours de vérité sur les Jeux, en reconnaissant ses bénéfices mais aussi les désa-gréments. Ces Jeux seront les premiers de l’histoire à être 100 % accessibles en transport en commun ! La gratuité n’aurait pas permis un tel engagement.

 

Propos recueillis par Marie Tourres

Published by